Son plan, c’est la liberté

Photo de Lise Tremblay
Par Lise Tremblay
Son plan, c’est la liberté
Micheline Lupien dans sa Grand Dodge Caravan. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Micheline Lupien est probablement unique. À 75 ans, elle porte des jeans troués, vit dans sa Dodge Grand Caravan en quête de découvertes et a réalisé plusieurs Compostelle. N’essayez jamais de la retenir. Elle a choisi la liberté. Et elle vit chacune de ses journées comme si c’était la dernière.

Droite comme un chêne. Ricaneuse comme humoriste en quête d’une scène. Micheline Lupien vit sa retraite comme pas une en suivant son intuition.

Elle a travaillé toute sa vie dans une agence immobilière dans les Laurentides. Elle soutient avoir été une workaholic. À 18 ans, elle était déjà mère et à 25 ans, elle était divorcée avec la responsabilité d’une famille sur ses épaules. Comme on dit en bon Québécois, elle a mangé son pain noir pour assurer un avenir à ses filles.

Photo prise lors d’un voyage en Espagne. (Photo gracieuseté)

Étonnamment, c’est la lecture d’un livre qui a déclenché son vif désir de liberté. En visite dans une bibliothèque, le bouquin «La fois où… j’ai suivi les flèches jaunes» de l’auteure Amélie Dubois lui a fait de l’œil.

«Ce livre m’a littéralement appelé. C’est là que j’ai su ce que je devais faire. Faire un Compostelle était un rêve pour moi et j’ai décidé de passer à l’action. Je me suis entraînée durant un an. Je me suis toute équipée et je suis partie», exprime Mme Lupien que nous avons rencontrée à la fin du mois de février. Elle vivait dans une maison louée sur le chemin Hemming, à surveiller les premiers signes du printemps avant de reprendre la route.

Aux Îles-de-la-Madeleine. (Photo gracieuseté)

Elle a marché plus de 500 kilomètres de Séville à Salamanque en Espagne. C’était en 2018. «C’était une découverte de moi-même. Souvent, il manque une confiance à l’intérieur de nous. Là-bas, j’ai redécouvert la vraie Micheline avec ses valeurs et ses intérêts. J’ai réappris à vivre le moment présent», ajoute-t-elle.

À son retour, elle n’a fait ni une ni deux. Elle a tout vendu : son automobile et ses meubles pour s’acheter une minifourgonnette. Elle lui a carrément ouvert les portes sur un vaste monde.

«Quand je l’ai achetée, je suis partie un an et demi sur la route. Je roulais, je mangeais et je dormais dedans en pleine nature. Les gens me demandaient si j’avais peur puisque je suis une femme seule. Je leur répondais que la peur est en dedans de nous, qu’il faut la chasser. Je me sentais bien. Je faisais des confitures de mûres et de la sauce à spaghetti dans la van, raconte Mme Lupien.

Elle soutient n’avoir jamais connu de grandes difficultés, à part peut-être cette fois où elle a cramé ses freins après une descente de 16 kilomètres en allant à Vancouver. Durant ce voyage, elle a parcouru le Canada et une grande partie des États-Unis.

«Je revenais parfois quelques jours voir mes enfants et je repartais. D’ailleurs, mes petits-enfants trouvent leur grand-mère très cool dans sa van!», lance-t-elle dans un éclat de rire.

Lors d’un Compostelle. (Photo gracieuseté)

Peu importe la situation, la dame qui s’exprime exclusivement en français sait se débrouiller. «Il y a des gens gentils partout. J’ai toujours su m’organiser pour continuer ma route.»

Compostelle

À son retour de ce périple, la nomade a décidé de retourner en Espagne, son pays coup de cœur hors de tout doute. Ensuite, elle a eu à nouveau l’appel du chemin de Compostelle. Elle a marché 500 kilomètres en France puis elle a récidivé quelques mois plus tard avec un troisième, cette fois de Malaga à Courdue, une marche de santé de 350 kilomètres.

«Mon plan dans la vie, c’est de ne pas avoir de plan. Je répète cette phrase à tout le monde qui veut m’entendre. C’est ma ligne de vie. Faire un Compostelle, c’est le plus beau cadeau qu’on puisse se faire pour aller connaître la belle personne qui sommeille en nous. On ne se découvre jamais assez. Je suggère à tous d’en faire au moins un seul. Ça nous permet de retrouver son équilibre. On reconnecte avec la nature. Moi, j’aime faire des cœurs avec des cailloux», dit-elle.

Quand elle est revenue, son esprit de découverte toujours inassouvi, elle est partie 77 jours aux Îles-de-la-Madeleine avec son Dodge Grand Caravan. Une expérience unique qui l’a fait maintenant rêver aux Maritimes, où elle mettra le cap dès la fin de l’hiver

Deux petites questions

  • Faut-il être riche pour vivre sa vie ainsi? «Non. Je ramasse mon argent, je me fixe un objectif, je me prive et je pars. Tout est une question de choix».
  • Quel autre livre vous inspire? «Le bouquin Wild de Cheryl Strayed».

 

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