Paula Escobar a squeezé les testicules d’un policier tout en lui donnant un coup de tête qui lui a causé une commotion cérébrale, a mordu sa collègue policière au bras, a agressé violemment deux compatriotes colombiens et elle s’en est tirée avec quatre mois de prison… à domicile.
Ce matin, au palais de justice de Drummondville, la juge Claire Desgens a entériné la suggestion commune des deux procureurs, Me Jérôme Parenteau, pour la défense, et Me Kevin Mailhot, pour la Couronne, qui s’étaient entendus pour une peine de quatre mois d’emprisonnement à purger dans la collectivité, c’est-à-dire chez elle, suivis d’une période de probation d’un an. Au cours des deux premiers mois, Paula Andrea Bustos Escobar devra demeurer à sa résidence 24 heures sur 24, ne pouvant sortir que pour des soins médicaux, pour aller à l’épicerie ou pour le travail, alors que durant les deux autres mois, elle aura à respecter un couvre-feu de 22 heures à 7 heures le matin.
Les événements en question se sont déroulés le 31 juillet 2011. Elle a fait irruption chez Ruth Elena Torrado Ortega, sachant que s’y trouvait William Alphonso Duque Cuy, agresseur sexuel de sa fille de 7 ans. Duque Cuy a effectivement été reconnu coupable d’agressions sexuelles en février 2013. «Paula a semé la terreur dans la maison. J’ai vu qu’elle recherchait une confrontation avec William, le père de mes deux enfants les plus grands. J’ai eu énormément peur pour mon père aussi. Il est immobilisé en chaise roulante, il est malade et il était dans le feu de l’action. Quand j’ai vu que Paula frappait William, j’ai crié. J’ai crains le pire pour lui et pour mon père aussi. Quand j’ai crié d’appeler la police, c’est là que Paula m’a sauté dessus», a-t-elle raconté à L’Express dans la salle d’attente du palais de justice. Ces faits sont contenus dans une déclaration écrite soumise aux autorités judiciaires, déclaration qu’elle nous a remise.
Version différente
Dans ce document, Ruth Elena Torrado Ortega offre une toute autre version de la raison pour laquelle Paula Escobar est entrée violemment chez elle. «Elle reprochait à William de dire que son fils le plus vieux (de ses quatre enfants) n’est pas son fils mais son frère. Qu’il y avait seulement lui, William, qui était au courant de ça». L’allégation est lourde de conséquence puisqu’elle suggère que Paula Escobar, réfugiée au Canada depuis plusieurs années, aurait alors fait une fausse déclaration, ce qui pourrait l’exposer à la révocation de son statut de résidente permanente, selon Citoyenneté et Immigration Canada.
Paula Escobar a tenu à s’adresser au journaliste de L’Express. «Je veux vous dire que la raison de ma colère est que William Alphonso Duque Cuy a agressé sexuellement ma fille de 7 ans», a-t-elle affirmé. Questionnée à savoir si la raison ne serait pas plutôt reliée au statut de son fils le plus vieux, elle a répondu catégoriquement «non».
Ni les deux victimes, ni les deux policiers blessés n’ont témoigné. Mais Me Mailhot a indiqué à la juge Desgens que la violente altercation avec les policiers était une circonstance aggravante. «Lorsque les policiers ont arrêté Mme Escobar, ils l’ont amenée de l’autre côté du véhicule pour ne pas que ses enfants voient qu’ils lui passaient les menottes. C’est là que tout a déraillé. Elle a empoigné les testicules de l’agent Jean-François Rail et lui a donné un coup de tête. Il a eu une commotion cérébrale qui l’a tenu à l’écart de son travail durant un mois. Quant à sa collègue policière Jessica Girard, elle a été mordue au bras avec les risques sérieux que cela peut comporter», a raconté le procureur.
De son côté, Me Parenteau a souligné que sa cliente était une mère qui s’occupait seule de ses enfants, que le rapport présentenciel lui était favorable et que le processus d’intégration était bon.
Quant à savoir si Paula Escobar est aux prises avec un problème d’alcool, la juge Desgens a indiqué qu’il appartiendra à l’agent de surveillance de l’évaluer.
À la fin de l’audience, une représentante du CAVAC a rencontré les deux victimes pour leur expliquer en détails toutes les conditions auxquelles devra se soumettre Paula Escobar. Elles sont sorties déçues finalement.
Mentionnons en terminant que le 3 août dernier, Paula Andrea Bustos Escobar, dans un rare procès pour bris de condition, qui a coûté plusieurs milliers de dollars au ministère public, a été condamnée par le juge Gilles Gagnon, de la Cour du Québec, à une amende de 400 $. Deux policiers, Nicolas Johnson et François Alain, avaient en effet constaté que Mme Escobar n’était pas à son domicile le 25 août 2011, comme l’y obligeait l’une des conditions pour sa remise en liberté, après son arrestation le 31 juillet 2011.