La fin de l’inscription collective en médecine familiale? (Tribune libre)

La fin de l’inscription collective en médecine familiale? (Tribune libre)
Lettre d'opinion (Photo : Illustration, L'Express)

TRIBUNE LIBRE. L’auteur s’adresse à Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux; André Lamontagne, ministre responsable de la région du Centre-du-Québec, et Sébastien Schneeberger, député de Drummond–Bois-Francs

La population vieillissante du Québec oblige les milieux de travail à s’adapter. Le réseau de la santé ne fait pas exception. Je suis médecin de famille au Centre-du-Québec et comme un grand nombre de mes collègues, j’offre des soins de santé de première ligne dans un groupe de médecin de famille (GMF) regroupant divers professionnels de la santé (infirmières, travailleuses sociales, pharmaciennes, etc.).

Les besoins de santé sont grandissants et il manque au minimum 1500 médecins de famille au Québec. Ainsi, il est devenu évident que l’organisation des soins de première ligne doit être repensée afin d’offrir un meilleur accès à la population générale, notamment aux patients sans médecins de famille. Pour cela, il faudra la collaboration de tous les acteurs du réseau de la santé.

Il y a deux ans, un nouveau concept est apparu à la suite de négociations entre le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et les médecins de famille. Je parle ici de la prise en charge collective. Cela signifie que des patients sont inscrits à une clinique médicale au lieu d’un médecin de famille. L’objectif étant d’orienter le patient au professionnel qui pourra répondre à sa demande, par exemple : une infirmière, une travailleuse sociale, un médecin, etc. Pour les patients orphelins, avoir leurs consultations au même GMF permet un meilleur suivi à long terme étant donné que tous ont accès au dossier médical. Près d’un million de Québécois ont été inscrits grâce à l’inscription collective en seulement deux ans alors que le nombre de Québécois ayant un médecin de famille demeurait plutôt stable au cours des années précédentes. Il est important de rappeler que l’objectif initial de 500 000 patients inscrits a été largement dépassé. Cela démontre la volonté des médecins de famille de contribuer à l’amélioration de la situation. Il est vrai que des ajustements devront être apportés au guichet d’accès à la première ligne (GAP), mais cela demeure une première étape. Ce projet pilote a démontré des résultats encourageants.

Nous avons été très étonnés d’apprendre ce printemps que vous, M. Dubé, ne renouvellerez pas l’entente avec les médecins de famille à compter du 1er juin 2024. Une telle décision est incompréhensible. En pratique, les patients orphelins ont un meilleur accès grâce à la prise en charge collective et la fin de cette entente nuira considérablement. Il est dommage d’y mettre fin au lieu de travailler à son amélioration en collaborant avec les médecins de famille. C’est un recul important dans l’offre de soins en première ligne. Comment pouvons-nous restructurer nos organisations lorsque les ententes changent aux deux ans, et cela, sans aucune prévisibilité du gouvernement comme c’est le cas en ce moment? Beaucoup d’incertitudes persistent. Nous souhaitons que le gouvernement change d’avis rapidement.

En conclusion, je souhaite que les discussions entre le gouvernement et les médecins de famille demeurent constructives, porteuses de solutions et proactives afin d’assurer à notre système de la santé le meilleur des avenirs.

Gabriel Lauzière, médecin de famille de Drummondville

 

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