La Poule de luxe n’a plus les moyens de continuer

La Poule de luxe n’a plus les moyens de continuer

Le très mauvais bilan financier de 2013 a fait perdre les espoirs qu’avaient fait naître les ventes de l’année précédente, plutôt encourageantes. N’ayant plus les moyens de continuer, Poule de luxe mettra fin à ses activités après la liquidation qui se déroulera durant les deux dernières fins de semaine de janvier 2014. Il s’agit d’une triste fin pour ce commerce qui égayait le coin des rues Heriot et Cockburn, au centre-ville de Drummondville.

La décision a été difficile à prendre. " Je pense que j’avais quelque chose de beau à offrir. J’avais le plus beau coin de rue possible. C’est un rêve qui s’écroule. J’ai mis tout mon cœur dans ce projet, mais il faut savoir quand quitter le bateau avant de couler avec lui…", laisse tomber la propriétaire Isabelle Marquis, qui a décidé de mettre la clé dans la porte afin de se consacrer pleinement à ses fonctions de conseillère municipale.

En novembre dernier, Mme Marquis a reçu un deuxième mandat de confiance venant des citoyens du quartier Saint-Simon. Cette bonne nouvelle l’aidera à tourner la page sur cet épisode au cours duquel elle s’est investie à fond, en temps et en argent. Ses semaines de travail comptaient en moyenne entre 60 h et 80 h. "Je vais être plus disponible pour prendre un café ou jouer au bridge avec mes citoyens", dit-elle en riant.

L’offre commerciale serait trop grande

Mme Marquis ne croit plus en l’avenir du commerce au détail au centre-ville. À son avis, il faut une masse critique de commerces pour donner le goût aux clients de se déplacer vers un endroit. "Je pense que le centre-ville est mort. Les gens ne pensent plus à venir magasiner au centre-ville. Le réflexe s’est perdu. Clairement", constate-t-elle. Cette dernière cite en exemple son chiffre d’affaires de novembre et décembre 2013 qui a chuté d’environ 65 % comparativement à 2012, où elle s’était fait recruter pour présenter sa boutique à la populaire émission Dans l’œil du dragon.

La conseillère municipale est consciente que les facteurs ayant conduit à cette situation sont nombreux. Certains prétendaient que sa boutique était trop luxueuse pour Drummondville, ce qu’elle réfute. Celle-ci persiste plutôt à croire que Drummondville est aux prises avec un excédent commercial. En d’autres mots, l’offre serait plus importante que le pouvoir d’achat des Drummondvillois. Et la commerçante n’est pas convaincue de l’attraction de nouveaux acheteurs venant de l’extérieur. "Il y a beaucoup de locaux commerciaux vacants", remarque-t-elle.

La balle dans le camp de la ville?

Cette dernière n’attendra pas les conclusions du comité de réflexion sur le centre-ville que la Ville vient de mettre en place. C’est qu’elle estime que le pouvoir réel revient aux clients. "C’est un peu choquant comme commerçante et conseillère municipale de se faire dire que la solution est entre les mains des élus", communique cette femme.

D’ailleurs, l’ex conseiller Jocelyn Gagné et elle ont souvent soulevé les difficultés qu’éprouvait le centre-ville. "La Ville a déjà beaucoup fait", est-elle d’avis, citant en exemple le beau réaménagement de la rue Lindsay. Et si les festivals et l’animation du parc Saint-Frédéric attirent des foules, ces événements ont peu d’impact sur un commerce au détail comme le sien.

L’incontournable pour bien manger

Cette amoureuse des centres-villes n’a pas perdu espoir que ce dernier soit un jour plus animé. "Je pense que les commerces de restauration ont plus d’avenir", évalue-t-elle. Actuellement, ces derniers se portent bien, comme en témoignent les espaces de stationnement occupés les soirs de fin de semaine.

Un peu comme la Saint-Denis à Montréal, les artères centraux pourraient éventuellement incarner un point de rencontres spontanées, où les gens se donnent rendez-vous sans que leur choix ait été arrêté à l’avance. "Ils savent qu’ils trouveront, car il y a plusieurs options", dit-elle.

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