Une accusée pointe les têtes dirigeantes des agences de placement

Une accusée pointe les têtes dirigeantes des agences de placement

Maria

Les personnes d’origines étrangères, accusées d’avoir fraudé l’aide sociale, comparaîtront à nouveau ce vendredi au palais de justice de Drummondville alors que leurs avocats tenteront d’en venir à une entente avec la Couronne dans une affaire peu banale découlant de l’opération Filet menée par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS).

Ces personnes, qui sont d’origine mexicaines, arabes mais surtout colombiennes, se sont fait prendre à travailler «au noir» chez Avicomax. L’entreprise drummondvilloise les avait embauchées par le biais d’agences de placement de personnel dirigées par Francisco David Vera, Yaneth Reina Vaquero et Ana Milena Padilla. Le premier est à Calgary et ne s’est pas présenté en Cour, la deuxième est retournée en Colombie et la troisième continuerait à faire le même travail à Drummondville selon notre source.

«Considérant les éléments de preuve recueillis, le stratagème utilisé, l’implication des responsables de ces agences et l’existence d’un système ou réseau pour frauder, notamment le MESS, nous recommandons des poursuites au criminel contre les personnes impliquées dans ces fraudes», faisait valoir le document de la preuve, contenue sur un CD, comprenant des milliers de pages et de nombreuses annexes et photos; un travail policier de plusieurs dizaines de milliers de dollars.

L’une de ces accusées, Maria (nom fictif) se fait l’écho de ce que pensent ceux et celles qui ont été piégés dans le stratagème.

«Ceux et celles qui comme moi font face à des accusations de fraude envers l’aide sociale sont prêts à payer pour leur erreur, mais il faudrait surtout que les têtes dirigeantes de ce système organisé reçoivent la sanction qu’elles méritent», a-t-elle confié à L’Express.

Comme l’a d’ailleurs déjà expliqué un des avocats de la défense, «il semble qu’ils se sont complètement fait berner par une agence de placement indépendante du travail pour des immigrés. Ne comprenant pas trop notre langue, ils ont fait une confiance aveugle à ces personnes et permis à ces dernières de soutirer de l’argent à partir même de leur chèque d’aide sociale. On leur aidait à remplir des formulaires sans trop savoir de quoi il s’agissait».

Maria était présente lors de la descente chez Avicomax le 25 mai 2010. «Il y avait des policiers armés partout. Ils ont encerclé la bâtisse, il y en avait même sur les toits. Ils ont rassemblé tout le monde à la cafétéria. Dehors, il y avait de grandes tables où les enquêteurs de la Sûreté du Québec et de l’Immigration nous faisait venir un par un. Ceux qui n’avaient pas de papier d’identification avec eux étaient menottés pour aller les chercher à leur domicile», a-t-elle raconté. «Quand nous avons été embauchés par l’agence, on nous avait dit, en espagnol évidemment parce qu’on ne comprenait pas beaucoup le français, que nous serions payés en argent comptant le vendredi, que le transport serait fourni, que tout le matériel (bottes, manteaux) serait fourni par l’agence, ça ce n’était pas vrai, c’est l’entreprise qui fournissait ce matériel».

Dans cette affaire, les agences de placement émettaient des talons de paye frauduleux, prenant soin de ne pas dépasser 200 $, pour une personne seule, ou 300 $ pour un couple, afin que les travailleurs ne soient pas pénalisés par l’aide sociale. Le Centre local d’emploi a fini par avoir des doutes.

Au début, 183 personnes étaient visées par la dénonciation. En septembre dernier, 27 d’entre elles ont été accusées d’avoir fraudé pour plus de 5000 $. Il n’en reste plus qu’une quinzaine. Quant aux autres, certaines ont quitté le pays, ou sont carrément disparus sans qu’on puisse les retrouver, alors que quatre ont plaidé coupable à ces accusations criminelles, écopant de 240 heures de travaux communautaires.

Ana Milena Padilla est la même qui avait témoigné dans le procès pour bris de condition de Paula Escobar, accusée de voies de fait sur un policier et de l’avoir désarmé. Elle s’en était finalement tirée avec une amende de 400 $. Le juge Gilles Gagnon avait pourtant déclaré qu’il ne croyait pas la version des deux femmes.

Partager cet article