«Mourir à petit feu»

Par Maxime Coulombe
«Mourir à petit feu»
Feu extérieur. (Photo : Depositphoto)

Fatiguée d’être victime de la fumée dégagée par les feux extérieurs presque quotidiens de son deuxième voisin, une citoyenne réclame l’aide de la Ville de Drummondville qui fait toutefois la sourde oreille depuis plus d’un an maintenant.

Espérant obtenir un coup de pouce des élus municipaux, la dame a rédigé une lettre exposant son problème de long en large. La missive, envoyée le 12 avril 2010 à six conseillers municipaux de Drummondville, est toujours sans réponse. Pour ajouter à son désarroi, la demandeuse a récemment eu la confirmation d’un élu de la Ville que sa requête n’avait pas même fait l’objet de discussions au conseil municipal.

Pendant que sa lettre dort à l’hôtel de ville, la femme continue de se faire «boucaner», selon ses dires, et ce, été comme hiver puisque ledit voisin chauffe sa résidence à l’aide d’un poêle à bois la saison froide venue.

«La fumée de ces feux se rend dans ma cour, se répand dans mon logement, affecte mon bien-être et ma santé en plus de salir les murs intérieurs et extérieurs de ma maison.» C’est en ces termes qu’est décrite, dans la lettre en question, la situation de la dame résidant dans un quartier où les logements sont très rapprochés. «Je dois réagir en fermant toutes les fenêtres de ma maison durant les soirées chaudes d’été. (…) Les lendemains matins, tout sent la fumée à l’intérieur et à l’extérieur de ma maison», poursuit-elle.

Il n’y a pas que l’odeur qui incommode la citoyenne, les problèmes de santé qui en découlent aussi. Les maux de tête et les étourdissements font partie du quotidien de celle qui a combattu un cancer. S’étant bien documentée sur le site web de Santé Canada, cette dernière a soigneusement pris le soin de joindre quelques effets nocifs de la fumée de bois dans la lettre envoyée l’année dernière. «Allons-nous continuer de mourir à petit feu?», s’interroge-t-elle.

La femme qui préfère garder l’anonymat n’a tout simplement pas de recours. C’est qu’aucune réglementation municipale n’empêche son deuxième voisin d’agir comme il le fait. «Tant que la ville ne changera pas sa réglementation (…), on ne peut rien faire», s’est fait répondre la résidente incommodée par la fumée, et ce, autant par les pompiers que par des représentants municipaux.

Seuls les propriétaires en milieu rural sont assujettis à un règlement émis par le Service de sécurité incendie de Drummondville : «Nul ne peut se permettre ou tolérer que la fumée provenant de la combustion des matériaux utilisés pour un feu, se propage dans l’entourage de manière à nuire au confort d’une personne habitant le voisinage ou que cette fumée entre à l’intérieur d’un bâtiment occupé», stipule le document.

Mais, aucune norme de la sorte n’est en place en milieu urbain. Pourtant, les annonces de la Ville en lien avec l’amélioration de la qualité de vie et la qualité de l’air se multiplient depuis quelque temps. Déjà en 2009, le bulletin municipal mensuel soulignait que «la Ville souhaite poursuivre et intensifier ses démarches pour mettre en place des conditions qui favoriseront la protection de l’environnement et l’amélioration de la qualité de vie de chacun.» C’est contre ce double message que la femme en a. «Quand on vit dans des maisons en rangés, on ne peut pas vivre comme si on avait un grand terrain», ajoute-t-elle.

Allant même jusqu’à consulter une avocate, la dame à court de solutions s’est fait répondre que ses deux seules options étaient de déménager ou de présenter sa situation à un journaliste. Puisque le déménagement n’est pas envisageable, elle espère que ce cri du cœur fera changer les choses.

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