Près d’une heure de transport pour un traitement de trois secondes

Par Maxime Rioux

Combien de personnes accepteraient avec le sourire de se rendre à Saint-Hyacinthe, trois fois par semaine, afin d’aller y subir un traitement de photothérapie qui dure de trois à cinq secondes? C’est pour se défaire de cette fâcheuse situation que Luce Auger, une citoyenne de Drummondville atteinte de parapsoriasis, tente présentement de créer un groupe de patients désireux de recevoir ce traitement à Drummondville. Mais encore faut-il qu’il y ait des dermatologues…

«Au début, je prenais l’autocar pour me rendre à Saint-Hyacinthe, car je n’ai jamais aimé conduire sur de longues distances, partage Luce Auger. Une fois sur place, je n’en avais que pour une quinzaine de minutes puisque le traitement en soi ne durait que trois à cinq secondes.»

Ce traitement de photothérapie consiste à recevoir des rayons ultra-violets de type B et le tout se déroule dans une cabine debout. Après s’être dévêtue, la personne doit entrer dans la cabine et en ressortir après le traitement. Évidemment, il existe d’autres variantes, dépendant des besoins des patients.

«Au fil du temps, la durée d’exposition aux rayons ultra-violets s’allonge, mais elle n’est jamais bien longue», indique Mme Auger.

Chose certaine, le fait de parcourir un trajet d’une heure dans le seul but de recevoir un si court traitement est fâcheux. Le coût de l’essence, la dépréciation du véhicule et l’exposition aux dangers sur la route sont autant de raisons invoquées par Mme Auger pour changer la situation.

«C’est pour cette raison que je souhaite regrouper les gens qui doivent subir un traitement de photothérapie. J’aimerais que nous puissions le recevoir à Drummondville, soit à l’Hôpital Sainte-Croix ou au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Drummond. Je connais déjà une dizaine de personnes qui sont dans ma situation, dit-elle. Mais il y en a bien d’autres, c’est certain.»

Cette retraitée, qui travaillé de nombreuses années à l’Hôpital Sainte-Croix en tant que téléphoniste, est atteinte de parapsoriasis depuis le début de la quarantaine. Lorsqu’elle était encore à l’emploi, Mme Auger a même dû s’arranger avec des collègues pour modifier son horaire en raison de ses nombreux rendez-vous matinaux.

«J’ai eu de la chance, car j’ai eu beaucoup de soutien de mes collègues, précise cette dernière. J’ai pu modifier mon horaire grâce à certains d’entre eux, ce qui m’a permis de recevoir mes traitements. Le fait de devoir se rendre à Saint-Hyacinthe, parfois trois fois par semaine, c’est assez pour déstabiliser un horaire.»

Pénurie de dermatologues

Plusieurs villes du Québec sont confrontées à des problèmes semblables à celui que vit Mme Auger. Du côté du CSSS Drummond, on indique que c’est la pénurie de dermatologues qui conduit à ce genre de situation.

«Il n’y a pas de dermatologues à Drummondville, et ce, depuis plusieurs années, rappelle Guylaine Leclerc, conseillère en communication au CSSS Drummond. Et c’est le cas dans plusieurs autres villes. Le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) a lui aussi perdu récemment trois ou quatre dermatologues. Nous savons que ce n’est pas le besoin qui manque.»

De son côté, le directeur des services professionnels du CSSS Drummond, le docteur Luc Gilbert, indique que des efforts se font de façon continue dans le but d’embaucher de tels spécialistes à Drummondville, mais que les finissants en ce domaine se font rares et la plupart d’entre eux choisissent de se diriger vers le volet esthétique, dans le secteur privé.

Qu’à cela ne tienne, les personnes qui ont recours à des traitements de photothérapie et qui souhaitent joindre le groupe de Mme Auger doivent contacter Stéphanie Bush, commissaire locale aux plaintes et à la qualité des services au CSSS Drummond, en composant le 819 478-6431.

«À défaut de recevoir les traitements à Drummondville, on pourra éventuellement faciliter le transport vers Saint-Hyacinthe», fait valoir Mme Auger.

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