La rivière Saint-Germain est sérieusement maganée

La rivière Saint-Germain est sérieusement maganée
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ENVIRONNEMENT. La rivière Saint-Germain est maganée, sérieusement maganée.

Ce qualificatif et bien d’autres, traduisant le caractère inquiétant de la qualité de l’eau, ont été entendus à plusieurs reprises lors de la réunion du comité local du bassin versant de la rivière Saint-Germain, organisée mercredi par COGESAF, dans la grande salle de la MRC à Drummondville, où s’étaient rassemblées une trentaine d’élus et de représentants d’organismes concernés.

Le COGESAF (Conseil de gouvernance de l’eau des bassins versants de la rivière Saint-François) a réalisé, à la demande de Québec, une mise à jour du Plan directeur de l’eau de la zone Saint-François et s’est attardé plus particulièrement sur le bassin versant de la rivière Saint-Germain, en vertu d’un mandat que lui a confié la Ville de Drummondville.

«Tous les résultats des analyses de qualité de l’eau de ce secteur sont préoccupants, particulièrement en raison des concentrations de phosphore et de coliformes fécaux dans le cours d’eau principal, de la limite municipale de Drummondville en amont jusqu’à l’embouchure», a constaté COGESAF, dont le mandat est de mettre en œuvre la gestion intégrée de l’eau par bassin versant sur un territoire de 10 230 km carrés. L’organisme, reconnu par le gouvernement du Québec, a formulé des recommandations qui caractérisent l’urgence d’agir.

L’érosion est un problème majeur, constant, aux dires d’Andréanne Blais, du Conseil régional de l’Environnement du Centre-du-Québec. «Il y a une problématique avec l’écoulement. La disparition de plusieurs milieux humides a provoqué des inondations, étant donné que l’eau arrive trop vite dans le cours d’eau». À ce sujet, Jean-Paul Raîche, président du COGESAF entre autres titres, a fait remarquer que 70 % des inondations ne surviennent pas au printemps ni à l’automne, une statistique troublante. La conservation des milieux humides apparaît d’ores et déjà comme une priorité.

Parmi les autres problèmes retrouvés, on note : surplus d’éléments nutritifs, érosion, présence de MES (les MES sont les matières en suspension, ce paramètre permet de quantifier les sédiments dans la colonne d’eau), dépôt de sédiments, perte et dégradation d’habitats aquatiques.

Les recommandations de COGESAF, qui ne sont pas encore publiques, ont inspiré un plan d’action qui est sur le point d’être complété par la Ville de Drummondville qui annoncera sous peu les mesures qu’elle appliquera sur une période allant de 2016 à 2020. Évidemment, un budget en conséquence sera débloqué.

Le travail à accomplir concerne de nombreux intervenants à commencer par les producteurs agricoles, les industries, les commerces et les associations riveraines. Une quinzaine de mesures ont déjà été identifiées, selon Roger Leblanc, directeur du Service de développement durable à la Ville de Drummondville. «Certains comme Costco, Norampak et la nouvelle école de Saint-Charles ont pris des initiatives pour récupérer les eaux pluviales», a-t-il précisé.

Comme l’a assuré le conseiller municipal John Husk, la Ville de Drummondville assumera un leadership. «La rivière Saint-Germain, qui traverse six municipalités (sur 430 kilomètres), est en mauvais état. Il y a des actions à entreprendre et de l’information à faire parvenir à la population. Il y a une volonté politique qui se développe et une volonté citoyenne aussi qui est de plus en plus perceptible», a-t-il dit.

«C’est bien d’entendre les élus municipaux parler d’un plan d’action spécifique comme celui de la Ville de Drummondville. D’ailleurs, il y a une bonne nouvelle à Drummondville puisque des compteurs électroniques seront en opération dans les stations de pompage à compter du 31 décembre 2015, ce qui permettra d’éviter les surverses de longue durée. Cela fera une énorme différence car le système électronique alertera les autorités sur le champ», a commenté Julie Grenier, coordonnatrice de projets à COGESAF et animatrice de la réunion.

Le conseiller municipal Pierre Levasseur a trouvé la bonne formule en guise de conclusion de l’assemblée en affirmant que «le virage environnemental est commencé. Chacun commence à faire des petites choses mais on voit que les gens ne travaillent pas en silo».

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