D’autres poissons morts, par centaines cette fois, au pied du barrage

Par Gerard Martin
D’autres poissons morts, par centaines cette fois, au pied du barrage

Cette photographie prise en fin juin montre les bassins que l'on retrouve dans le bief asséché au pied du barrage de Sainte-Brigitte-des-Saults.(Photo Gracieuseté – Fondation Rivières)

SAINTE-BRIGITTE-DES-SAULTS– Loin d’être un cas isolé, comme tend à le croire le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC), la présence de poissons morts au pied du barrage hydroélectrique de Sainte-Brigitte-des-Saults serait plus fréquente et plus intense que l’on pourrait croire, du moins si l’on se fie à un nouveau témoignage.

Jonathan Proulx, un jeune homme de 23 ans de la région métropolitaine, en séjour dans la municipalité d’origine de sa famille, il y a quelques jours, soit en fin juin et au début de juillet, dit avoir été consterné de faire la découverte de dizaines et de dizaines de carcasses de poissons gisant dans ce qu’il appelle une crevasse au pied du barrage de Sainte-Brigitte.

Le tout s’est produit le 1er juillet, alors que M. Proulx était accompagné de sa copine, Krystina Leblanc, et de son frère Mathieu, lesquels ont fait le même constat.

Le jeune homme affirme avoir compté au moins deux cents corps de poissons dans cette fosse, avant d’interrompre ce recensement qui lui a littéralement crevé le cœur, tout en extrapolant qu’il y en avait peut-être le double.

Pêcheur lui-même depuis son tout jeune âge, Jonathan Proulx n’a pas eu de peine à identifier non seulement des chevaliers rouges, mais aussi des dorés et des archigans dans ce cimetière à poissons.

Le jeune homme soutient également avoir vu d’autres poissons emprisonnés en quelque sorte dans trois ou quatre autres "crevasses", selon son expression, toujours vivants, mais manifestement en quête d’oxygène.

Dégoûté par cette scène, le trio a tourné une vidéo d’une trentaine de secondes que l’on a fait parvenir à la Fondation Rivières, conscient de l’intérêt porté par cet organisme pour la sauvegarde des rivières du Québec dont la Nicolet Sud-Ouest.

Jonathan Proulx, dont les grands-parents ont une propriété sur le rang Sainte-Anne, un chemin longeant la rivière Nicolet Sud-Ouest en amont du barrage, ne reconnaît plus le cours d’eau de son enfance, ne serait-ce que par la disparition de certaines espèces de poisson.

Le jeune homme dit également constater l’érosion des berges et d’autres phénomènes qui l’inquiète comme l’absence de la grenouille dont l’on n’entend plus le coassement pourtant coutumier jadis.

En terminant son témoignage téléphonique, M. Proulx a émis le souhait que les Brigittois et Brigittoises qui seront témoins de situations comme celle qu’il a constatée avec ses deux acolytes n’hésiteront pas à communiquer avec les autorités compétentes car, à son dire, l’avenir de cette rivière devrait les interpeler au premier chef.

Fondation Rivières

Du côté de la Fondation Rivières, ce nouveau cri d’alarme arrive au moment où l’organisme se prépare à remettre au nouveau ministre David Heurtel un dossier complet sur la petite centrale hydroélectrique de Sainte-Brigitte-des-Saults.

Pierre Leclerc, agent de recherche et communication, estime que le témoignage de Jonathan Proulx ne vient que confirmer l’urgence d’agir.

Selon M. Leclerc, il a tout lieu de croire que c’est la crue subite du niveau de la rivière qui a occasionné la dévalaison des poissons au-dessus de la crête du barrage.

Rappelons qu’en début du mois de juin, la Fondation Rivières avait formulé officiellement une plainte à la suite de la découverte des carcasses de quelques individus identifiés plus tard comme étant des chevaliers rouges.

L’équipe régionale du MDDELCC avait alors penché pour l’hypothèse d’un cas isolé.

Si les affirmations de M. Proulx sont véridiques, comme il y a tout lieu de le croire, il est permis d’espérer que cela amènera les autorités compétentes à réagir et à aller plus loin avec toutes les questions soulevées depuis l’aménagement de cette mini-centrale en 1992.

Chose certaine, outre le ministre Heurtel, le Centre d’expertise hydrique du Québec (délégué par le MDDELCC) et l’organisme du bassin versant COPERNIC recevront une copie de la lettre comprenant l’ensemble des griefs formulés par la Fondation Rivières dont L’Express a fait largement état depuis les derniers mois.

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