La gériatrie sociale, une passion pour Stéphane Lemire

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Par William Hamelin
La gériatrie sociale, une passion pour Stéphane Lemire
Stéphane Lemire a eu la chance de travailler avec des gens de Drummondville, notamment au Centre collégial d'expertise en gérontologie du Cégep de Drummondville. (Photo : Gracieuseté Fondation AGES)

MAGAZINE. Pouvoir vieillir tout en étant le plus autonome possible et comprendre les fondements du vieillissement, c’est la mission que se donne au quotidien le médecin spécialiste en gériatrie, ou interniste gériatre, Stéphane Lemire.

Né à Drummondville, l’homme âgé de 47 ans vit maintenant à Québec où il dirige la Fondation AGES en tant que président du conseil d’administration. L’interniste gériatre confie qu’il garde un attachement particulier avec la municipalité centricoise.

«J’ai encore de la famille dans le coin de Drummondville, mais aussi à L’Avenir et à Saint-Germain-de-Grantham. C’est à l’hôpital Sainte-Croix que j’ai fait mon premier stage d’observation en rentrant en première année de médecine», raconte celui qui a grandi à Saint-Cyrille-de-Wendover.

L’importance de l’hôpital Sainte-Croix est indéniable pour le Dr Lemire. C’est là que sa mère a travaillé en tant qu’infirmière et où son père a été hospitalisé aux soins intensifs. Il y est décédé pendant son apprentissage scolaire à l’hôpital.

Même s’il s’ennuie parfois du coin, le Drummondvillois reste idéologiquement très près de sa ville natale. Chaque fois qu’il y retourne, il se donne comme arrêt obligatoire Rose Drummond. Pour lui, c’est un endroit qui non seulement est lié à l’histoire de Drummondville, mais aussi à son évolution au fil des années. «On y offre vraiment des produits «s’a coche» comme on le dit à Saint-Cyrille», ricane-t-il.

Les fondements d’une passion

Stéphane Lemire se remémore que sa relation avec sa grand-mère l’a incité à s’orienter vers la gériatrie. «Mon père a construit notre maison juste à côté de celle de ma grand-mère, ce qui fait que j’ai été très proche physiquement d’elle durant mon enfance», raconte celui qui faisait régulièrement ses devoirs chez elle.

Le médecin spécialiste en gériatrie explique que la gériatrie sociale permet de «venir intégrer les différents morceaux non connectés» du quotidien pour aider les personnes âgées. (Photo : Gracieuseté Fondation AGES)

«Ma grand-mère était quelqu’un en santé, même si elle avait eu des maladies et qu’elle prenait des médicaments. Je voyais qu’elle arrivait, malgré son âge, à être capable de profiter de la vie. C’est durant mes stages en médecine que j’ai eu ce déclic de vouloir mieux comprendre le vieillissement et ainsi aider les gens qui vieillissent à rester en santé comme l’a été ma grand-mère», confie le Dr Lemire.

L’interniste gériatre a ainsi dédié sa carrière professionnelle à la gériatrie sociale. Il explique qu’il s’agit d’un maillage entre la gériatrie, soit l’approche plus traditionnelle qui agit pour soigner les personnes, mais aussi comprendre les phénomènes physiologiques du vieillissement et des maladies touchant les personnes âgées, et la communauté qui englobe les personnes âgées pour ainsi agir en prévention avant que leur situation ne dégénère et qu’elles n’aillent automatiquement à l’hôpital.

«En fait, ce qui est le plus motivant pour moi, en gériatrie, c’est quand tu es capable d’identifier des problèmes chez une personne en perte d’autonomie. En les réglant, on peut ramener la personne à un niveau d’autonomie plus intéressant pour qu’elle puisse profiter un peu plus de la vie», renchérit l’interniste gériatre.

Les quelques trucs que le Drummondvillois recommande, pour ceux qui ont atteint l’âge d’or et souhaitent rester autonomes, sont déjà très connus : une bonne alimentation, la pratique d’une activité sportive et la socialisation. «Les gens cherchent souvent des recettes secrètes, la pilule miracle qui va les garder jeunes toute leur vie. Le truc c’est qu’on n’a pas besoin de commencer à prendre ces habitudes justes quand on est devenu «vieux». Il faut commencer le plus tôt possible», martèle-t-il.

Pour bien vieillir tout en gardant son indépendance physique, Stéphane Lemire souligne qu’une marche de trente minutes tous les jours peut être suffisante pour se tenir en forme. «Il faut mettre son corps un peu au défi. Les gens n’ont pas besoin d’aller dans les extrêmes comme faire des marathons ou des Ironman», précise-t-il.

En février 2024, la Fondation AGES a mis en place la plateforme Agir pour mieux vieillir qui vise à fournir aux aînés et à leurs aidants les informations dont ils ont besoin pour prendre en charge leur état de santé. (Photo : Gracieuseté Fondation AGES)

Transmettre le savoir

En 2013, le Dr Lemire a mis sur pied la Fondation AGES dont le but premier est d’amener les gens à mieux comprendre le vieillissement. Le président fondateur se consacre maintenant à l’organisation de son organisme de bienfaisance et aide son équipe à bien comprendre les enjeux cliniques pour les mettre en pratique au quotidien.

«C’est sûr que je m’ennuie parfois du contact direct avec les patients. Toutefois, à travers les activités de la Fondation AGES, j’arrive à aider plus de personnes que je ne le ferais par moi-même. Comme gériatre, j’aurai peut-être aidé environ 500 personnes dans une année. Mais en seulement cinq ans, de 2019 à 2023, la fondation en a aidé 14 000. Ce n’est pas rien ça», relate celui qui détient une formation en gestion.

En 2019, Stéphane Lemire a également coécrit un livre avec Jacques Beaulieu intitulé Vieillir, la belle affaire : garder son pouvoir d’agir. Une fois de plus, le but était d’amener les gens à mieux comprendre le vieillissement. Il avoue qu’il s’agit là d’un document assez étoffé, fait pour le grand public, et qui donne une soi-disant bonne base pour aller plus loin sur le sujet.

Stéphane Lemire fait part qu’il est actuellement en train d’écrire un nouveau livre. Ce dernier devrait paraître vers le printemps 2025, et il traitera de la gériatrie sociale ainsi que des actions possibles face au vieillissement.

«Pour le moment, je n’ai pas encore de titre définitif. Néanmoins, j’ai envie que ça s’intitule quelque chose comme «Pour en finir avec l’injustice d’être vieux», mais ce n’est pas encore tout à fait ça», conclut le médecin spécialiste en gériatrie.

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