FRANCISATION. Depuis une semaine, les travailleurs guatémaltèques de l’entreprise de Saint-Cyrille-de-Wendover, Chanv, suivent des cours privés de français sur une base régulière afin d’améliorer la communication sur les lieux de travail.
Une salle de l’ancien abattoir a été aménagée avec des bureaux, des chaises et une panoplie de tableaux comprenant des mots et expressions québécoises traduites en espagnol. Une trentaine de travailleurs originaires du Guatemala y apprennent les bases de la langue de Molière, pendant environ 90 minutes, au moins une fois par semaine.
Felipe Bocel et Esdras Larez sont bien reconnaissants de l’initiative mise en place par leur employeur. Felipe Bocel mentionne que connaitre des termes de la langue française lui servira quand il voudra sortir pour visiter Drummondville, manger au restaurant ou faire son épicerie.
«C’est une nouvelle expérience qui nous sera grandement utile pour moi et mes confrères dans notre travail au quotidien. On a beaucoup de collègues québécois et apprendre le français nous aidera à mieux communiquer avec eux», explique pour sa part en espagnol Esdras Larez.
Projet de longue date
Le directeur général de Chanv, Dany Lefebvre, raconte que le projet de la classe de francisation remonte à 2019. L’idée ne s’est mise en branle que lorsqu’ils ont reçu le CV de Karolanne Vaillancourt, une formatrice en francisation, il y a deux mois.
En rencontrant les travailleurs guatémaltèques, M. Lefebvre et la directrice de production et responsable du programme des travailleurs étrangers, Erika Correa, ont conclu qu’il serait dans l’intérêt des employés et de l’entreprise de leur faire apprendre le français.
L’objectif principal de cette initiative est de permettre une meilleure communication entre les employés québécois et guatémaltèques ainsi que d’améliorer la productivité à long terme. «On arrive à se débrouiller avec le mixage des deux langues, mais c’est sûr que dans 12 mois, on sera rendu ailleurs. Les minutes qu’on va utiliser pour ces cours, on va les gagner en communication par la suite», avoue M. Lefebvre.
Le directeur général croit que sur le long terme, les travailleurs étrangers pourront également amener des idées plus rapidement et facilement et ainsi être mieux intégrés au sein de l’équipe. «Ces gens-là sont intelligents et ils sont motivés. Tout le monde collabore avec eux dans leur apprentissage et leur immersion en français», s’enthousiasme-t-il.
Il est d’autant plus essentiel pour Chanv de donner les cours de francisation durant les heures de travail contrairement à d’autres entreprises de la région de Drummond. «En dehors de leurs heures de travail, les gars veulent profiter de la vie, discuter avec leur famille, faire leur épicerie et s’amuser un peu. On a construit nos cours selon les heures que l’on croit bénéfiques pour les deux parties», soutient M. Lefebvre.
Erika Correa mentionne que plusieurs travailleurs étrangers lui ont fait part de leur désir de s’établir au Canada. «On essaye de voir comment les gars peuvent rester ici, recevoir leur famille et obtenir leur résidence permanente. La plupart veulent habiter ici et donner une meilleure vie à leurs proches. Grâce au cours de français, certains vont pouvoir passer [le test d’évaluation du français] pour immigrer au Québec», affirme-t-elle.
L’entreprise souligne que la mission des cours de francisation n’est pas liée à l’immigration permanente ou au renouvellement de permis de travail de ses travailleurs étrangers. Par conséquent, les cours ne sont pas reconnus par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, selon Chanv.
Qualité de vie
La compagnie cyrilloise a aussi investi dans la Résidence Chanv, une nouvelle maison corporative située à quelques minutes des lieux de l’entreprise. Elle a pignon sur rue dans les locaux de l’ancienne résidence pour personnes âgées de la rue Saint-Laurent.
Dany Lefebvre explique que l’entente avec l’ancien propriétaire, Patrice Bouvette, s’est faite il y a plus de deux ans. Les employés guatémaltèques y résident depuis le 1er juillet dernier.
La résidence comprend 42 chambres et accueille les 32 travailleurs étrangers de l’entreprise. Chaque chambre peut loger deux personnes et comprend une salle de bain privée.
Felipe Bocel et Esdras Larez adorent l’espace et l’intimité qu’offre la Résidence Chanv contrairement à la dernière où ils logeaient. «Il y a plus de commodités notamment avec la cuisine, le salon et notre espace personnel. Il y a un vrai sentiment d’entraide et de communauté quand on cuisine ensemble», énonce Felipe Bocel.