MAGAZINE. Sara Dufour a-t-elle encore besoin de présentations? La nouvelle étoile de la chanson québécoise ne se doutait pas de l’émoi qu’elle créerait en lançant un simple appel à tous sur les médias sociaux. Entretien avec celle que le Tout-Rouyn-Noranda a voulu aider… à retrouver son fameux petit cœur en or.
Depuis un peu plus de trois ans, le nom de Sara Dufour semble être sur toutes les lèvres. La fierté de Dolbeau-Mistassini, qui a accompagné les Cowboys Fringants lors d’une soirée historique sur les Plaines d’Abraham et qui s’est donnée en spectacle en France et en Chine, vit bien avec sa popularité grandissante.
«Je trouve ça le fun, parce qu’il y a une réponse des gens. Ça fait 12 ans que je suis sortie de l’École nationale de la chanson. Ça fait 12 ans que je travaille fort pour faire ma place, pour taper mon chemin ou ma trail comme j’aime bien dire. C’est le fun de voir que ces efforts-là, ça n’a pas été dans le vide», exprime Sara Dufour dans une généreuse entrevue accordée à L’Express Magazine en marge du lancement de la programmation de la Maison des arts de Drummondville.
«Je trouve ça grandiose tout ce qui s’est passé dans les trois dernières années, poursuit l’auteure-compositrice-interprète avec son accent et son franc-parler typiques du Lac-Saint-Jean. En ce moment, j’ai vraiment beaucoup de plaisir à vivre ma vie, à faire de la musique, à aller vers cette ouverture-là que le public et l’industrie me font.»
Près de dix ans après son passage à l’émission La Voix, Sara Dufour semble avoir charmé le public québécois avec sa simplicité, son authenticité et son énergie débordante.
«Je pense qu’il y a quelque chose de très humain dans ce que je fais. Il y a quelque chose de simple, mais pas simpliste, de l’ordre du quotidien. Parfois, les gens me disent : « On ne se connaît pas, mais j’ai vraiment l’impression qu’on se connaît, qu’on est des amis. » En quelque part, je pense que je raconte un peu notre univers. Je fais de la musique du peuple. Il y a peut-être une partie de la réponse qui est là», laisse entendre l’autrice de Baseball et de Semi‐route, semi‐trail.
À l’aube de ses 40 ans, Sara Dufour a pris un temps d’arrêt pour contempler le chemin parcouru durant la dernière décennie. À plusieurs égards, sa chanson Smile dans face fait allusion à cette prise de conscience.
«Quand je regarde en arrière, je fais comme : « Ayoye! C’est une bonne trail pareil, dans les 10 ou 15 dernières années. » On est responsable des choix qu’on fait. Je suis fière des choix que j’ai fait dans les dernières années. Des fois, on prend des décisions vraiment importantes qui vont faire un tournant dans notre vie. Des fois, c’est de délaisser des choses», confie celle qui s’est lancée dans cette carrière à l’âge de 27 ans.
«Je suis vraiment rendue là, à 40 ans, pis je me dis : « C’est parfait! » Je suis fière de ce que j’ai ramassé comme bagage, comme expérience, d’où je suis rendue, de mon retour en région. Je trouve que tout ça, ça fit. J’ai beaucoup de plaisir encore! Je ne sais pas jusqu’où ça va aller, parce que je sens que cette pente-là monte encore. Je sais qu’à un moment donné, il va y avoir un plateau : tout ce qui monte redescend. Mais je prends encore plaisir à défricher ce qui s’en vient. Je trouve ça le fun d’être où ce que je suis à l’âge que j’ai», ajoute l’ex-comédienne qu’on a pu voir dans la série culte Watatatow.
Un spectacle rassembleur
Avant de débarquer à la Maison des arts le 6 mars, Sara Dufour sera de passage au parc Woodyatt le 13 octobre dans le cadre de la troisième édition du Festival Trad-Cajun. Il s’agira du dernier spectacle de sa tournée estivale Smile dans face.
«C’est un show qu’on a monté exprès pour les festivals, explique-t-elle. Ça décolle et il n’y a pas grand break avant que ça finisse! C’est vraiment dans la face pratiquement tout le long. Pis j’aime ça! J’ai du fun à faire ce show-là. J’ai voulu faire de quoi de dynamique. C’est festif. C’est rassembleur. C’est familial aussi. Ça ne s’adresse pas à un type d’âge en particulier : moi, je ramasse tout le monde!»
Et d’une soirée à l’autre, chaque prestation se distingue de la précédente. «Des fois, il y a quelque chose qui se passe dans la foule, pis je demande à quelqu’un de monter avec nous autres. Je ne sais jamais d’avance quelle spontanéité va se passer! Il se passe toujours plein d’affaires, mais je ne peux pas prévoir lesquelles.»
Une fois cette tournée derrière elle, Sara Dufour rentrera dans ses terres jusqu’en février afin de retourner à la table d’écriture. «C’est sûr que je vais le savourer, ce show-là», laisse-t-elle tomber.
Une leçon humaine
C’est lors de son passage au Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue que Sara Dufour a perdu un souvenir qui lui était très cher. Dans une vidéo, la chanteuse a expliqué que ce bijou appartenait autrefois à sa mère, qui s’est éteinte en 2021. Moins de 48 heures plus tard, le précieux objet était retrouvé.
«Ç’a pas de bon sens! Le dénouement de l’histoire est presque surréaliste. Quand on dit chercher une aiguille dans une botte de foin, c’est vraiment le bon terme. Je m’en revenais de l’Abitibi et j’étais ben découragée. Ce n’est pas le petit cœur qui coûte le plus cher au monde, mais tu ne peux pas mettre de valeur sur un objet sentimental. J’étais ben dévastée de ça.»
En l’espace de quelques heures, plus de 17 000 personnes ont partagé la publication de la chanteuse. «Ils en ont même parlé à Salut Bonjour! Tu ne peux pas prévoir ces affaires-là. Mais ce que je retire de ça, c’est une leçon de vie. Une leçon humaine aussi. Au-delà de ce qui s’est passé, c’est le soutien des gens. Souvent, on dit que c’est rendu un monde individualiste. Mais quand il se passe de quoi, on voit la bonté des gens et leur grand cœur.»
C’est finalement un professeur d’une école de musique qui a retrouvé le fameux petit cœur. Sara Dufour se rendra bientôt à Rouyn-Noranda pour le récupérer.
«Des camionneurs m’ont proposé de me l’amener, mais une petite voix en dedans de moi m’a dit qu’il fallait que j’y retourne pour dire merci aux gens. Je veux redonner à l’école et à la population de Rouyn-Noranda. Je veux redonner au suivant, parce qu’on m’a vraiment donné beaucoup dans cette histoire-là.»
Cet épisode rappelle également à Sara Dufour les mots de sa mère, qui, peu avant de rendre son dernier souffle, lui a prédit «une grosse vague» sur laquelle elle surfe depuis maintenant trois ans. «J’aime penser qu’avec le petit cœur, elle vient de souffler une autre vague qui a redécollé. C’est un beau clin d’œil», conclut la passionnée au sourire contagieux.