L’aventure presque sans fin des Nomades à vélo

L’aventure presque sans fin des Nomades à vélo
Josée Blackburn et Robert Bibeau sillonnent les routes du monde à vélo depuis bientôt deux ans. (Photo : gracieuseté)

Rêver, planifier et agir. Voilà la devise de Robert Bibeau et Josée Blackburn, un couple d’ici qui sillonne les routes du monde à vélo… depuis bientôt deux ans.

Tous deux au début de la soixantaine, les Nomades à vélo ne sont pas des retraités comme les autres. Habitués de voyager aux quatre coins de la planète, les deux amoureux n’ont jamais rêvé d’écouler leurs vieux jours sur les terrains de golf et encore moins sur leur balcon.

«À la base, on est des gens très curieux et on aime faire du vélo, expliquent-ils dans une entrevue en visioconférence avec L’Express Magazine au moment de poser pied à Nashville. On aime ce moyen de voyager. On a déjà essayé le sac à dos et l’autobus, mais on aime la liberté du vélo.»

Robert Bibeau et Josée Blackburn à la piste Natchez. (Photo : gracieuseté)

Partant à l’aventure chaque hiver, les deux aventuriers ont roulé dans plusieurs pays d’Europe, d’Asie, d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale au fil des ans. Au moment de la retraite, le couple s’est mis à caresser l’idée d’un projet à plus long terme.

Pour des raisons logistiques, notamment en lien avec le régime québécois d’assurance maladie, les Nomades à vélo ont séparé ce grand projet en quatre segments de quatre à six mois entrecoupés par de brefs retours à la maison. Après un séjour en Europe, notamment en Allemagne, au Danemark et en Suède, les globe-trotteurs ont pris le chemin de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie. Fin 2023, début 2024, la troisième portion de leur aventure s’est étalée sur les routes du Pérou, de la Bolivie, de l’Argentine et du Brésil. Pour le couple, voyager est devenu en quelque sorte un mode de vie.

«On ne s’inquiète pas trop de ce qui s’en vient, soutient Josée. Tout ce qu’on a à penser, c’est où on va dormir et ce qu’on va manger dans les prochains jours.»

En l’espace de deux ans, le couple aura pédalé près de 30 000 kilomètres. (Photo : gracieuseté)

Dernièrement, Robert et Josée ont entamé la dernière tranche de ce périple. Parti de La Nouvelle-Orléans, le duo a remonté le fleuve Mississippi jusqu’à la piste Natchez. Après avoir traversé la promenade Blue Ridge, les aventuriers se dirigeront vers les Grands Lacs et suivront le fleuve Saint-Laurent pour rentrer à la maison quelque part au mois de juin.

«Il y a tellement de places où on veut aller, mais après deux ans, on ne voulait pas débarquer à la maison en passant par l’aéroport. Ce n’était pas assez romantique! On voulait rentrer à vélo. C’est pourquoi on a choisi les États-Unis pour finir notre voyage. On ne le regrette pas du tout.»

En moyenne, Robert et Josée parcourent environ 65 kilomètres chaque jour. Le soir venu, le duo opte souvent pour le camping. Certains soirs, il se tourne plutôt vers le réseau «Warm Shower», composé de cyclistes prêts à accueillir leurs pairs gratuitement.

«On a toujours en commun qu’on est des cyclistes, des voyageurs et qu’on est intéressés à rencontrer des gens. La plupart du temps, on partage un repas ensemble. Les rencontres sont toujours intéressantes! On pose beaucoup de questions. On s’intéresse à leurs habitudes. Ces gens-là nous aident beaucoup. Comme il connaissent bien les routes autour de chez eux, ils nous suggèrent des itinéraires.»

Les Drummondvillois au mont Cook, en Nouvelle-Zélande. (Photo : gracieuseté)

Lorsqu’ils sont à Drummondville, les Nomades à vélo agissent eux-mêmes comme des hôtes «Warm Shower». «Dans des pays pauvres, il ne faut pas s’attendre à du luxe, souligne Josée. C’est déjà exceptionnel qu’ils nous accueillent chez eux!»

«Parfois, les plus pauvres sont les plus généreux, renchérit Robert. En Argentine, on s’est rendu compte à la fin de la journée que nos hôtes nous avaient donné leur chambre et qu’ils couchaient par terre.»

Avant d’entreprendre une expédition, le duo prend toujours la peine de lire et de s’informer sur l’histoire de la région.

«Chaque pays a quelque chose de particulier. Parfois, ce sont les paysages, comme en Irlande ou en Norvège. Parfois, ce sont les gens qui sont vraiment sympathiques, comme au Brésil. On ne parle pas la même langue, mais on finit par se comprendre. C’est la même chose en Turquie : tu te fais tout le temps inviter pour prendre le thé. Dans certains cas, c’est plutôt l’histoire du pays qui est fascinante. À travers le Natchez Trace, on a pu découvrir l’histoire des nations autochtones, la colonisation et la guerre de Sécession. Parfois, c’est un mélange de tout ça qu’on retient.»

Bivouac en Norvège. (Photo : gracieuseté)

Pédalant souvent en tandem, le couple opte parfois pour deux vélos. «Dans certains pays, on veut faire des sentiers de vélo de montagne. En tandem, ce n’est pas possible. Le tandem a tout de même ses avantages. On peut se parler et ça réunit nos forces, mais il faut choisir nos routes.»

Si les automobilistes de l’Écosse font preuve de courtoisie envers les cyclistes, c’est tout le contraire en Nouvelle-Zélande et en Amérique du Sud. À plusieurs reprises, Robert et Josée sont frôlés à plus de 100 kilomètres par heure, mais heureusement, ils ne sont victimes que d’un seul accrochage sans conséquence.

Au bout de quelques mois, les Nomades à vélo ne cachent pas qu’une certaine fatigue s’installe.

«Porter les mêmes vêtements, faire du vélo et se priver de grands repas gastronomiques, ça ne nous dérange pas. Mais trouver une place où dormir, c’est parfois compliqué, souligne Robert. C’est beaucoup de planification. Dans les parcs nationaux aux États-Unis, c’est simple : on peut camper n’importe où. Mais dans certains pays en Europe, comme en Hollande, le camping sauvage est interdit. Au Brésil et en Asie, l’hébergement ne coûte vraiment pas cher, mais il faut souvent réserver à l’avance. Cette logistique-là use à la longue… mais on sait que dans quelques mois, on va recommencer à faire des plans pour voyager!»

Robert Bibeau et Josée Blackburn. (Photo : gracieuseté)

Entre chacune des portions de ce voyage, les Nomades à vélo rentrent à Drummondville l’espace de quelques semaines. Ces répits leur permettent de côtoyer leurs enfants et leurs petits-enfants et de changer de vélo au besoin. Chaque automne, ils travaillent également à l’école secondaire Marie-Rivier comme assistants au programme santé active.

«On fait des sorties avec les jeunes, que ce soit du vélo de montagne ou des balades en ville. On leur enseigne les consignes de sécurité. Certains sont très bons en vélo tandis que d’autres ne savent pas encore comment changer leurs vitesses. On divise les groupes pour que tout le monde y trouve son compte.»

Lorsqu’ils auront terminé leur périple, Robert et Josée auront pédalé près de 30 000 kilomètres. «On commence à avoir hâte de revenir dans notre chez-nous et de bénéficier d’un certain confort. On se rend compte que Drummondville, c’est une belle ville! On a visité beaucoup d’endroits dans le monde, mais notre maison, c’est encore au Québec.»

Plage au Brésil. (Photo : gracieuseté)

02Même s’il vieillit, le couple compte bien repartir à l’aventure… tant que la santé le lui permettra.

«De la manière qu’on voyage, ça ne nous coûte pas bien plus cher que de rester à la maison. Nous, on ne part pas en vacances : on part en voyage. Il y a une différence notable. On a un budget à respecter. On vit dans une certaine simplicité. C’est vraiment accessible à tout le monde, mais ce n’est pas le bonheur de tout le monde. Certains ont besoin de savoir où ils vont dormir le lendemain. C’est une autre façon de voyager!»

Pour en savoir plus : nomadesavelos.com

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