ÉCONOMIE. À un mois de Noël, la grève de Postes Canada est un coup difficile à encaisser pour les petites entreprises drummondvilloises. Celles qui vendent leurs produits exclusivement en ligne sont forcées d’interrompre leurs commandes, en attente d’alternatives.
Depuis que la grève de Postes Canada a été lancée, vendredi dernier, la propriétaire de l’entreprise Skirties, Claude-Hélène Desrosiers, est plongée dans le néant. Celle qui vend des jupes faites de saris recyclés rejoint une communauté en ligne à différents endroits à travers le globe, allant du Canada, des États-Unis à l’Europe.
Du jour au lendemain, elle s’est retrouvée dans l’impossibilité d’expédier ses commandes avec son transporteur habituel. «J’ai envoyé des colis juste avant que la grève soit déclenchée. Pour le moment, ils restent dans les bureaux de Postes Canada. De mon côté, je ne peux pas récupérer mes colis et je ne peux pas faire avancer ça plus vite. Je ne peux pas rien faire», exprime-t-elle.
La grève actuelle perturbe les plans de l’entrepreneure. La Drummondvilloise organise un échange de Noël. Le principe est simple. Chaque participante envoie une jupe et en reçoit une nouvelle. Cette tradition perdure depuis maintenant quatre ans. «Je coordonne tout ça. Pour le Canada, ça tombe entièrement à l’eau. C’est sûr qu’elles n’auront pas leur jupe à temps pour Noël. Je ne suis pas très positive face à ça.»
Les petites entreprises n’ont d’autre choix que de se tourner vers un autre transporteur, mais ce n’est pas si simple.
«Le prix le plus concurrentiel a toujours été avec Postes Canada. J’ai regardé pour le fun les autres compagnies. C’est minimum le double ou le triple du prix de Postes Canada», indique celle qui évalue ses options.
L’entreprise Fleuriska est dans la même situation. Les entrepreneurs Joanie M. Dion et Jean-Michaël Labbé vendent la majorité de leurs produits en ligne. Les Drummondvillois sont en mode solutions. «Je travaille pour essayer que les produits soient quand même acheminés pour ne pas priver les clients, quitte à absorber les coûts», fait savoir Joanie M. Dion.
Cette dernière a fait des démarches auprès des autres transporteurs. «Il y a un responsable qui est censé entrer en contact avec moi pour créer un dossier et voir les besoins au niveau de l’envoi de colis. J’ai fait mes demandes, mais ils doivent être surchargés d’appels. Je suis en attente.»
Résultat : l’achat local en paie le prix, se désole-t-elle. «Je trouve dommage que les gens qui souhaitent nous encourager soient privés d’effectuer leurs cadeaux du temps des Fêtes, de peur de ne pas les recevoir à temps.»
Heureusement, Fleuriska peut compter sur les marchés de Noël, ce qui offre à la clientèle la possibilité d’acheter ses produits.
Reste que le temps des Fêtes représente la période la plus occupée de l’année chez les petites entreprises. «On compte sur ces semaines-ci pour faire nos objectifs de ventes annuelles», soutient la copropriétaire de Boucle La, Virginie Audet-Vallée.
Les entrepreneurs ont récemment lancé une vente à l’occasion du Vendredi fou, sur la plateforme Etsy. Les Cyrillois sont freinés dans leur lancée, alors que les commandes ne peuvent être expédiées pour le moment avec Postes Canada.
«J’ai entre autres une cliente avec un fils qui a de grandes difficultés motrices (autiste), qui a brisé des lacets et qui demeure à grande distance de Drummondville. Les frais pour poster en colis sont six fois plus élevés que par le courrier régulier de Postes Canada. Elle attend donc de voir ce qui va se passer avec la situation.»
L’entreprise, qui vend des lacets élastiques sans boucles, poursuit ses recherches dans le but de trouver un transporteur à prix abordable.
Rappelons que les quelque 55 000 travailleurs de Postes Canada ont déclenché une grève nationale le 15 novembre.
Depuis, toutes les activités de Postes Canada sont sur pause, touchant ainsi des millions d’entreprises et de personnes au pays. Autrement dit, le courrier et les colis ne seront ni traités ni livrés, à l’exception des articles se trouvant déjà dans le réseau postal. Il faut donc s’attendre à des retards de livraison.
Des salaires équitables, des conditions de travail sécuritaires, le droit à une retraite dans la dignité et la diversification des services offerts par le service postal public constituent les principales revendications.