Drummondville : une histoire de réussite

Drummondville : une histoire de réussite

Mario Polèse

DRUMMONDVILLE. Professeur et chercheur auprès de nombreuses entités de recherche au Québec, notamment à l’INRS (Institut national de la recherche scientifique), Mario Polèse, qualifie Drummondville d’un véritable «success story».

Celui qui a présenté les résultats de sa recherche dans le cadre du Colloque du bicentenaire a confirmé ce que de nombreux représentants du milieu répètent haut et fort depuis quelques années : Drummondville est en excellente santé et se démarque grandement.

«Drummondville a un avantage au plan manufacturier. Comment expliquer cet avantage? Sans parler d’un miracle, on peut parler d’une transformation étonnante», a dit M. Polèse. En 20 ans, Drummondville a réussi à complètement transformer sa base économique.»

Les graphiques de 1991 et de 2011 illustrant les emplois liés aux industries manufacturières parlent d’eux-mêmes. Alors que près des trois quarts du premier diagramme sont occupés par les emplois liés au textile et que le reste est divisé en quatre autres industries, la seconde «tarte» est beaucoup plus colorée, donc diversifiée.

Le chercheur a entre autres mentionné que la croissance des emplois entre 1990 et 2015 était nettement supérieure à celle des villes de Trois-Rivières, Sorel, Shawinigan, Victoriaville, Saint-Hyacinthe, Joliette et Granby. En ce qui a trait aux emplois manufacturiers, Drummondville est au-dessus de la moyenne de façon encore plus marquée.

La localisation de Drummondville est loin d’être son seul avantage, selon le professeur. L’équilibre entre la scolarisation de la main-d’œuvre et les salaires, ainsi que le coût des terrains sont parmi les facteurs d’attraction pour les entreprises. «D’autres villes de tailles semblables «présentent un bon équilibre et performent bien, mais Drummondville a l’air d’avoir le meilleur équilibre.»

Si la faible rémunération moyenne des travailleurs est souvent critiquée au sein de la collectivité, elle représente un atout pour les entreprises qui s’installent ici. À titre d’exemple, il a indiqué qu’à Shawinigan et Sorel, de nombreux emplois demandent peu de scolarisation alors que les salaires sont importants. Cela est donc moins attrayant pour les entreprises à la recherche d’une terre d’accueil.

Selon lui, à Drummondville, de nombreuses industries oeuvrent dans les moyennes technologies et ont besoin d’une main-d’œuvre compétente, expérimentée, stable, mais pas forcément titulaire de grands diplômes universitaires.

En ce qui a trait aux prévisions démographiques, Mario Polèse prévoit qu’il y aura une transition, mais que celle-ci ne sera pas brutale. En 2036, les 64 ans et plus seront plus nombreux, mais les gens de 0 à 19 ans et ceux de 20 à 64 ans seront relativement stables. «Il va falloir s’adapter, mais ce ne sera pas un gouffre.»

Fragile équilibre

«Tout équilibre est fragile, c’est sûr. Il faut que votre maire, votre chambre de commerce et les gens d’ici continuent de s’assurer d’avoir de bonnes relations de travail, un climat favorable aux affaires et une bonne gestion (des taxes et des coûts des terrains) pour que les coûts concurrentiels demeurent», a expliqué Mario Polèse.

D’autres facteurs, comme l’implantation d’une méga industrie, pourrait aussi briser en quelque sorte l’équilibre par exemple en faisant augmenter les coûts de main-d’œuvre, ce qui pourrait menacer les PME.

En ce qui a trait à la pénurie de ressources humaines, le chercheur estime que le pourcentage de main-d’œuvre immigrante devra augmenter pour pallier cette problématique.

Par ailleurs, la disponibilité des terrains à développer n’inquiète pas M. Polèse puisque l’agglomération de Drummondville n’est pas enclavée. Toutefois, lors de la plénière du colloque, en après-midi, il est ressorti que les terrains industriels sont loin d’être illimités, notamment en raison des milieux humides de plus en plus protégés.

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