Gilbert Lachance : d’abord le micro, maintenant le piano

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Par William Hamelin
Gilbert Lachance : d’abord le micro, maintenant le piano
La galerie de personnage qu’il a doublé comprend Gru, le père de Caillou, Krusty le clown, Détective Pikachu et Maître Grue dans la série des films Kung Fu Panda. (Photo : William Hamelin)

MAGAZINE. Vous avez très certainement entendu sa voix dans la version québécoise d’un film mettant en vedette Tom Cruise, Matt Damon ou Johnny Depp. Gilbert Lachance est dans le domaine du doublage depuis 35 ans, mais il entame en parallèle une carrière de pianiste avec son premier album de compositions instrumentales originales Cinéma intérieur.

Le Drummondvillois d’origine raconte avoir été initié au piano à son plus jeune âge. «Pour mes parents, c’était important que mes deux sœurs et moi sachions jouer du piano au même titre que lire et compter», explique-t-il.

S’il suit des cours jusqu’à l’âge de 18 ans, il optera pour une carrière en tant que comédien en allant au Conservatoire d’art dramatique de Montréal. Le comédien jouera dans deux pièces de théâtre en 1988 ainsi que dans le téléroman Chambre en ville pour ensuite entamer sa carrière dans le domaine du doublage au Québec.

Pendant des années où il double des acteurs dans diverses productions hollywoodiennes, Gilbert Lachance continue à exercer son art musical, mais uniquement en privé et pour ses proches. «J’étais tellement nerveux de jouer devant un public parce que je voulais bien jouer les morceaux des grands compositeurs de la musique classique qu’on m’avait apprise durant mes cours», confie l’homme âgé de 59 ans.

En 2017, l’actrice et metteuse en scène Michèle Deslauriers, l’ayant entendu jouer, l’invite à interpréter le personnage du compositeur américain George Gershwin dans la pièce de théâtre musicale Edgar et ses fantômes 2. Ce n’est qu’à ce moment qu’il a décidé de passer au-delà de sa peur de la fausse note.

«J’étais très fier après ma première représentation. Je sentais déjà que ça m’ouvrait des portes que je ne m’étais pas permis d’ouvrir jusque-là», s’exclame celui qui jouera également le rôle d’Éric Satie dans l’adaptation française d’Edgar et ses fantômes.

La prochaine étape pour lui était de créer un album de toute pièce, une idée qu’il avait depuis 2017 également. Gilbert Lachance autoproduit et réalise ainsi lui-même son premier album de musique instrumentale Cinéma Intérieur. Le pianiste partage s’être inspiré d’artistes de courant classique comme Erik Satie, mais aussi de la musique jazz, latine et indienne afin de composer les 12 morceaux de son album.

Son titre s’inspire à la fois de sa carrière dans le domaine du cinéma, mais également du fait que sa musique reflète l’imagination des auditeurs. «Chaque morceau est un peu comme une petite histoire sans paroles, avec un début, un milieu et une fin, que chacun peut imaginer dans sa tête. L’auditeur est le héros de ma musique et ma musique crée un espace où se construit l’imaginaire de l’auditeur», détaille Gilbert Lachance.

Sorti le 6 mai dernier, son premier album est composé de morceaux originaux à l’exception de Premier Prélude qui est une reprise d’un morceau du compositeur allemand Jean-Sébastien Bach. (Photo : William Hamelin)

L’homme aux mille et une voix

Depuis qu’il a commencé à faire du doublage avec son tout premier contrat sur la série Les amis ratons dans les années 1990, Gilbert Lachance a doublé plus de 400 acteurs dans des films et des dessins animés selon le site web Doublage Québec. Tout comme le piano, sa passion pour le doublage remonte à sa plus tendre enfance.

«Quand j’étais jeune, j’imitais mes professeurs et je répétais les voix que j’entendais dans des dessins animés. Je faisais toute sorte de bruit. Je me sens chez moi dans un studio de doublage», souligne celui qui a reçu l’auteur de ces lignes dans sa résidence de Boucherville.

«De plus, j’ai été avantagé du fait que chez moi on suivait des cours de diction. J’en ai fait jusqu’à l’âge de 17 ans. C’était un plus pour moi parce qu’une bonne diction est très importante quand on fait du doublage», précise le comédien.

Gilbert Lachance se souvient qu’à ses débuts il était très déterminé à vouloir faire sa place dans cet univers. Le comédien ajoute qu’il a commencé à un moment où des acteurs prometteurs émergeaient à Hollywood. «Dans le doublage, on essaie de faire en sorte que quelqu’un qui double un acteur le fasse sur une longue période. J’ai eu cette chance-là avec Tom Cruise, Matt Damon et Johnny Depp», confie-t-il.

Gilbert Lachance aime contribuer dans des films où il y a du rythme, de l’action et de la comédie, comme ce fut le cas dans la série de films Pirates des caraïbes. «Un film, ça se fait en une semaine parce qu’on ne fait que les dialogues. C’est comme un sprint», illustre-t-il.

À l’époque où il habitait à Laval, Gilbert Lachance enfourchait son vélo et partait porter des cassettes avec ses démos à des directeurs de doublage pour espérer passer des auditions. (Photo : William Hamelin)

«Ce que j’aime avec ce métier, c’est qu’on n’est pas restreint par notre physique pour doubler un personnage. Je peux faire autant des voix graves que des voix aiguës dans une journée. J’apprécie la palette de personnage que je peux faire rien qu’avec ma voix», clarifie celui qui prête sa voix à plusieurs personnages dans la série Les Simpson.

Le doubleur tient à rassurer qu’il ne compte pas arrêter ce métier après le lancement de son album. Il compte poursuivre ses deux carrières en parallèle l’une de l’autre.

Gilbert Lachance sera de passage à Drummondville le 21 août aux jardins extérieurs du Complexe Lemire pour une représentation de ses compositions de son album. Pour ceux qui souhaitent entendre sa voix, il doublera Gru dans le film Détestable Moi 4 qui prend l’affiche le 5 juillet.

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