Les dix ans de Marcel Marier à la mairie de Drummondville auront été déterminants

Par Gerard Martin

Si pour les plus jeunes de nos concitoyens le nom de Marcel Marier n’invoque peu ou pas de souvenirs, sinon qu’il y a chez nous une rue qui porte son nom, il n’en demeure pas moins que ce Drummondvillois de souche, qui vient de nous quitter à l’âge vénérable de 99 ans, a marqué de façon significative l’histoire moderne de notre ville.

M. Marier aura été maire de Drummondville durant presqu’une décennie, de janvier 1956 à avril 1965 en fait, soit jusqu’à sa démission survenue quelques mois seulement après avoir été élu pour un 4e mandat.

Ce départ, disons-le, aura ouvert la porte au regretté Philippe Bernier.

On retiendra toutefois que cet avocat de profession, fils d’un non moins prestigieux disciple de Thémis, Joseph Marier en l’occurrence, aura surtout succédé à Jean-Berchmans Michaud à la mairie alors qu’il a défait celui qui était alors en place lors d’une élection mémorable.

Le nouveau magistrat n’était pas étranger à la chose municipale puisqu’il avait occupé successivement, au cours des 21 années précédentes, les postes stratégiques d’assistant-greffier, puis de greffier de la Ville.

Marcel Marier a également laissé sa marque dans la mémoire collective drummondvilloise pour avoir été le 7e président du conseil d’administration de L’Union-Vie, et ce, durant 20 ans, soit de 1965 à 1985.

Noël Sylvain, qui l’a remplacé à ce poste pour les 13 années suivantes, conserve un très bon souvenir de celui qu’il n’hésite pas à qualifier de son mentor.

Même si Marcel Marier a quitté Drummondville en 1965 pour aller exercer une fonction importante au contentieux de la Ville de Montréal, avant de devenir, deux ans plus tard, juge à la Cour municipale de Montréal, Noël Sylvain est en mesure d’affirmer que l’ex-maire a conservé jusqu’à la toute fin de sa vie un profond attachement à sa ville d’origine.

Il y est revenu d’ailleurs à plusieurs reprises au cours des années, tantôt par affaires, tantôt pour y rencontrer ses proches.

M. Sylvain, qui a eu plusieurs contacts professionnels et au plan personnel avec Marcel Marier, en garde un souvenir impérissable.

«L’efficacité dans l’harmonie et le respect des gens», voilà les premiers mots qui me viennent pour résumer l’action de cet homme ayant joué un rôle significatif dans l’histoire de Drummondville.

L’historien

Qui dit histoire dit historien et, à cet égard, Noël Sylvain nous a invité à consulter l’œuvre préparée par Jocelyn Fournier en 1985 à sa demande relatant le parcours des sept premiers présidents de l’Union-Vie, M. Marier étant le 7e.

Grâce au réputé historien, on y apprend plein de choses sur Marcel Marier à partir de son enfance jusqu’à son départ pour Montréal.

Il est né à Drummondville donc, en août 2012, devenant l’aîné d’une famille qui comptera finalement neuf enfants.

Dotée d’une intelligence supérieure, le jeune Marcel a entrepris ses études dès l’âge de 5 ans sous la férule de sa tante Anna, si bien qu’à l’âge précoce de 10 ans, il est prêt à entreprendre ses études classiques au Séminaire de Nicolet.

Il terminera ces dernières au Collège Saint-Laurent avant de s’inscrire à la Faculté de Droit de l’Université Laval de Montréal.

Il ira exercer sa profession d’avocat avec son père, mais ne pourra profiter très longtemps de son expertise car le 17 août 1936 Joseph Marier est élu député unioniste de Drummond, amenant le jeune diplômé à prendre tout de suite les bouchés doubles à la tête de l’étude.

Cela n’empêche surtout pas Marcel Marier, le 28 juillet 1936, d’unir sa destinée à celle de Marguerite Salette, une Montréalaise avec laquelle il aura 4 enfants: Jean, Louise, Andréa et Pier-Antoine.

Marcel Marier, les plus vieux d’en souviennent, était également un très habile sportif.

Il a excellé au tennis, une discipline qu’il a pratiquée jusqu’à un âge élevé.

Il a également joué du hockey de haut niveau alors que, par exemple, au cours de la saison 1935-1936, il portait les couleurs de l’équipe de Drummondville qui évolue au sein de la Ligue de hockey provinciale.

Il complète alors un dangereux trio avec Albert Corriveau et Philippe Poirier.

Pour en revenir à ses faits d’armes à la mairie, l’historien Fournier rappelle que son premier mandat, qui débute le 1er février 1956, a surtout été consacré à l’assainissement des finances municipales et à une volonté de répartir plus équitablement le fardeau financier en imposant la «taxe de locataire».

Il a également beaucoup fait pour attirer l’industrie par la mise sur pied d’un comité et par la construction d’un aéroport plus fonctionnel.

Pas surprenant donc qu’au printemps 1959, il est réélu sans opposition.

Lors de l’élection de mai 1962, l’ancien maire J.-Berchmans Michaud surprend un peu tout le monde en se présentant pour une deuxième fois contre M. Marier, mais mal lui en pris car il est réélu avec une majorité confortable.

D’ailleurs, au cours de ce troisième mandat, on retrouve le maire de Drummondville à titre de président de l’Union des Municipalités.

C’est également au cours de ce 3e mandat qu’il est appelé à siéger au sein du c.a. de L’Union-Vie dont il en deviendra éventuellement président le 19 avril 1965, et ce, jusqu’en août 1985.

Quelque jours après avoir accepté cette présidence, Marcel Marier est élu pour une 4e fois à la mairie, si bien que l’on croit que le record de 12 années successives en tant que Premier Magistrat détenu par le notaire Moisan est à sa portée, mais contre toute attente, le 4 septembre 1965, il présente sa lettre de démission dans le contexte que l’on sait.

Cette démission a eu l’effet d’une bombe dans la communauté drummondvilloise, mais une fois le choc passé, tous s’accordent pour dire que M. Marier aura été un grand maire.

L’échevin J.A. Michaud, dans une déclaration faite en son nom et en celui de ses collègues, a bien résumé les sentiments de tous en disant qu’au cours de ses dix années comme maire, Marcel Marier a su allier une compétence administrative indiscutable, un sens inné de la diplomatie et un art consommé dans ses relations avec ses collègues du conseil et ses concitoyens.

L’espace nous manque pour rapporter toutes les réalisations qu’on lui attribue, mais on se souviendra qu’elles auront été importantes dans la progression de la grande ville qu’est devenue Drummondville.

L’honorable juge Marcel Marier est donc décédé, à l’hôpital Lakeshore, le 3 février dernier.

Sa famille accueillera ceux et celles désirant lui rendre un dernier hommage, le samedi 18 février, dès 14 h 30, au Complexe funéraire Urgel Bourgie, 3955 Côte de Liesse (angle boulevard Sainte-Croix), à Ville Saint-Laurent.

Les funérailles suivront au même endroit.

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