MAGAZINE. Que ce soit en tant qu’architecte urbaniste en Colombie ou à travers ses projets artistiques au Québec, Diana Ramirez a toujours eu le cœur sur la main en soutenant les personnes plus vulnérables. Rencontre avec une femme qui est motivée par une mission précise, celle de faire œuvre utile.
Diana Ramirez est née en Colombie. Lorsqu’elle repense à ses souvenirs d’enfance, un large sourire illumine son visage. La benjamine d’une famille de sept enfants habitait dans la municipalité de Medellín, surnommée la ville de l’éternel printemps. «Je suis une fille très curieuse. C’est une qualité que j’ai héritée de mon père. Il nous invitait à la découverte du monde avec les ressources qu’on avait. Je voyageais à travers les cartes qu’il mettait sur le plancher. Ça a éveillé quelque chose en moi», raconte-t-elle.
La Colombienne a grandi dans un atelier d’architecte, alors que deux de ses frères pratiquaient le métier. La jeune fille les aidait à dessiner les plans et à réaliser les maquettes. Elle est pratiquement née avec un crayon dans les mains.
«À l’époque, il n’y avait pas d’ordinateur. Il fallait avoir des habiletés en dessin pour être un bon architecte. La main était notre outil de travail», explique-t-elle.
Diana Ramirez a marché sur les traces de ses frères. Elle a été architecte urbaniste pendant 30 ans en Colombie. «J’ai travaillé pour le gouvernement pendant plusieurs années. J’ai fait les premiers plans de développement du territoire des petits villages. J’allais dans les municipalités les plus pauvres de ma région. Il n’y avait pas de carte ni d’outil de planification. Je me déplaçais à cheval.»
Cette dernière en profitait pour identifier les besoins des communautés moins nanties.
Vivre à l’étranger
C’est dans la quarantaine que Diana Ramirez a fait le choix de s’envoler vers le Québec. Elle était en quête de nouvelles aventures. Celle qui a également œuvré dans le domaine de la coopération internationale avait envie de vivre à l’étranger.
Montréal représente son premier arrêt. Quatre ans plus tard, Diana Ramirez déménage à l’extérieur de la métropole. «J’ai trouvé l’amour à Montréal. C’est une personne qui vient de Drummondville. C’est pour cette raison que je suis venue ici.»
L’intégration professionnelle n’a pas été facile pour l’immigrante. Elle a suivi des cours de dessin de bâtiment à Montréal. L’architecte de métier avait une équivalence en tant que technologue en architecture. Malgré ses efforts, elle n’arrivait pas à trouver un emploi dans son domaine.
Diana Ramirez ne s’est pas découragée pour autant. Elle a travaillé durant quelques mois chez Intro Drummondville. La responsable des activités culturelles a participé à la création de la Fête de la diversité au parc Sainte-Thérèse. «J’étais chargée du volet artistique. Je faisais un plan à la main pour placer les kiosques et la scène. C’était ma première expérience de travail à Drummondville.»
Elle a été adjointe administrative à une ferme de canneberges à Saint-Lucien pendant un certain temps. Elle a profité de l’occasion pour aider son prochain. «Il y avait beaucoup d’employés latinos. Je servais comme interprète. Je créais des formations. Je faisais des présentations. J’accompagnais les gens à l’hôpital et à la banque. Je me sentais utile», explique-t-elle.
L’art comme bouée de sauvetage
D’un côté, Diana Ramirez vivait des difficultés sur le marché de l’emploi; de l’autre, sa carrière artistique a pris son envol. Elle a lancé un premier projet, grâce à une subvention de la MRC de Drummond et de la Ville de Drummondville, dans le but de promouvoir les artistes de la région. Elle a élaboré des ensembles promotionnels pour une vingtaine d’artistes chez Axart.
Une nouvelle porte s’est ouverte à elle. Diana Ramirez a mis sur pied une exposition pour mettre en lumière les artistes immigrants. Elle a donné une toile pour la première fois à l’organisme Intro Drummondville.
Au fil du temps, elle a participé à plusieurs projets artistiques. Les paysages de la nature et les visages des hommes et des femmes du monde font partie de ses inspirations.
C’est grâce aux arts et à la culture qu’elle a réussi à faire sa place dans la communauté. «Ça m’a donné l’énergie et l’enthousiasme de vivre et de continuer», affirme-t-elle.
Vers l’inclusion sociale
Diana Ramirez a fait son entrée à l’Association des personnes handicapées de Drummond il y a quatre ans, en tant que responsable de l’accessibilité. Elle s’y plait beaucoup.
La sexagénaire donne également des cours de peinture à l’organisme. La clientèle lui tient à cœur. «J’ai fait la connaissance d’adultes avec différents types d’handicap. J’ai appris énormément d’eux comme reconnaître l’effort, la résilience et la capacité à surmonter des difficultés. J’ai grandi comme personne.»
Sa mission? Accompagner les élèves dans leur pratique artistique. L’enseignante partage ses connaissances pratiques et théoriques avec ses élèves.
Delà est né le mouvement Art-in+. Diana Ramirez a mis sur pied cette initiative pour faire rayonner le talent des artistes plus vulnérables, comme ceux qui ont un handicap, afin de favoriser l’inclusion sociale. Pour se faire, elle a lancé un magazine.
Ses élèves ont aussi pris part à la dernière édition du Symposium des arts de Drummondville. Ce fut une expérience mémorable. «J’ai une énorme gratitude pour les organisateurs qui ont pensé à nous. Le projet a été bien accueilli. Il y a une ouverture de la part des autres. Je suis très fière de cette première étape franchie», indique-t-elle.
Pour la suite, Diana Ramirez souhaite rallier la communauté à sa cause, contribuant à la construction d’un environnement artistique et culturel accessible à tous.
Celle qui est atteinte d’une perte visuelle significative clame haut et fort qu’«il n’y a pas d’obstacle pour devenir un artiste».
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