JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES. Ce n’est peut-être que du gazon, mais ce n’est pas une mince affaire que de démontrer aux citoyens que la perfection ne rime pas avec biodiversité. Âgée de 37 ans et motivée par un ardent désir de laisser un héritage vert à ses enfants, Marie-Ève Vadnais retrousse ses manches quotidiennement d’abord pour dénicher des alternatives écologiques à nos vieilles habitudes puis pour faire changer les mentalités. Portrait d’une femme convaincue et… convaincante.
Marie-Ève Vadnais coordonne le Service de l’environnement à la Ville de Drummondville depuis 2020. Bien qu’elle insiste pour partager avec ses collègues le succès des bons coups réalisés jusqu’à présent, il n’en demeure pas moins qu’elle a porté l’été dernier l’initiative de mener un projet pilote sur des alternatives à la pelouse parfaite.
Durant plusieurs semaines, neuf sites à travers la Ville de Drummondville ont été désignés comme étant des «espaces de sensibilisation» où une variété de pelouses non traditionnelles demandant peu d’entretien ont été semées. Entre autres, de l’asclépiade (appréciée des papillons monarques), du thym serpolet, de la pervenche bleue, du millepertuis, du sédum âcre, de l’aspérule odorante, du trèfle, de la menthe et de la ciboulette à l’ail ont été semés. Dans la foulée, quatre sites d’arrêt de tonte volontaire ont aussi fait l’objet d’un essai. L’objectif? Bonifier le couvert végétal, favoriser la présence d’insectes pollinisateurs, résister aux périodes de sécheresse et, bien sûr, économiser de l’eau potable.
Bien que tout ce projet brillait de pertinence sur papier, on était loin de la coupe aux lèvres. Il y avait un conseil municipal et toute une communauté à soulever.
«C’est typique en environnement, tous nos projets sortent des sentiers battus et interfèrent dans les habitudes des gens. Tout ce qu’on fait, c’est pour créer du changement. Ce que je fais a un impact direct sur la qualité de vie, sur notre futur à tous», indique Marie-Ève Vadnais, qui détient un baccalauréat en géographie et une maîtrise en sciences de l’environnement.
Le projet de substitution du couvert végétal a été réfléchi dans le contexte du règlement bannissant l’utilisation de pesticides sur le territoire.
«On s’est dit qu’il fallait offrir des alternatives aux citoyens. On s’est alors souvenu d’une conférence à laquelle on avait assisté. Une biologiste nous avait parlé de couvre-sol, d’alternatives à la pelouse, etc. On a donc décidé d’aller de l’avant», explique-t-elle.
À partir du principe d’exemplarité, son équipe et elle ont donc décidé de réaliser des tests sur quelques espaces publics.
«Pour convaincre des gens d’essayer une nouvelle pratique, il faut d’abord le faire chez soi. C’est un principe de base. C’était important de montrer l’exemple.»
Faisant partie du Plan de conservation des milieux naturels, le projet pilote s’est avéré un franc succès. Il a piqué la curiosité et a engendré de nouveaux comportements.
«Tout est dans la communication. Il faut montrer des exemples et bien expliquer ce qu’on fait. En 2023, le projet sera de plus grande envergure. Il bénéficiera d’un budget plus important étant porté par le conseil municipal. Tout le monde est convaincu!», ajoute la mère de trois enfants âgés de 8, 10 et 12 ans.
L’été prochain, il ne faudra donc pas s’étonner de voir des gazons ici et là «imparfaits», selon l’ancienne approche.
«Les citoyens vont réaliser peu à peu qu’il sera normal que leur gazon ne soit pas aussi vert que celui du voisin! Ils seront à l’avant-garde et contribueront à la biodiversité», conclut Marie-Ève Vadnais, qui n’a pas manqué de souligner l’apport de toute son équipe, allant de la patrouille verte à l’ensemble de ses collègues, tout aussi motivés à améliorer la qualité de l’environnement.