DRUMMONDVILLE. Dominic Gingras, l’homme que Marc Letendre a neutralisé à l’Hôpital Sainte-Croix, réalisant un acte courageux qui lui a valu un Prix Hommage au civisme que lui a décerné le gouvernement du Québec, a été acquitté des accusations de voies de fait sur trois employés de l’Unité d’intervention brève (UIB).
L’événement s’est déroulé dans la nuit du 28 avril 2013, alors que Marc Letendre, coordonnateur d’activités cliniques à l’Hôpital Sainte-Croix, s’est hâté de porter secours à deux consœurs de travail aux prises avec un patient instable à l’UIB, un local où sont gardés sous surveillance des patients en attente d’évaluation psychiatrique.
C’est que Dominic Gingras, qui avait paru agité en se présentant à l’urgence pour des palpitations cardiaques, avait été transféré à l’UIB et, acceptant mal cette décision, avait refusé la médication suggérée. Lorsqu’il s’est réveillé durant la nuit, il voit qu’il porte un bracelet l’identifiant au nom de Stéphanie. Pris de panique, il tente de s’enfuir et s’en suit une altercation bruyante qui alerte Marc Letendre qui passait dans le corridor au même moment.
Lors d’un entretien avec L’Express en septembre dernier, M. Letendre nous avait raconté ainsi la suite: «Je réalise vite que ce qui se passe est anormal. Ça se bouscule, comme je peux le constater en jetant un regard par une petite fenêtre de la porte. Je me dirige vers l’autre porte qui est barrée mais j’ai les clés pour entrer. C’est ce que je fais et le patient délaisse les deux préposées et se dirige vers moi. J’ai l’avantage sur lui, mais, en parvenant à le maîtriser dans un coin, il me frappe solidement à la tête et au cou avec sa main libre. Mes deux consoeurs ont toutefois le temps d’enclencher le code blanc et des agents de sécurité interviennent. Même si nous sommes cinq, l’homme est fort et il faudra avoir en renfort quatre policiers de la Sûreté du Québec pour le maîtriser complètement et le menotter».
Une fois la situation sous contrôle, les policiers quittent. C’est plus tard que trois plaintes seront déposées et remises à la Sûreté du Québec qui à son tour n’a pu faire qu’un rapport d’événement pour être remis au procureur.
L’affaire a été entendue au palais de justice le 10 mars dernier. L’accusé tenait à se faire entendre et c’est sous serment qu’il a donné sa version des faits. Selon son avocat Me Yvon Garneau, M. Gingras aurait pu être contre-interrogé par la couronne et faire l’objet de témoignages contraires par les trois plaignants, mais tel ne fut pas le cas.
«Il en est ressorti que l’accusé n’en a jamais voulu au personnel. Tout ce qu’il voulait était de recevoir des soins pour lesquels il se plaignait depuis la veille et, pour lui, cela n’avait rien à voir avec la psychiatrie. Au surplus, lorsqu’il affirme sous serment avoir été pris avec un bracelet au poignet du prénom de Stéphanie… cela a eu un effet choc sur lui. Il voulait quitter les lieux. Le personnel ne voulait pas. À remarquer une chose, mon client n’a jamais fait l’objet d’une arrestation par les policiers», a relaté Me Garneau.
Et il ajoute: «Quand on parle d’accusation de séquestration, on a bien vu à la Cour que monsieur n’a jamais fait face à cette accusation. Il a été acquitté (pour voies de fait) et donc, les empreintes digitales et la photo de l’accusé pourront être retirées du fichier analytique de la SQ. C’est certain que les professionnels de la santé, quels qu’ils soient, n’ont pas à endurer des menaces ou autres violences de la part des usagers. C’est leur droit de porter plainte. La Justice se charge de l’issue de tout cela plus tard…alors c’est ce qui est arrivé à la Cour le 10 mars».
Il n’a pas été possible de joindre Marc Letendre à l’hôpital pour obtenir son commentaire.