Conclusions du BAPE sur les gaz de schiste : enfin une indication claire

Conclusions du BAPE sur les gaz de schiste : enfin une indication claire

Il n’est pas souhaitable d’explorer ni d’exploiter les gaz de schiste au Québec.

Active depuis au moins quatre ans, la large coalition des divers regroupements mobilisés autour de la lutte aux gaz de schiste se réjouit du dépôt d’un document volumineux émanant du Bureau d’audience publique en environnement (BAPE).

Les conclusions de ce rapport sont claires : « … en raison de l’ampleur des impacts potentiels associés aux activités de l’industrie du gaz de schiste dans un milieu aussi peuplé et aussi sensible que les basses terres du Saint-Laurent, en raison également des incertitudes qui subsistent quant aux impacts potentiels sur la qualité de l’eau des aquifères et à la capacité de l’industrie de préserver l’intégrité des puits à très long terme, la commission d’enquête est d’avis qu’il n’est pas démontré que l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste dans les basses terres du Saint-Laurent avec la technique de fracturation hydraulique serait avantageuse pour le Québec.

Commandé par le gouvernement précédent, cette Commission d’enquête présidé par M. Denis Bergeron assisté des commissaires Gisèle Grandbois et John Haemmerli devait se livrer à une étude exhaustive du dossier et en dégager des conclusions et des recommandations. Au printemps 2014, les audiences publiques tenues par le BAPE à Saint-Hyacinthe (et, simultanément, en visioconférence à Bécancour et à Saint-Agapit) ont permis à une myriade d’intervenants (individus, organismes divers, MRCs, groupes environnementaux, représentants de l’industrie et du monde des affaires, organismes professionnels) de déposer des mémoires.

Le point de départ de ce BAPE se voulait d’abord un commentaire au dépôt de l’ÉES (étude environnementale stratégique) commandée préalablement par le gouvernement Charest, suite à un premier BAPE tenu il y a quatre ans.

Notons que la situation a considérablement évolué depuis le tout premier BAPE, grâce à l’émergence et à l’organisation de très nombreux groupes–citoyens issus de toutes les régions de la vallée du Saint-Laurent. Ces groupes se sont montrés très critiques par rapport à la ressource même et surtout par rapport aux techniques extrêmement controversées d’extraction du gaz (ou du pétrole) par fracturation hydraulique. Les instances municipales, régionales (MRC) ont eu aussi à prendre position dans le dossier du gaz de schiste. La plupart de ces instances se sont donc montrées de plus en plus à l’écoute de leurs citoyennes et de leurs citoyens, de plus en plus critiques face aux discours de l’industrie et elles ont donc vigoureusement témoigné de la non-acceptabilité sociale face à la venue d’une industrie aussi polluante.

Il est à noter que les membres du dernier BAPE se sont même rendus en Pennsylvanie (à l’instar de plusieurs citoyens de notre région) pour constater les effets néfastes de l’exploitation du gaz de schiste chez nos voisins du Sud (détérioration de la qualité de l’eau des puits artésiens et des cours d’eau, pollution de l’air, destruction du paysage en milieu agricole, fractionnement du territoire, bruit et lumière excessifs, etc. Les émanations de méthane dans l’environnement (lourdes de conséquences sur le réchauffement climatique) ont aussi été clairement prises en compte par le comité d’experts. Les conclusions se sont imposées d’elles-mêmes.

Saluons donc le travail acharné des citoyens qui ont permis à la société québécoise de continuer à jouir d’un environnement sain.

Il est pertinent de se demander ce qu’il adviendra des projets de forage de la compagnie Pétrolia en Gaspésie et sur l’île d’Anticosti car l’industrie utilise là la même technique de fracturation hydraulique que celle décriée dans les conclusions du BAPE. Gaz de schiste ou pétrole de schiste, si la technique d’extraction n’est pas sécuritaire dans la vallée du Saint-Laurent, il nous semble difficile de la croire sécuritaire pour les environnements gaspésien et anticostien!

Par ailleurs, qu’il nous soit permis d’attirer l’attention du public sur le discours d’un premier ministre qui, tout en appuyant les conclusions du BAPE, réserve en termes nuancés une possible ouverture à l’industrie à plus long terme. Nous voulons cependant croire à une progression des énergies vertes dans nos choix futurs, étant donné la dégradation accélérée de notre environnement, notamment celui du réchauffement du climat.

Joseph Guilmette

Céline Marier

Michelle Quintal

Comité Vigilance Hydrocarbure Québec (RVHQ), Saint-Bonaventure.

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