HOCKEY. Il n’était pas question pour Steve Hartley de rester les bras croisés bien longtemps. Loin des caméras et du feu roulant de la LHJMQ, l’ex-pilote des Voltigeurs a choisi de plonger tête première dans l’aventure de l’enseignement au cours des derniers mois. Entretien.
Renvoyé par le club drummondvillois en novembre dernier, Steve Hartley a d’abord profité de quelques semaines de repos bien méritées en compagnie de ses proches. Au retour d’un voyage en Floride, au moment où la pénurie d’enseignants dans les écoles québécoises faisait les manchettes, le Franco-Ontarien de 37 ans a proposé sa candidature au Centre de services scolaire des Chênes.
«Je ne voulais pas rester chez nous à ne rien faire, raconte Steve Hartley dans une entrevue accordée à L’Express. Ma conjointe travaille au service de l’organisation scolaire. À ce moment-là, le Centre de services cherchait des professeurs d’anglais. Comme je suis parfaitement bilingue, j’ai levé la main. Je trouvais qu’il y avait des similitudes entre enseigner au hockey et enseigner à l’école. Je voyais ça comme un autre genre de défi.»
D’abord embauché comme professeur d’anglais à l’école secondaire La Poudrière, Steve Hartley a rapidement vu ses tâches augmentées. La situation a pris une tournure inattendue lorsqu’on lui a offert de faire de la suppléance en adaptation scolaire.
«Le programme de cheminement pédagogique particulier regroupe des élèves qui ont des troubles d’apprentissage, explique Steve Hartley. J’y ai découvert des jeunes incroyables! J’ai dû travailler pour aller chercher le contact humain. Je voulais trouver une façon de faire la différence dans le parcours de ces jeunes.»
Ayant effectué des études universitaires en sciences politiques et en management du sport, Steve Hartley n’hésite pas à se décrire lui-même comme un enseignant non légalement qualifié. Soutenu par la grande famille de l’école La Poudrière, il a néanmoins appris à vitesse grand V.
«Parler devant un groupe, ce n’était pas un problème pour moi. Je le faisais déjà comme coach dans notre école de hockey en Pennsylvanie. J’adore travailler avec les jeunes et j’avais déjà l’expérience de gérer un groupe. C’est plus l’aspect pédagogique que je devais travailler, c’est-à-dire tout ce qui vient dans la tâche d’un prof. Planifier la matière, préparer les leçons, faire de la correction, faire respecter les règlements de l’école : tout ça, c’était du nouveau pour moi. C’est là que j’avais besoin de soutien», relate Steve Hartley.
Cherchant constamment à s’améliorer, le Drummondvillois d’adoption a bénéficié des précieux conseils de ses collègues en plus d’être guidé par une conseillère pédagogique. «J’ai été vraiment chanceux. J’ai découvert une équipe-école formidable. J’ai rencontré du monde qui était prêt à m’aider. Je me suis vraiment senti bienvenu. Quand j’avais des questions, je me sentais à l’aise de les poser. Les gens étaient ouverts à m’épauler. Sans leur aide, ça n’aurait pas été la même histoire.»
À plusieurs reprises au cours de l’entretien, Steve Hartley dit avoir «adoré» cette expérience. L’homme en ressort grandi. «Pour moi, c’était une opportunité d’apprentissages. Le défi comme prof, c’est vraiment d’aller chercher le meilleur de chacun de tes élèves. Pour y arriver, il faut créer des liens avec eux. J’ai découvert toute l’importance de bien communiquer avec les jeunes», souligne le père de deux filles nées à Drummondville.
Fort de cette incursion dans le milieu de l’éducation, Steve Hartley estime qu’il est aujourd’hui mieux outillé pour poursuivre sa carrière d’entraîneur. «Le plus gratifiant, c’est d’avoir l’impression que tu as un impact dans le quotidien des jeunes. Finalement, ce n’est pas vraiment différent de ce que je vis au hockey, où j’essaie d’aller chercher le meilleur de chaque joueur. Je vois ça comme un perfectionnement professionnel dans ma carrière de coach. Je pense vraiment que toute cette expérience-là va faire de moi un meilleur entraîneur», affirme celui qui est actuellement plongé dans la correction des examens de fin d’année en anglais.
Le coaching dans le sang
Pour clôturer l’année scolaire, Steve Hartley a participé à la Classique de hockey à l’école La Poudrière. Mis sur pied par l’enseignant Samuel Duranceau-Cloutier, cet événement a permis à 75 jeunes de groupes d’adaptation scolaire de rencontrer des personnalités sportives de la région. Un tournoi de hockey-balle était notamment au menu.
«Je trouvais ça important de m’impliquer dans ce projet. C’était une belle activité récompense pour ces élèves. On a eu l’opportunité d’échanger avec eux. Chaque jeune est reparti de là avec un petit cadeau. C’est vraiment super ce que Samuel et ses collègues ont réussi à organiser.»
Bien qu’il soit toujours sous contrat avec les Voltigeurs jusqu’en 2026, Steve Hartley est déjà impatient de retourner travailler derrière un banc de hockey. Ayant décliné une offre d’un club professionnel en France l’hiver dernier, il dit avoir été «en contact» avec quelques équipes dernièrement.
«Le hockey, c’est une passion pour moi. Je veux continuer à coacher. C’est mon but premier en ce moment. Je regarde toutes les opportunités devant moi. Je sais que c’est juste une question de temps avant que je retourne derrière un banc, mais je souhaite que ça arrive plus tôt que plus tard», explique celui qui a également travaillé chez les Mooseheads de Halifax, les Grenadiers de Châteauguay, le Traffic de Joliette et Hockey Canada au fil des ans.
Ayant rapidement tourné la page sur son congédiement, Steve Hartley continue de suivre les activités des Voltigeurs et de la LHJMQ assidument. À plusieurs reprises la saison dernière, on a d’ailleurs pu l’apercevoir parmi les spectateurs au centre Marcel-Dionne.
«J’ai travaillé avec ces jeunes-là pendant plusieurs années. J’ai encore de bons liens avec eux. En bout de ligne, ce sont de bonnes personnes à qui je souhaite du succès. C’était le fun de les voir aller d’un autre œil», exprime celui qui a passé près de sept saisons dans l’organisation des Rouges, dont plus de quatre comme entraîneur-chef, s’arrêtant à une seule victoire du record d’équipe détenu par Mario Duhamel.
Au cours des prochaines semaines, Steve Hartley renouera avec d’autres jeunes dans le cadre de l’école de hockey de Bob Hartley. De retour à Drummondville pour une deuxième année, ce camp se déroulera à l’Olympia Yvan-Cournoyer du 31 juillet au 4 août. Dès le 9 juillet, le volet pennsylvanien de l’école en sera quant à lui à sa 27e édition.