COMMUNAUTÉ. Si rien ne change d’ici l’été prochain, il n’y aura pas de camp de jour pour les adolescents de 13 ans et plus à besoins particuliers au Centre communautaire Drummondville-Sud (CCDS). Rongés par l’inquiétude, les parents concernés lancent un cri du cœur.
Lorsqu’elle a appris la nouvelle, Carine Trouillot n’y croyait pas. «Je pensais que le camp de jour existait depuis toujours et que ça allait continuer. Je m’aperçois que rien n’est acquis», souffle-t-elle.
Celle qui est originaire de la France habite à Drummondville depuis neuf ans avec son conjoint Romaric Drezet. La mère de famille a travaillé au sein d’un service de garde pour les enfants à besoins particuliers. Elle connaît très bien cette clientèle puisque son fils, Alan, est atteint de trisomie 21.
Le jeune garçon est un habitué du camp de jour du CCDS. Il a tissé des liens uniques au fil des ans. «Alan avait quatre ans la première année qu’on est arrivé. Il est allé à Drummondville-Sud. Il a rencontré son accompagnatrice et elle est restée une amie de la famille. On est toujours en contact», raconte-t-elle.
Un tel service ouvre la porte à l’inclusion et l’intégration des enfants à besoins particuliers. Alors qu’ils ont une vie sociale et amicale restreinte, le camp de jour est une façon pour eux de faire de nouvelles rencontres à travers toutes sortes d’activités, souligne Carine Trouillot.
Celui qui soufflera bientôt ses 13 bougies n’aura plus accès à ce service l’été prochain. Carine Trouillot a récemment été informée que le CCDS n’a plus les fonds nécessaires pour maintenir le camp de jour à la clientèle de 13 ans et plus à besoins particuliers.
La mère de famille baigne dans l’incertitude. «On a une entreprise. Je dois travailler quand même. On fait quoi? On l’amène au travail et on l’occupe comment? Il faut toujours avoir l’œil dessus. On ne peut même pas aller aux toilettes s’il n’y a personne qui le surveille. Sinon, il fait des bêtises.»
Les Drummondvillois Martine Proulx et Sylvain Côté sont également concernés par la situation. Leur fils Lucassie, âgé de 12 ans, a une déficience intellectuelle de moyenne à profonde avec un syndrome de Rahman (hist1h1e). «Il a plusieurs problématiques physiques comme une scoliose et une difficulté au niveau de l’équilibre, indique sa mère. Socialement, il va bien. Il parle aux gens, mais il a des difficultés de langage.»
«Il ne peut pas être seul à la maison. Pour nous, c’est hyper important qu’il soit dans un endroit sécuritaire et sécurisé où il y a des gens qui sont formés. Il faut toujours penser aux dangers qui l’entourent», complète-t-elle.
Le couple se dit plongé dans l’angoisse et l’inquiétude, en vue de l’été prochain. «On veut quelque chose pour nos jeunes. On veut qu’ils soient heureux. On veut qu’ils aient un été où ils vivent des activités et ils s’épanouissent», dit Martine Proulx.
Pour sa part, Karine Veilleux a évalué ses options, mais elle s’est retrouvée à la case départ.
Si le statu quo est maintenu, l’enseignante de métier devra garder son enfant à la maison, ce qui représente une charge mentale. «Pour être honnête, je suis déjà fatiguée en pensant à mon été. Je pense à Éli. Un moment donné, je vais plafonner dans mes idées et ma planification.»
«Je ne lui ai pas encore expliqué la situation parce qu’il n’a pas la notion du temps et je sais que ça va être la crise. Il a un attachement profond envers son accompagnateur et Natalie (Théroux, la directrice générale du CCDS)», exprime-t-elle.
Selon elle, le camp de jour devrait être maintenu par souci de cohérence avec le modèle scolaire, alors que les élèves à besoins particuliers sont pris en charge de 5 à 21 ans dans les écoles.
C’est pourquoi les parents unissent leurs forces pour lancer un cri du cœur. «Il faut qu’un dirigeant prenne le leadership», réclame Karine Veilleux.
Notons que le CCDS est le seul centre communautaire qui accueille les adolescents à besoins particuliers de plus de 13 ans sur le territoire. L’été dernier, le camp de jour a accueilli plus de 25 enfants.
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