Le Carrefour d’entraide Drummond, pour se sortir de la détresse financière

Dresser un budget –et le respecter– est un art qui devient encore plus difficile lorsqu’on se retrouve dans une situation de détresse financière. C’est là qu’entre en jeu le Carrefour d’entraide Drummond, un organisme communautaire qui a pour mission de travailler avec les personnes à faibles revenus de la MRC de Drummond.

Existant depuis 35 ans, le Carrefour d’entraide offre non seulement un service de consultations budgétaires, mais aussi un centre de dépannage alimentaire et financier ainsi que groupes de cuisines collectives. Quotidiennement, le Carrefour d’entraide Drummond vient en aide à personnes dont la situation sociale est précaire et qui vivent avec des problèmes multiples. Selon la directrice de l’organisme, Lise Ledoux, les gens qui se présentent dans les locaux de la rue Brock ne font pas que recevoir du poisson : ils apprennent également à pêcher!

«Quand on accorde une consultation budgétaire, on va bien au-delà des chiffres, explique-t-elle. C’est qu’en plus du manque d’argent, il y a la détresse, la maladie, la perte du réseau social et de la dignité, une méconnaissance des ressources et, plus triste encore, la gêne et la honte de les utiliser. Chaque jour, nos intervenantes désamorcent des crises, accueillent de la colère, de l’agressivité, de l’impuissance et, quelquefois, de l’anéantissement… Combien de suicides évités?»

«D’abord, il y a la réceptionniste, qui est sur la ligne de feu, poursuit-elle. Elle reçoit en vrac, souvent par vagues, toujours sans horaire déterminé, ce flot de détresse. Après avoir accueilli cet appel à l’aide, elle prend la demande, détermine le degré d’urgence, fixe le rendez-vous ou dirige la personne en crise vers l’intervenante appropriée.»

Prenant la relève, l’intervenante analyse la situation dans sa globalité et détermine le soutien que l’organisme peut apporter à la personne. Elle aide la personne à reconnaître ses besoins vitaux, à réviser ses priorités et à faire son budget.

«L’intervenante agit de concert avec les autres organismes qui peuvent compléter son intervention. Elle agit comme médiateur, facilite les ententes avec des créanciers, oriente parfois vers le dépôt volontaire ou la faillite. Bref, elle accompagne la personne en détresse dans toutes les démarches qui vont lui permettre de reprendre du pouvoir sur sa vie, si petit soit-il», explique Lise Ledoux.

Au cours de la dernière année, le Carrefour d’entraide a reçu pas moins de 3250 demandes, une hausse de 7 % qui s’ajoute à l’augmentation de 26 % de l’année précédente. Au total, les interventions du Carrefour d’entraide ont aidé 1880 ménages, dont 402 ont eu recours à des rencontres individuelles en consultations budgétaires. L’organisme a également assuré l’animation de 21 groupes de cuisines collectives, un lieu où en plus de mieux s’alimenter, les personnes se recréent un réseau social et améliorent leur qualité de vie.

«Les personnes que nous aidons sont en majorité désorganisées financièrement à la suite d’événements hors de leur contrôle, comme une perte d’emploi, la maladie, des problèmes de santé mentale, une séparation ou de la violence. On reçoit aussi des personnes qui ont travaillé toute leur vie, mais qui se retrouvent soudainement sur l’aide sociale, avec 589 $ par mois pour une personne ou 913 $ pour un couple. Le paiement de leur loyer représente 50 % de leurs revenus. La plupart vivent rapidement de l’endettement afin de payer le loyer, l’électricité, le chauffage, le téléphone et les assurances. Il y a aussi des personnes qu’on ne verra qu’une fois parce qu’elles sont en attente de revenus : chômage, aide sociale, prêts étudiants, CSST, salaires ou assurances.»

«En tant que directrice du Carrefour d’entraide depuis 23 ans, je suis toujours aussi touchée par la détresse et le courage des personnes qui nous consultent et qui se reconstruisent à partir de presque rien. Et je suis toujours impressionnée par le travail colossal accompli en intervention et aux cuisines collectives. Que feraient ces personnes en détresse si notre organisme n’existait pas?», se questionne Lise Ledoux en terminant.

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