À la Commission scolaire des Chênes, on crie à la trahison

Par Gerard Martin
À la Commission scolaire des Chênes, on crie à la trahison
Entourées des directrices adjointes Carmen Lemire et Chantal Sylvain

L’heure n’est pas aux réjouissances, tout au contraire, à la Commission scolaire des Chênes, plus particulièrement au centre administratif Saint-Frédéric, où les quelque 150 membres du personnel qui y oeuvrent ont appris, mercredi, qu’ils feront en bonne partie les frais des nouvelles règles budgétaires décrétées par le gouvernement Charest.

Lors d’une conférence de presse tenue dans les heures suivant une rencontre avec le personnel concerné, Jeanne-Mance Paul et Christiane Desbiens, respectivement présidente et directrice générale de l’organisme, ont établi à 1,2 million $ la hauteur des compressions que la CSDC devra retrancher de son prochain budget dans la foulée des 110 millions $ réclamés au réseau scolaire en ciblant le secteur administratif.

Cette situation est d’autant plus inadmissible qu’elle arrive au moment où les choix budgétaires des commissions scolaires sont arrêtés pour la prochaine année scolaire.

Accompagnées des directrices adjointes Carmen Lemire et Chantal Sylvain, du secrétaire général Bernard Gauthier, du vice-président Jean-François Houle et du commissaire Bernard Nault, Mmes Paul et Desbiens ont clairement établi que ces coupures, qu’on le souhaite ou non, toucheront inévitablement les services aux élèves.

«Les services fournis par notre commission scolaire sont indissociables des services offerts aux élèves. Il est impossible de croire que les services aux élèves ne seront pas affectés et les gens qui pourraient imaginer une telle chose ne connaissent pas la nature des services offerts par le personnel du centre administratif», a clamé Jeanne-Mance Paul

Trahison

Cette dernière n’a pas caché que la CSDC, tout comme les autres commissions scolaires du Québec, a été pris de court par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) avec sa consultation sur le projet de règles budgétaires arrivant après un discours sur le budget n’annonçant pourtant rien de tel.

«Le premier ministre a fait de l’éducation la priorité de son discours inaugural, annonçant de nouveaux investissements dans les nouvelles technologies et les équipes sportives qui se sont concrétisés dans le budget, mais on se rend compte maintenant que le gouvernement avait gardé sous silence des compressions sans précédent dans les règles budgétaires. Comment peut-on, d’un côté, demander aux commissions scolaires d’acheter des tableaux interactifs et des portables que le réseau scolaire n’a jamais réclamés et, de l’autre, imposer des compressions de cette ampleur au système public d’éducation?», a questionné la présidente Paul en rajoutant que c’est du jamais vu depuis 1998.

Cette dernière affirme que le conseil des commissaires de la CSDC et la population qu’il représente ne peuvent faire autrement que de se sentir trahis, alors que lors de son budget, le ministre des Finances avait affirmé que les coûts de système en éducation étaient financés en totalité.

«Cela s’avère maintenant faux puisque le MELS demande à la CSDC de combler un manque à gagner de 1,2 million $, sans affecter les services aux élèves, ce qui est évidemment impossible», a soumis Mme Paul non sans rappeler que les frais d’administration des commissions scolaires sont pourtant, à 5%, les plus bas dans le secteur public.

Formation professionnelle

Au moment de la conférence de presse, la CSDC n’était pas en mesure de dire avec précision de quelle façon on réalisera l’ensemble de ces compressions.

Chose certaine, le matin même, on a avisé le personnel du centre administratif que les congés sans solde ne seront pas remplacés, qu’il y aura des déplacements de personnel, que certains services ne pourront plus être offerts aux écoles, qu’il y aura une révision du plan d’effectifs, etc..

Sans donc élaborer, si ce n’est qu’en fournissant des exemples de mesures qui devront être prises, Christiane Desbiens n’a pas hésité à qualifier de jours sombres la tâche qui attend les administrateurs de la CSDC en raison de ces compressions.

On sait déjà cependant qu’il y aura 730 000 $ en ajustements négatifs au financement des services et que la formation professionnelle sera durement touchée puisqu’elle devra composer avec 300 000 $ en moins au moment où elle accueille une nouvelle option et que l’on doit relocaliser le département de charpenterie/menuiserie.

Un autre montant de 100 00 $ passera dans le tordeur sous l’impulsion de la loi 100 par la réduction des dépenses en publicité et le non remplacement d’un poste sur deux lors des départs pour la retraite dans le secteur administratif.

Le gouvernement Charest a poussé son appétit à l’endroit des commissions scolaires en leur demandant également de lui retourner l’excédent des soldes perçus en taxes.

Si les dirigeants de la CSDC conviennent qu’il y aura encore un enseignant par classe, c’est au niveau des services périphériques, laisse-t-on à entendre, que les écoles seront touchées puisque l’on ne sera pas en mesure d’assurer le même niveau d’encadrement.

On pense, entre autres, aux conseillers pédagogiques et autres spécialistes qui viennent en support aux enseignants.

«L’équité pour nos écoles qui sont dans des milieux différents (lire moins favorisés) sera sans doute difficile à atteindre», a exprimé Jeanne-Mance Paul.

On ne se cache pas non plus que certains partenariats devront être questionnés dont probablement celui, par exemple, lié à la demande d’obtention des Jeux du Québec.

Comme ces compressions sont récurrentes, on ne s’inquiète pas seulement pour l’an prochain, mais aussi pour les années à venir.

Tout ça arrive également au moment où la Commission scolaire des Chênes s’apprête à ouvrir une nouvelle école primaire sur le territoire en septembre prochain et qu’une autre pointe à l’horizon pour la rentrée suivante.

Outre les conséquences de ces compressions, Jeanne-Mance Paul n’est pas sans déplorer que dans ses règles budgétaires, le MELS tente d’imposer des choix de gestion aux commissions scolaires, ce qui, selon elle, va complètement à l’encontre de leur autonomie en tant que gouvernements locaux.

«Nous sommes dans l’obligation d’avouer notre incompréhension totale face à l’attitude du ministère de l’Éducation du Loisir et du Sport qui, malgré la collaboration et le partenariat qui caractérisent habituellement notre relation, a gardé le silence complet sur cette situation», a conclu Jeanne-Mance Paul en invitant les partenaires de la CSDC à se mobiliser contre ces importantes compressions.

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