MÉDICAMENTS. Chaque semaine, ce sont des centaines de médicaments qui sont en pénurie. Si certains sont de retour sur le marché rapidement, d’autres prennent plus de temps. Dans tous les cas, la situation a un impact majeur sur la vie des gens.
«Ça touche toutes les catégories de médicaments. Avant la pandémie, on en manquait déjà énormément. La pandémie nous a fait vivre une situation de crise avec des pénuries plus ciblées de certains traitements. On a dû prendre des mesures différentes dans la gestion de nos stocks», indique Julie Racicot, présidente de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (A.P.E.S.).
Ces ruptures de stock ont plusieurs causes possibles. Il peut s’agir d’une usine de fabrication de médicaments qui ne passe pas un élément d’inspection lors d’une visite de Santé Canada et qui doit donc arrêter sa production temporairement. Une pénurie de matière première peut aussi faire partie des causes tout comme l’augmentation de la consommation de certains médicaments.
Les stratégies des pharmacies
Les pharmacies ont dû s’adapter à cette nouvelle réalité en développant différentes stratégies. «Si l’on manque de 20 milligrammes, on peut toujours s’arranger avec du 10 ou du 40 milligrammes, si les comprimés se coupent», illustre Nicolas Blanchette, pharmacien-propriétaire affilié à Uniprix.
Parfois, il n’y a pas d’autre solution que de changer carrément de médicament, en utilisant une autre molécule qui est prescrite pour la même indication. Dans ce cas, les patients sont plus réticents et les pharmaciens doivent les rassurer. «On essaie d’être rassurant le plus possible, mais ce serait se mettre la tête dans le sable que de dire que toutes les substitutions qu’on fait n’amènent aucun effet indésirable. Surtout pour les maladies comme l’épilepsie, qu’on appelle des médicaments à index thérapeutiques étroits. Une petite variation peut amener une toxicité. Donc oui ça a un gros impact. De notre côté, on essaie le plus possible de prévoir ça», ajoute le professionnel. Il souligne par ailleurs que le fait d’être anxieux face à une nouvelle médication peut suffire à amener des effets indésirables.
Du côté des pharmacies d’établissements de santé, c’est un peu différent. Les pharmaciens gardent jusqu’à trois mois d’inventaire dans les hôpitaux. Le fait d’avoir des contrats de médicaments avec les compagnies pharmaceutiques leur garantit aussi un certain niveau de protection.
«Si l’on a un médicament qui a une indication bien précise pour laquelle il est le seul qu’on peut utiliser, on va réserver l’utilisation de ce médicament-là uniquement pour cette indication-là. S’il est utilisé pour soigner une maladie pour laquelle il y a d’autres alternatives, on va se tourner vers les alternatives de traitement», précise Julie Racicot. Cette gestion permet, selon elle, de prioriser les patients les plus vulnérables.
De plus, les stocks d’hôpitaux québécois sont répartis entre établissements au besoin, afin d’éviter tout gaspillage. Enfin, des démarches sont aussi possibles auprès de Santé Canada afin d’importer des médicaments d’autres pays. «On met tout en place pour ne pas laisser de patients sans traitement», dit Mme Racicot.
Les fausses pénuries
Au cours des derniers mois, le sujet des tablettes de pharmacie vides d’acétaminophène (de type Tylenol) et d’ibuprofène (Advil et autres) a fait couler beaucoup d’encre. Il s’agit en fait de fausses pénuries créées par la crainte des gens d’en manquer. Les pharmacies peinent à reconstituer leurs stocks : sitôt mises sur les tablettes, les bouteilles disparaissent. «Il y a une date d’expiration sur ces produits-là, donc ça ne sert à rien de vous procurer plusieurs boîtes, suggère Nicolas Blanchette. L’autre conseil que je peux donner, c’est que s’il n’y en a plus sur les rayonnages, demandez l’aide de votre pharmacien, il y a toujours une solution.»
Si l’on manque d’acétaminophène pour les enfants, par exemple, on peut utiliser la version pour adultes en proportion de l’âge de l’enfant, s’il pèse plus de 20 kilos. Les pharmaciens peuvent guider les gens dans ce type de substitution.
Selon les données de Santé Canada, plus de la moitié des pénuries de médicaments signalées ont été résorbées dans les trois mois suivant leur apparition. 74 % ont été résorbées dans les six mois.
Toujours selon Santé Canada, 54 % des pénuries sont causées par une interruption de la fabrication du médicament, 18 % par un retard dans l’expédition du médicament et 13 % à cause d’une augmentation de la demande du médicament.
Du côté du CIUSSS Mauricie–Centre-du-Québec
Une demande d’entrevue avec le département de pharmacie de l’hôpital Sainte-Croix a été refusée. Dans un courriel, Laurence Chartrand, agente d’information du CIUSSS Mauricie–Centre-du-Québec, indique qu’aucune situation particulière à ce chapitre n’a été notée.