MAGAZINE. Tout l’été, Bernard Fortin se glisse dans la peau du personnage titre de la pièce Appelez-moi Stéphane, présentée à la Maison des arts Desjardins. Un rôle qui lui permet de piger dans une part plus extravagante de son art.
Deux ans après avoir campé le rôle de Lucien Cheval dans le Dîner de cons à Drummondville, Bernard Fortin interprète Stéphane, un professeur de cours de théâtre du soir charismatique et éclatant. Le public découvrira une autre facette de son talent de comédien.
«Le personnage de Stéphane est le chef d’orchestre de la pièce. Il est présent mur à mur dans toutes les scènes. Il est celui qui fait les liens. C’est un personnage exigeant qui demande du souffle, mais aussi une fantaisie. Stéphane peut passer du dramatique au comique. Il n’est pas un grand comique, mais ce l’est de voir un acteur essayer d’en jouer un qui n’est pas drôle», décrit l’acteur de 67 ans.
Appelez-moi Stéphane se déroule dans un monde complètement à l’opposé de celui du Dîner de cons, mais qui possède aussi une longue feuille de route. «C’est une pièce culte. Elle a été écrite il y a plus de 40 ans. André Robitaille, le metteur en scène, souhaite présenter aux gens des pièces significatives, qui vont accrocher le public et qui ont déjà fait leurs preuves. Pendant qu’on faisait le Dîner de cons, c’est moi qui ai demandé à Monarque si Appelez-moi Stéphane les intéressait», raconte M. Fortin, qui avait déjà joué dans une précédente version de la pièce.
Les gens qui assisteront à l’une ou l’autre des représentations auront la chance de voir à l’œuvre une troupe affichant une chimie palpable. Au moment de l’entrevue, environ deux semaines avant la première, Bernard Fortin témoignait d’une belle ambiance dans les répétitions. Unis, les comédiens s’affairaient à mettre en place leurs enchaînements.
«Mes collègues ont beaucoup d’expérience de scène et de variété. Toute l’expérience qu’ils ont, ils la mettent à profit de façon magnifique et magistrale. C’est une troupe de feu, comme on aime dire dans notre milieu. La mayonnaise prend, les personnages sont en place. On a de bons comédiens pour ce show-là. On a vraiment hâte de l’offrir aux gens et de les amener dans cet univers», s’enthousiasme l’artiste.
Que les gens n’aient jamais vu la pièce ou qu’ils aient vu l’une ou l’autre des versions qui ont été produites à travers les années, Bernard Fortin assure qu’ils la redécouvriront grâce à de nouveaux visages et une nouvelle énergie. «André Robitaille lui amène son énergie. Certaines scènes sont amenées à un autre niveau qu’on n’a pas encore vu», garantit-il.
On pourrait aussi dire que Bernard Fortin fait pratiquement partie des meubles à la Maison des arts. En plus de son apparition dans le Dîner de cons, il est l’animateur des entrevues Plan rapproché diffusé sur la plateforme Ublo.tv de la Maison des arts, sans compter les nombreuses autres collaborations entre les deux. Pour l’acteur, il s’agit d’un endroit où il est rassurant de se retrouver.
«Monarque est associée à la Maison des arts. C’est grâce à Monarque que je me suis souvent retrouvé à Drummondville. J’aime la philosophie de toute l’équipe, à commencer par la directrice Marie-Pierre Simoneau jusqu’à la personne qui tond le gazon! C’est une équipe extraordinaire et un lieu culturel toujours en effervescence. C’est vivant, on est bien pris en charge, on est aimé et apprécié. C’est ce que l’on cherche. Je ne peux pas faire autrement que de mettre cet endroit sur un piédestal», affirme Bernard Fortin.
Il se dit aussi gâté de constater la fidélité du public depuis de nombreuses années alors que la salle est fréquemment pleine à craquer.
Une voix reconnue
On peut souvent reconnaître un acteur par son visage. Pour ceux qui se spécialisent dans le doublage, comme le Drummondvillois d’origine Gilbert Lachance, c’est leur voix qui est reconnue. Bernard Fortin fait partie de ceux qui appartiennent aux deux catégories. Il a interprété Rod Paré dans La Petite vie, Charlie Thompson dans Complètement Lycée et Pierre Lavoie dans Providence. Mais il est également l’une des voix francophones de Tom Hanks et de Woody Harrelson en plus de doubler les personnages de Ned Flanders, du chef Wiggum et du révérend Lovejoy dans Les Simpson ainsi que le Télétubby Tinky Winky.
Au début de sa carrière, le jeune Bernard Fortin ne pensait pas se diriger dans le doublage. C’est son professeur d’improvisation, Hubert Fielden, qui l’a poussé à auditionner pour le doublage de la série Fraggle Rock à Radio-Canada, dans laquelle il a finalement tenu quatre rôles.
«Le doublage est l’une des grandes chances de ma vie. Je ne connaissais pas ce monde lorsque je suis sorti de l’école de théâtre. J’ai fait Fraggle Rock pendant quatre ans et ça m’a permis d’entrer dans ce milieu. J’ai réussi à assimiler la technique rapidement grâce à mon professeur, mais surtout, j’ai cette capacité à moduler ma voix et à créer de nouvelles voix en fonction des personnages», raconte-t-il.
Que ce soit sur scène ou derrière un micro, Bernard Fortin reste en mode jeu. «Pendant un doublage, les comédiens jouent le personnage. Ils prennent la physionomie, les mimiques et le faciès de l’acteur. Ce n’est pas la même préparation. En réalité, il n’y a aucune préparation en doublage. Il y a quand même un petit trac et une petite pression. J’adore toutes ces petites pressions que mon métier me donne. C’est très grisant», partage Bernard Fortin.
Bernard Fortin sera un homme occupé d’ici l’automne. Il tournera la troisième saison de la série Complètement Lycée cet été. Il reprendra aussi les enregistrements de Plan rapproché en septembre. Il est également de la distribution de la série Bon matin Chuck, actuellement disponible sur la plateforme Crave et éventuellement diffusée sur la chaîne Noovo. Il sera de retour pour le doublage de la 35e saison des Simpson en plus d’autres projets de voix et de doublage. L’acteur reprendra ensuite la tournée du Dîner de cons à l’été 2025.
