Le Havre d’Élizabeth prend vie 

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Par Emmanuelle LeBlond
Le Havre d’Élizabeth prend vie 
Plusieurs services sont offerts au Havre d’Élizabeth, dont un cours d’art créatif.   (Photo : Ghyslain Bergeron)

COMMUNAUTÉ. Accueillant, paisible, vivant, positif, lumineux : voici comment les patients et les proches aidants décrivent le Havre d’Élizabeth, un centre de jour spécialisé en soins palliatifs. 

Un peu plus d’un mois s’est écoulé depuis l’ouverture du centre jour. La mission du Havre d’Élizabeth est d’améliorer la qualité de vie des personnes ayant des besoins de soins palliatifs, mais dont la phase terminale de leur maladie n’est pas enclenchée. À l’occasion d’une journée par semaine, les usagers ont accès à une panoplie de services.

Le centre de jour permet de briser l’isolement. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Au cours des dernières semaines, les membres de la communauté se sont approprié ce lieu. Dès qu’ils franchissent la porte du bâtiment, ils se sentent comme chez eux.

L’avant-midi est ponctué d’activités variées, que ce soit en groupe ou en individuel. Sous le coup de midi, l’ensemble des invités se rassemblent dans la grande salle pour partager un repas. La généreuse fenestration permet de faire entrer abondamment la lumière naturelle.

Les conversations autour de la table sont conviviales. L’atmosphère est légère. Les invités rient. Beaucoup. En peu de temps, des liens forts se tissent entre eux.

«On est accueillis comme si on faisait partie de la famille», dit Michel Noël, entre deux bouchées de gâteau aux carottes.

L’homme de 67 ans se déplace au Havre d’Élizabeth tous les mardis. «J’ai de nouveaux amis. Je suis une personne qui parle beaucoup. Aujourd’hui, j’ai écouté tout le monde. Je m’identifie à travers les histoires des autres. La semaine prochaine, je vais me rattraper», mentionne-t-il, en riant.

Une complicité s’est développée entre les invités. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Le centre de jour est une façon pour lui de briser l’isolement. «J’ai perdu ma femme et ma fille du cancer. Je n’avais plus de but dans ma vie. Je me sentais seul. En venant ici, ça m’a redonné espoir.»

Chaque invité arrive au Havre d’Élizabeth avec un bagage différent. Ces hommes et ces femmes ont tous une histoire qui leur est propre. Un vécu unique.

Originaire de Montréal, Lisette St-Laurent s’est établie à Drummondville avec son mari il y a quelques années. «On est venu vivre notre retraite ici. On était des golfeurs. On a joué pendant 25 ans», raconte-t-elle.

Son conjoint a fait son entrée à la Maison René-Verrier en 2022. Lisette St-Laurent a eu vent de la construction du Havre d’Élizabeth, ce qui a piqué sa curiosité.

«Je venais d’apprendre que j’avais un cancer de stade 4. Quand on me l’a annoncé, tous les liquides se sont gelés dans mon corps. J’avais froid. Je ne me sentais pas bien. Quand j’ai visité le Havre, j’étais bien. J’étais entourée. Je sentais une chaleur. Je me suis dit que j’allais venir ici pour me réchauffer. C’est ce qui arrive», témoigne la septuagénaire, d’une voix posée.

Katia Le Gendre planche sur une réalisation individuelle. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Une fois le repas terminé, le groupe s’est dispersé pour effectuer leur activité respective. Certains se sont détendus dans un bain thérapeutique; d’autres ont bénéficié de soins en massothérapie. Coiffure, esthétique, atelier d’écriture, yoga et méditation : il y en a pour tous les goûts.

Pour sa part, Katia Le Gendre a opté pour le cours d’art créatif. «Quand on se fait dire qu’on a un cancer et qu’il n’y a pas de chance qu’on guérisse, on veut juste faire des choses qui nous tiennent à cœur. Ça faisait longtemps que je voulais me remettre aux arts visuels. J’étais contente de constater qu’il y avait cette activité-là ici», se réjouit la femme de 52 ans.

La Drummondvilloise a renoué avec sa passion, en profitant des conseils de l’accompagnatrice. Ce jour-là, elle comptait aussi sur la présence de son amie Chantale Ouellet. Les deux complices se côtoient depuis plus de 30 ans.

«J’habite en Californie. Je suis venue passer quelques jours avec Katia. Je suis loin d’elle, mais proche du cœur. C’était important pour moi de venir ici. Je veux connaitre sa réalité. Je vais pouvoir mettre des visages sur ces personnes lorsqu’elle va m’en parler.»

Une massothérapeute spécialisée en soins palliatifs est sur place.(Photo : Ghyslain Bergeron)

Katia se sentait choyée. «C’est un cadeau qu’elle me fait. J’apprécie son ouverture de vivre ça. Je me sens doublement soutenue», souligne-t-elle, les larmes aux yeux.

Une trentaine de personnes par semaine fréquentent le centre de jour. Jusqu’à présent, la directrice des soins Sophie Laliberté tire un bilan positif. «On sonde les gens chaque fin de journée pour savoir leur niveau de satisfaction. Les commentaires sont positifs. C’est vraiment unanime présentement. On n’a pas fait beaucoup d’ajustement, autre que d’élaborer davantage notre offre de services.»

L’équipe poursuit ses efforts de recrutement autant auprès des invités que des bénévoles d’expertise.

Totalisant un investissement de 4,2 M$, le bâtiment se décline sur trois étages. Il est situé en face de la rivière Saint-François, à l’angle des boulevards Allard et des Chutes.

Rappelons que le Havre d’Elizabeth est le tout premier centre de jour à offrir une pièce chaleureuse consacrée à l’aide médicale à mourir pour les patients de la région.

«On a eu le privilège d’en avoir depuis l’ouverture du centre de jour et la pièce dédiée à ce soin est réservée pour des dates à venir», fait savoir Megan Boisvert, coordonnatrice aux événements et communications des Organismes René-Verrier.

Ce n’est pas tout. Jusqu’au 21 juin, le Havre d’Élizabeth propose le programme Rose pour les femmes qui sont atteintes de cancer. «C’est une approche complètement différente, même si les soins offerts sont similaires. Ce n’est pas la même clientèle. Les femmes viennent une journée. Elles veulent en profiter au maximum», indique Megan Boisvert, en précisant que le programme Rose a vu le jour grâce au montant de 22 000 $ octroyé par la course féminine La Joséphine.

Dans tous les cas, l’équipe de René-Verrier compte poursuivre sur cette lancée. «C’est stimulant de participer à un projet d’envergure comme ça. On fait du bien aux gens. C’est gratifiant», conclut Sophie Laliberté.

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