Un campement amérindien datant de 8 000 ans ?

Un campement amérindien datant de 8 000 ans ?
C'est dans ce secteur

Le site où la Ville de Drummondville s’apprête à aménager un carrefour giratoire à l’entrée du vieux pont, côté Saint-Charles, recèle un fort potentiel archéologique et les experts suggèrent qu’il fut l’emplacement d’un campement amérindien datant de 8 000 ans.

C’est dans ce contexte que l’archéologue, Marie Fournier, de Nicolet, a proposé ses services à la Ville de Drummondville afin d’étudier le site préalablement aux travaux prévus pour l’aménagement du carrefour giratoire et la réfection de la rue Montplaisir. Elle doit déposer son rapport le 19 juillet.

La Société d’histoire de Drummond (SHD) possède quelques documents sur le sujet et l’un d’eux, rédigé par Hélène Taillon en 1995, signale que «la situation géographique de Drummondville ainsi que ses caractéristiques géomorphologiques lui conférent un potentiel élevé pour l’occupation humaine qui aurait pu débuter il y a environ 10 000 ans».

Archiviste à la SHD, Élaine Bérubé, qui connaît bien la matière pour voir déjà travaillé sur le terrain avec des archéologues, explique à sa manière pourquoi le site du vieux pont soulève un intérêt scientifique. «On sait que, dans les temps anciens, les rivières étaient en quelque sorte des autoroutes pour les nomades. En partant depuis le lac Saint-Pierre, les autochtones arrivaient à la hauteur de ce qui allait devenir Drummondville après avoir pagayé durant toute une journée et ils devaient s’arrêter pour faire du portage à cause des chutes (Chutes Lord). Il était donc logique qu’ils y installent leur campement pour prendre du repos, d’autant plus que la rivière à l’époque regorgeait de saumons. L’endroit était doublement judicieux pour faire une pause», fait-elle remarquer.

Des archéologues, tels que Thierry Rauck, un Drummondvillois d’adoption actuellement au travail dans la région de La Romaine, ainsi que Geneviève Treyvaud et Michel Plourde, tous deux de l’Université Laval, sont d’avis que les rives de la Saint-François, à la hauteur de Drummondville, peuvent témoigner de la présence d’un terroir attrayant. «Tout le secteur en aval du vieux pont, sur la rive droite de la rivière, en raison de la présence d’un imposant rapide qui nécessitait un portage, a un très fort potentiel archéologique avec la possibilité d’y trouver des vestiges amérindiens datant de 8 000 ans», nous écrit M. Rauck, dans un courriel.

Guide de l’archéologie préventive

Le réseau Archéo-Québec, un organisme à but non lucratif qui regroupe une centaine de membres voués à la mise en valeur du patrimoine archéologique, a produit un «Guide de l’archéologie préventive», qui recommande aux administrations municipales d’intégrer l’archéologie dans leurs plans d’aménagement et d’urbanisme.

Les auteurs soulignent : «Chaque fois qu’un projet de développement est lancé, il est possible qu’une partie de l’histoire de notre région soit détruite à tout jamais. En effet, la ressource archéologique est peu visible, rare et non renouvelable. Tout ce corpus a une valeur documentaire et pédagogique. Sa diffusion permet aux citoyens de s’approprier l’histoire de leur milieu (panneaux d’interprétation, dépliants, expositions, circuits thématiques, vitrines, etc.). Les tendances mondiales actuelles en matière de tourisme insistent sur l’importance d’intégrer la variable humaine, présente et passée, dans l’expérience offerte au public visiteur. Observer un paysage c’est bien, mais découvrir un paysage habité d’histoires et de traditions, tel que le révèle entre autres l’archéologie, c’est mieux».

Et le Guide ajoute: «Le premier geste que doit poser une municipalité ou une MRC qui veut intégrer la variable archéologique dans ses divers plans d’urbanisme et de développement est de bien définir l’emprise des travaux de construction et d’aménagement afin que les limites du territoire à l’étude soient claires pour tous. Puis, elle doit consulter les multiples bases de données gouvernementales qui font référence à ce patrimoine afin de vérifier si des sites archéologiques sont connus à l’intérieur ou à proximité de la zone à l’étude».

Comme le précise Élaine Bérubé, un archéologue n’est pas là pour embêter l’entrepreneur ou retarder les travaux. «Il surveille et peut se permettre de faire des vérifications durant les pauses. Il peut être engagé à contrat pour quelques jours ou quelques semaines. Ce n’est pas un gros investissement, mais cela peut finir par nous en dire beaucoup sur ceux qui ont vécu sur le même territoire que nous, il y a des milliers d’années et même jusqu’à l’époque où la mer de Champlain s’est retirée pour mettre au jour de nouvelles terres de chasse. Pour ça, il faut que l’archéologie devienne un réflexe dans notre culture».

Voilà donc un bon temps pour commencer puisque le mois d’août sera le mois de l’archéologie.

Partager cet article