S’estimant sous-payés, des chauffeurs d’autobus songent à déclencher la grève

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Par Cynthia Martel
S’estimant sous-payés, des chauffeurs d’autobus songent à déclencher la grève
Les chauffeurs d'autobus scolaires de Drummondville pourraient déclencher une grève. (Photo : gracieuseté)

TRANSPORT. Après le personnel de l’éducation, des chauffeurs d’autobus de Drummondville pourraient déclencher la grève s’ils ne parviennent pas à une entente avec Transport scolaire Sogesco, propriétaire d’Autobus Voltigeurs. 

Salaire bas, responsabilités de plus en plus difficiles, intimidation. Le quotidien des chauffeurs d’autobus n’est pas toujours rose.

«Les responsabilités sont de plus en plus lourdes. Le comportement des enfants, des parents a changé. Les mêmes élèves qui sont dans la classe toute la journée se retrouvent dans l’autobus le matin et le soir. Sauf que le chauffeur, lui, n’a pas d’aide. Il doit tout gérer», fait observer Josée Dubé, présidente du secteur transport scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN).

«Il arrive régulièrement que je doive défendre mes membres pour des situations conflictuelles, des cas d’intimidation et de violence. Même que ça va parfois jusqu’à des plaintes à la police», indique Jean-Guy Picard, président du syndicat des travailleuses et travailleurs des Autobus Voltigeurs – CSN.

L’enjeu monétaire est au cœur du litige. Le salaire de la trentaine de chauffeurs, affiliés à la CSN, se situe à 19,22 $ de l’heure, ce qui ne permet pas de faire face «convenablement» à l’inflation.

Marc Boivin et Jean-Guy Picard, respectivement secrétaire-trésorier et président du syndicat des travailleuses et travailleurs des Autobus Voltigeurs, entourent Josée Dubé, présidente du secteur transport scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN). (Photo Ghyslain Bergeron)

«Le salaire moyen d’un chauffeur est de 20 000 $ par année, considérant qu’il ne fait pas des journées complètes. Ça ne peut plus continuer comme ça. On est dans le pain et le beurre des gens», insiste Josée Dubé.

«Nous n’avons pas vraiment la possibilité de faire des heures supplémentaires ailleurs pour gagner plus, en raison de notre horaire entrecoupé», fait remarquer Marc Boivin, chauffeur et secrétaire-trésorier du syndicat des travailleuses et travailleurs des Autobus Voltigeurs.

Sans contrat de travail depuis juin 2023, les chauffeurs d’Autobus Voltigeurs réclament au propriétaire d’augmenter leur salaire minimalement à 27 $ de l’heure. Un montant que Sogesco devrait être en mesure d’offrir, selon eux, à partir des bonifications octroyées par le gouvernement en 2021-2022.

«Ça fait des années qu’on se bat pour une augmentation. En 2021, on a réussi à faire entendre notre cause au gouvernement. Il a accepté d’augmenter de 15 % à 30 % les contrats des transporteurs scolaires dans le but qu’ils aient la capacité de bien payer les chauffeurs. Toutefois, depuis ce temps, cet argent se trouve encore dans les poches de certaines entreprises, dont Sogesco. On se retrouve à devoir encore se battre pour une raison qui ne devrait pas exister», déplore Josée Dubé.

Le montant réclamé est raisonnable et justifié, selon les syndiqués. Ceux-ci demandent l’équité.

«Pour faire une comparaison, à Sherbrooke, les conducteurs gagnent actuellement 25,65 $, mais ils n’ont pas encore négocié. À Granby, c’est un peu plus. Il y a un écart considérable», note le président du syndicat local.

Il ajoute : «Et c’est déplorable de savoir que les employés non syndiqués chez Autobus Voltigeurs ont reçu deux augmentations en deux ans. Ils ont passé de 19,22 $ à 22 $ de l’heure en 2022, puis à 25,36 $ en août 2023. C’est comme une claque en plein visage qu’on a reçu chaque fois. C’est totalement incompréhensible et fâchant.»

Autobus Voltigeurs compte autour de 100 employés. Le tiers de ceux-ci sont syndiqués.

MM. Boivin et Picard sont d’avis qu’avec des salaires aussi bas, le problème d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre s’aggravera.

Si les négociations continuent à piétiner, les chauffeurs avisent qu’ils n’auront d’autre choix que de déclencher la grève, et ce, contre leur gré.

«On ne souhaite pas se rendre là, car on ne veut pas faire subir ça aux parents, mais si c’est la seule option qui nous reste pour faire valoir nos droits, on le fera. Ce sera notre moyen de dernier recours», soutient M. Picard, en émettant le souhait que cette sortie médiatique puisse faire régler le conflit.

À la rédaction de ces lignes, Transport scolaire Sogesco n’avait pas répondu à notre demande d’entrevue.

 

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