Pression d’eau dans la Marconi : les résidents s’appuient sur de nouvelles données (mise à jour)

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Par Louis-Philippe Samson
Pression d’eau dans la Marconi : les résidents s’appuient sur de nouvelles données (mise à jour)
Geneviève Béliveau, Claude Pellerin et Alain Landry continuent de dénoncer la faible pression d’eau dans le quartier de la Marconi. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MUNICIPAL. «Ça fait plusieurs fois qu’on dit aux élus et employés de la Ville de venir voir la pression d’eau dans nos maisons et personne ne l’a fait.»

Ces mots de Claude Pellerin, résident de la rue Lapalme, résument l’état d’esprit des gens habitant dans le quartier de la Marconi. Ils ont l’impression de ne pas être écoutés par l’administration municipale. L’Express est allé à leur rencontre et a constaté le débit d’eau de leurs robinets.

Depuis plus de dix ans, ces citoyens réclament une meilleure pression d’eau dans leur maison. Après que la Ville de Drummondville leur a proposé un programme de subvention pour l’installation de surpresseurs domestiques en 2022, les citoyens ont décidé de l’écarter. Ils réclament plutôt que la Ville prenne en charge l’installation d’un surpresseur sur le réseau d’aqueduc pour tout le quartier. L’été dernier, 88 % des résidents ont appuyé la requête qu’un surpresseur de secteur doit être installé.

Une affiche réalisée par les citoyens. En bleu, toutes les résidences qui ont signé la pétition demandant un surpresseur de secteur. (Photo : gracieuseté)

Les porte-parole des citoyens ont obtenu en mai 2023 de nouvelles données soutenant leurs arguments à l’aide d’une demande d’accès à l’information formulée auprès de la Ville de Drummondville. Grâce à celle-ci, ils ont pu mettre la main sur le rapport des analyses de pression effectuées par l’entreprise Les Compteurs Lecomte sur huit résidences du quartier.

Dans un document produit par les citoyens à partir de ces données, un tableau montre que seule une résidence respecte le seuil minimum de pression en tout temps. Les sept autres immeubles ont enregistré des pressions minimums sous la barre des 40 psi lors des tests. Lorsque les résultats des analyses ont été publiés par la Ville de Drummondville, seuls ceux de cette résidence ont été rendus publics, à la surprise des résidents.

«En voyant l’ensemble des données, on réalise que ce n’est pas qu’une question d’insatisfaction, mais qu’il y a réellement une problématique, a lancé Geneviève Béliveau, résidente de la rue Volta et porte-parole du groupe. On ne peut pas le nier. Il n’y a qu’une seule maison qui respecte les normes dans l’échantillonnage.»

Le groupe déplore aussi l’utilisation de la pression moyenne dans les résidences pour infirmer sa position. Selon lui, les écarts ne sont pas représentés par cette méthode. Une différence de 19,2 psi est d’ailleurs enregistrée à la garderie du quartier, selon les données qu’ils ont obtenues.

Les résidents citent le Guide de bonnes pratiques d’exploitation d’eau potable du gouvernement du Québec édition 2023 quant à la recommandation de maintenir la pression d’eau entre 60 et 80 psi dans un réseau de distribution. Une pression maximale de 73 psi à l’entrée des bâtiments est suggérée.

«La recommandation est entre 60 à 80 psi, mais la norme est entre 40 et 60 psi. On n’atteint jamais les 60 psi, même dans les maximums. Le guide dit aussi que la pression ne devrait jamais se trouver sous les 35 psi. Il y a trois adresses qui se sont retrouvées sous cette barre durant les analyses. On ne peut pas nous dire que c’est acceptable lorsqu’on voit tout ça», a ajouté Mme Béliveau.

Transparence

Le groupe dénonce aussi les procédures qu’il a dû réaliser afin d’obtenir les données récoltées lors de l’étude de 2022. Les membres disent avoir dû faire appel à la Commission d’accès à l’information du Québec (CAI) pour obtenir une copie du rapport et des données.

«Lorsque nous avons fait nos demandes d’accès à l’information, la Ville nous a refusé certaines données sous le couvert du secret professionnel. À quelques reprises, notre collègue Jean-Pierre Picard a dû aller défendre notre position auprès de la CAI. Malgré tout ça, nous n’avons pas obtenu l’entièreté des données», a reproché Geneviève Béliveau.

La Ville informe que le jugement rendu par la CAI en août 2023 lui a donné raison sur tous les points de contestation émis par M. Picard.

Aussi résident de la rue Volta, Alain Landry ressent une attitude «arrogante» et «hypocrite» de la Municipalité lorsqu’il est question de la pression d’eau dans le quartier de la Marconi. Il dit y voir de la confrontation.

«Il faudrait que la Ville soit cohérente avec le développement qu’elle désire. Elle se dit “Capitale du développement”, mais pendant ce temps-là, un quartier complet manque d’eau. On vient à se demander quelles sont les raisons derrière le peu de coopération. On veut juste de l’eau comme tous les autres citoyens», a-t-il dit.

Les problèmes que rencontrent les citoyens font en sorte qu’ils se questionnent sur les répercussions sur la valeur de leur propriété et leurs taxes municipales. Ils se demandent aussi si cela pourrait endommager leur système de plomberie à long terme.

Au printemps 2022, la Ville de Drummondville a consulté les résidents du secteur sur sa plateforme Forum. À ce moment, les données de la pression d’une seule résidence de la rue Volta ont été publiées. Cependant, le groupe de citoyens a appris que celle-ci est la propriété d’un cadre de la Ville. «On en vient à se demander comment toute l’analyse et la proposition d’un programme de subvention peuvent s’appuyer seulement sur les données de cette maison», a ajouté Mme Béliveau.

La Ville maintient sa position

Lors de la séance du conseil municipal du 29 avril, Geneviève Béliveau s’est présentée devant les élus afin de faire valoir le point de vue du voisinage. Elle les a aussi tous invités à se rendre chez elle pour constater la pression. Elle affirme avoir cessé d’utiliser la douche de sa salle de bain à l’étage de sa maison en raison de la piètre pression.

La faible pression se perçoit à la sortie de pommeau de douche et aussi par le temps nécessaire à remplir un récipient d’eau, tel qu’un bain ou un chaudron. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Dans sa réponse, la mairesse Stéphanie Lacoste a déploré qu’on sous-entende que la Municipalité ait manipulé des informations.

«Il n’y a pas un employé de la Ville de Drummondville qui se lève le matin en se demandant ce qu’il pourrait faire pour embêter les citoyens. Nous voulons toujours effectuer notre travail du mieux possible. La réponse du conseil a été les surpresseurs domestiques. Vous avez le droit de les installer ou non», a répondu la première magistrate.

La mairesse a rappelé que d’autres résidences drummondvilloises ont des problèmes de basse pression d’eau, ce qui a incité la Ville à proposer le programme de subventions pour des surpresseurs domestiques.

Dans une lettre remise aux citoyens au même moment que les données, la Ville de Drummondville ajoute une mise en garde à l’effet que ces données doivent nécessairement être analysées par un professionnel. La Ville évoque un risque important de tirer des conclusions «erronées ou incomplètes» si cela n’est pas fait. Elle les invite à user de prudence quant à l’utilisation qu’ils en font.

«Il se passe exactement ce que nous pensions qui arriverait. Les citoyens ont reçu des données brutes et ils en tirent leurs propres conclusions. Dans les faits, les normes sont respectées en tant que telles. Pour les gens qui considèrent que la pression n’est pas assez élevée dans leur domicile, la Ville a créé le programme de subvention des surpresseurs domestiques pour cette raison. Les doléances des citoyens ont été entendues; elles n’ont pas été rejetées du revers de la main», a souligné Dominic Villeneuve, directeur des communications de la Ville de Drummondville.

Le groupe de citoyens a fait parvenir une lettre au comité de gestion des infrastructures, du territoire et de l’environnement au début du mois. Dans celle-ci, ils font état de leurs découvertes à la suite du processus d’accès à l’information. Ils demandent aux membres du comité Daniel Pelletier, Sarah Saint-Cyr Lanoie, aussi conseillère municipale du district comprenant le quartier, et Carole Léger de réviser les conclusions qui ont écarté l’installation d’un surpresseur branché sur le réseau d’aqueduc.

D’ici là, les résidents ne perdent pas espoir. Ils se disent toujours motivés à poursuivre cette bataille qui dure depuis plusieurs années. Selon eux, le problème doit être réglé cet été. Ils se disent prêts à discuter avec les élus et employés de la Ville afin de trouver la meilleure solution pour tous.

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