Le taux de suicide est en baisse à Drummondville

Par Maxime Rioux

La directrice générale du Centre d’écoute et de prévention suicide (CEPS) Drummond, Sandrine Van Houtte, a eu une excellente idée l’an dernier. Cherchant à mieux comprendre la problématique du suicide dans la région, elle est à l’origine d’un projet ayant permis la création d’un nouvel outil de travail pouvant servir à tous les intervenants du milieu oeuvrant dans la région Mauricie/Centre-du-Québec. Dans ce document, on apprend notamment que le taux de suicide est en baisse à Drummondville.

Les données recueillies, validées et entrées dans ce nouveau document ont récemment été présentées aux responsables de l’Agence de la santé et des services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec (ASSSMCQ) qui ont salué l’initiative de Mme Van Houtte.

«Je souhaitais créer un outil qui permettrait d’avoir une meilleure compréhension de la problématique du suicide sur notre territoire, explique d’emblée Mme Van Houtte. Une personne a travaillé à temps complet sur ce dossier l’été dernier. Nous avons ainsi pu répertorier le nombre de suicides survenus dans chaque ville et municipalité de la région Mauricie/Centre-du-Québec, de 2000 à 2009, en plus de connaître le sexe des personnes, leur âge et les moyens utilisés. Ce document nous permet déjà de mieux cibler les besoins en matière de prévention.»

Dans la région Mauricie/Centre-du-Québec, il arrive souvent que les cinq centres de prévention en suicide doivent se pencher sur des problématiques communes. En ce sens, le récent document pensé par Mme Van Houtte s’avérera assurément un outil des plus performants.

«Grâce à ce travail de recherche, nous sommes maintenant en mesure d’aller directement à la source du problème. Pour ce faire, nous nous devions d’avoir un portrait fiable de la réalité. En identifiant les personnes qui sont plus à risque de poser un geste désespéré, nous améliorons grandement la portée de notre travail de prévention», assure cette dernière, qui précise que toutes les données en lien avec les renseignements contenus dans le document émanent du Bureau du coroner du Québec.

À ce sujet, Sandrine Van Houtte précise que les hommes de 40 à 60 ans seront principalement visés par les prochaines campagnes de sensibilisation et les différents outils qui seront déployés dans le but de promouvoir la prévention.

«Nous lancerons assurément une campagne visant à interpeller ces hommes et, pour ce faire, nous serons notamment présents sur les lieux de travail», partage la dg du CEPS Drummond.

Ainsi, l’idée de concevoir un nouvel outil de travail a été encensée par les gens de l’ASSSMCQ, qui ont aussi recommandé aux responsables des quatre autres centres de l’utiliser.

«Nous avons la chance de travailler avec une agence (l’ASSSMCQ) qui est très engagée et qui se montre intéressée par nos démarches. C’est une belle chance d’avoir ça, une force», se dit d’avis Sandrine Van Houtte.

Sentinelles

Depuis 2006, les cinq centres de prévention du suicide de la région Mauricie/Centre-du-Québec forment des «sentinelles», c’est-à-dire des personnes servant de ressources aux gens qui se retrouvent confrontés à des problèmes personnels.

«Les «sentinelles» sont préalablement ciblées et outillées en vue de devenir des ressources dans leur milieu. Elles sont en mesure d’identifier les gens qui vivent des problèmes personnels et de les référer aux bons endroits ou vers les organismes concernés. Grâce à nos «sentinelles», nous sommes présents dans les milieux agricoles, scolaires, communautaires ainsi que dans les entreprises», expose la directrice du CEPS Drummond.

Pour arriver à rejoindre les hommes de 40 à 60 ans, soit les plus susceptibles de commettre l’irréparable selon la récente étude, de nouvelles «sentinelles» seront formées et déployées en divers endroits dans la région.

«Un nouvel agent de développement entrera bientôt en fonction afin de déployer des réseaux de sentinelles dans le monde de l’entreprise. Nous allons essayer de trouver les meilleures pistes pour arriver à notre objectif», assure Sandrine Van Houtte.

Moins de suicide

À certains égards, de bonnes nouvelles se dégagent de ce récent portrait. Par exemple, à Drummondville, une baisse du taux de suicide a pu être observée entre 2000 et 2009.

«En 2002, on répertoriait 24 suicides. En 2003, ce chiffre avait encore monté jusqu’à 26. En 2009, 10 suicides ont été commis sur le territoire de la ville de Drummondville», fait ressortir Mme Van Houtte.

À la lecture de ce document, on apprend aussi que 201 suicides ont été commis dans la MRC de Drummond de 2000 à 2009 (97 000 habitants). De ce nombre, la plupart des personnes ayant mis fin à leurs jours avaient entre 40 et 60 ans. Parmi elles, les femmes étaient principalement âgées de 40 à 59 ans alors que chez les hommes, le groupe d’âge cible était de 30 à 60 ans.

«La tranche d’âge qui va de 30 ans à 40 ans est nouvelle», note Mme Van Houtte à propos de ces nouveaux chiffres.

En ce qui a trait au service d’écoute offert par le CEPS Drummond, force est de constater qu’il sert bien la population.

«Le nombre d’appels se maintient autour d’environ 3000 chaque année», indique Sandrine Van Houtte à ce sujet.

Rappelons d’ailleurs que les personnes qui vivent des problèmes d’ordre personnel et qui ressentent le besoin de parler peuvent composer en tout temps le 1 866 appelle.

Le site Web du CEPS Drummond est le www.cepsd.ca .

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