De l’aurore jusqu’aux étoiles : le défi colossal d’Éric Fafard

De l’aurore jusqu’aux étoiles : le défi colossal d’Éric Fafard
Éric Fafard en action lors de sa dernière participation au «Canada Man/Woman XTRI World Tour» de Lac-Mégantic. (Photo : gracieuseté)

TRIATHLON. Près de quatre kilomètres à la nage dans les eaux glaciales du lac Mégantic. Une épreuve exténuante de 180 kilomètres à vélo. Une course à pied de 42 kilomètres. Le tout, à travers un dénivelé positif de 4500 mètres! Voilà le défi colossal que s’apprête à relever Éric Fafard le 6 octobre prochain.

À 51 ans, l’athlète originaire de Saint-Guillaume se prépare à rivaliser avec certains des meilleurs triathlètes de la planète dans le cadre de la septième édition du fameux «Canada Man/Woman XTRI World Tour» de Lac-Mégantic. Réunissant près de 200 athlètes en provenance de dix pays, ce triathlon extrême de longue distance est considéré comme le plus exigeant des Amériques selon Triathlon Magazine Canada.

Pour Éric Fafard, qui portera les couleurs du club Triomax de Drummondville, il s’agira de son septième Ironman en carrière et de sa troisième participation à l’événement méganticois. En 2018 et en 2019, cette course d’endurance se déroulait durant l’été plutôt qu’à l’automne.

«Le défi sera encore plus grand cette année, parce que l’eau va être froide, a souligné Éric Fafard dans une entrevue accordée à L’Express. Tu as de la misère à respirer quand tu nages. Après ça, tu pars en vélo, mais ton énergie est à plat presque tout le long, tant que tu n’es pas réchauffé. C’est sans compter que je vais finir à la noirceur.»

Le fil d’arrivée est situé à l’observatoire au sommet du mont Mégantic. (Photo : gracieuseté)

Seule étape canadienne de la prestigieuse série mondiale XTRI World Tour, qui se déroule dans 13 pays, le triathlon de Lac-Mégantic est reconnu pour son parcours ardu. Les athlètes auront jusqu’à minuit pour atteindre l’observatoire au sommet du mont Mégantic après avoir parcouru un total de 225,8 kilomètres depuis l’aurore jusqu’aux étoiles.

«Le mont Mégantic, je vais le monter à la lampe frontale. La température va chuter. Ce sera un défi supplémentaire. Courir dans le bois, à la noirceur, avec des roches et des racines, surtout quand tu es bien épuisé, je n’ai pas connu ça encore», a indiqué Éric Fafard.

Ayant fait ses débuts au Triathlon de Drummondville il y a dix ans, Éric Fafard est rapidement devenu un spécialiste des longues distances. À quatre reprises, il a d’ailleurs complété l’Ironman de Mont-Tremblant.

«Ma force, c’est vraiment l’endurance. J’aime ça pousser la machine et me fixer des défis impossibles à réaliser, a expliqué celui qui a également pris part au Marathon de Boston. Dans une course aussi longue, il faut que tu gères ton énergie du début à la fin. Il ne faut pas que te laisse emporter dans tes émotions. Il faut que tu gères la pédale pour être constant.»

À travers un emploi du temps chargé, lui qui travaille à son compte, Éric Fafard s’entraîne de 15 à 20 heures par semaine pendant plusieurs mois par année.

«Il faut que tu adores ça. Il faut vraiment que tu en manges. Ce que j’aime du triathlon, c’est que c’est très varié. Vu que c’est trois sports dans un, on dirait que tu ne te tannes jamais. Tu t’amuses dans un sport une journée, puis tu passes à l’autre le lendemain.»

Un défi tant physique que mental

Jusqu’ici, Éric Fafard a réalisé les trois distances de façon séparée à l’entraînement. Ce n’est que le 6 octobre qu’il enchaînera les trois épreuves durant la même journée.

«Je ne peux pas faire ça à l’entraînement, sinon ça me prendrait des semaines à m’en remettre. Pour réussir un Ironman aussi extrême que celui-là, il faut que je fasse mes devoirs, sinon je ne passerai pas l’examen! Le plus dur, c’est de se rendre là sans se blesser ni se brûler.»

Éric Fafard. (Photo : gracieuseté)

Lors de cette journée, Éric Fafard sera entouré de cinq assistants qui l’appuieront chacun à leur manière. Cette année, il a fait appel à des amis habitués de participer à des compétitions de type Ironman.

«C’est ce que j’aime du Canada Man : on fait ça avec notre gang. Tout le monde participe. Chacun de mes assistants joue un rôle très important. Moi, je suis un membre de l’équipe comme les autres. Chacun a son travail à faire. Tout le monde s’amuse là-dedans», a raconté Éric Fafard, qui boira environ 12 livres d’eau et avalera 4000 calories durant cette journée.

Alors qu’un membre de cette équipe sera chargé de conduire le véhicule qui suivra Éric Fafard le long du parcours, un autre sera son copilote. Une personne sera responsable de la nutrition tandis qu’une autre se chargera de gérer l’équipement et la mécanique. À travers cette épreuve où il devra repousser ses limites tant physiques que mentales, Éric Fafard pourra aussi compter sur un entraîneur personnel.

«Mon coach va me motiver, me challenger ou me dire de me calmer. Tout le monde va m’encourager, mais mon coach va avoir la tête un peu plus froide que tout le monde. À travers une telle course, tu vas profond dans tes émotions. C’est tellement long que tu vis des hauts et des bas, tu vas d’un extrême à l’autre.»

Évoluant désormais au sein du groupe d’âge des 50-54 ans, Éric Fafard s’est fixé comme objectif de réaliser son meilleur temps personnel à Lac-Mégantic. En 2018, il avait franchi le fil d’arrivée après 14 heures et 45 minutes. En 2019, le chronomètre s’était arrêté après 13 heures et 34 minutes.

«J’aimerais ça faire en bas de 13 heures, mais je suis conscient que je me mets un gros défi. Dans l’eau froide, ce sera automatiquement plus long, parce que je vais devoir m’habiller et me changer. Je suis cinq ans plus vieux aussi! Malgré tout, je vise un podium dans mon groupe d’âge. Si tout roule bien, je pense que j’ai des chances», a conclu le passionné.

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