Jean-Raimbault est la première école publique de la région à imposer l’uniforme scolaire. Dès la rentrée d’automne, tous ses élèves arboraient le polo obligatoire. Cette initiative connaît un succès contagieux si bien qu’elle pourrait inspirer d’autres écoles secondaires de la commission scolaire des Chênes.
Le directeur de Jean-Raimbault, Yves Langlois, se questionnait depuis un certain temps. La gestion de la tenue vestimentaire des élèves devenait complexe. Certains garçons se pointaient parfois à l’école avec un chandail illustrant une feuille de cannabis ou un symbole de violence, ce qui n’était pas toléré, mais c’est l’habillement des filles qui posait vraisemblablement problème. «Il y avait trop d’indécence!», clame M. Langlois. Les enseignants en voyaient de toutes les couleurs : des décolletés plongeants, des dos dénudés, des vêtements transparents, etc. Chaque mode arrivait avec son lot d’interdits. «C’était toujours à recommencer», poursuit-il.
De plus, le directeur se désolait de voir trop de jeunes issus de familles défavorisées se faire intimider à cause de leur tenue vestimentaire. Son école n’est pas différente des autres et le phénomène ne date pas d’hier, mais les moins nantis pouvaient faire rire d’eux à cause de leur habillement, jugé moins chic. M. Langlois est passé en mode solutions.
Les parents sont interpellés
Après avoir consulté d’autres établissements scolaires publics de la Rive-Sud et la Rive-Nord de Montréal, l’idée d’imposer un uniforme a fait son chemin. Le conseil d’établissement a unanimement donné son appui. Ensuite, tous les parents d’élèves ont reçu une lettre au printemps dernier pour expliquer pourquoi l’école songeait à rendre le port du polo obligatoire. Ils ont également été convoqués à une rencontre d’information.
Sur les 900 parents invités, une cinquantaine d’entre eux se sont déplacés. M. Langlois et son équipe ont proposé de faire un sondage pour évaluer la faisabilité du projet. Tous se sont mis d’accord : si 75 % des parents acceptaient l’imposition du polo obligatoire, l’école allait de l’avant.
Une capsule vidéo a également été mise en ligne pour que les parents puissent de nouveau être saisis des motifs qui justifiaient cette proposition.
78 % ont voté oui
Résultat : 78 % des parents ont voté en faveur de l’uniforme. Même si le conseil étudiant s’était positionné contre le projet, peu de résistance a été observée. «Ils ont embarqué quand même dans le mouvement», fait-il remarquer. Les élèves ont choisi les couleurs du polo, désormais disponible en blanc, bleu royal, noir et bourgogne. L’entreprise drummondvilloise Vêtement Flip design a obtenu le contrat et a procédé à des périodes d’essayage.
Si l’offre des modèles a été limitée aux polos, aux chandails à manches longues et aux vestes, c’est pour éviter toute discrimination à cause des prix. La compagnie offre d’ailleurs un pourcentage des ventes pour aider les familles dans le besoin, qui peuvent obtenir ces vêtements à rabais.
«Flip Design nous garantissait un bon tissu, sans risque de décoloration, et conçu avec quatre pouces de plus en longueur pour qu’il puisse faire pendant deux ans», explique M. Langlois.
Loin de regretter leur décision
Depuis, bon nombre de parents sont aux anges. «Le matin, nous n’avons plus à nous battre avec notre ado pour son habillement. C’est facile à gérer et nous n’avons pas besoin de nous ruiner», confient-ils au directeur. Au dire de celui-ci, si les parents étaient de nouveau sondés, le résultat dépasserait 90 %.
Les élèves aussi semblent satisfaits. Ils négocient actuellement quelques journées sans polo, lors d’événements exceptionnels, sans plus. Et leur sentiment d’appartenance envers leur école s’est accru.
«C’est fantastique! Ça se passe super bien. On n’a pas de raté!», s’exclame M. Langlois.