FOOTBALL. Le programme de football du Cégep de Drummondville accumule les défaites depuis maintenant plusieurs années. Exaspéré par les performances médiocres des Voltigeurs, l’homme d’affaires Laurent L.-Proulx a décidé de prendre le taureau par les cornes.
Ainsi, le groupe Le Canadien devient le nouveau partenaire en titre de l’équipe de football du collège drummondvillois. Selon une entente survenue entre les deux organisations, l’entreprise de restauration investira annuellement un montant dans les cinq chiffres afin de propulser les Voltigeurs.
Dans une entrevue accordée à L’Express, Laurent L.-Proulx a expliqué que cette commandite sera tout sauf passive. Le succès de l’équipe lui tiendra à cœur autant que celui de ses restos, assure l’entrepreneur de Notre-Dame-du-Bon-Conseil.
«On n’achète pas une simple publicité. On investit dans une cause : celle du football collégial à Drummondville, lance-t-il d’emblée. L’entente prévoit que je vais suivre le programme de proche et émettre des recommandations, surtout en matière de recrutement. Je vais aussi m’impliquer dans le financement du club. Bref, je vais m’intéresser à tout ce qui touche à la progression du programme.»
Débordant d’idées, le nouveau collaborateur des Voltigeurs souhaite mettre sur pied une structure de financement pour l’équipe. La création d’un «booster club» et d’un tournoi de golf font aussi partie de ses projets. «Dans le milieu des affaires à Drummondville, il y a des amateurs de football. Je vais les solliciter. Le club a besoin de moyens financiers. Je pense qu’on a une communauté d’affaires assez forte pour avoir un programme de football décent.»
Inspiré par le Rouge et Or
C’est à la suite d’un gênant revers de 61-1 des Voltigeurs face aux Vulkins du Cégep de Victoriaville, l’automne dernier, que Laurent L.-Proulx a décidé que c’en était assez. Aussitôt, l’entrepreneur a approché les dirigeants du programme, qui a de nouveau terminé dans les bas-fonds du classement au sein du circuit québécois de football collégial.
«À force de ne pas être compétitif d’une saison à l’autre, ma crainte, c’est que le programme de football disparaisse au Cégep un jour. C’est pour ça que j’ai levé la main», met-il en relief.
«On ne se cachera pas que présentement, on est dans un creux de vague. Tous les programmes finissent par passer par là pendant une période plus ou moins longue. Quand ça va bien, tout le monde veut être dans la photo, mais le vieil adage dit que les vrais amis se pointent quand ça va moins bien. Moi, j’adore le football et on va essayer de travailler fort pour développer ce programme. Je veux donner le maximum d’outils et de ressources au programme pour que ça avance. Je veux être là à long terme.»
Pour Laurent L.-Proulx, le modèle d’affaires mis sur pied par Jacques Tanguay chez le Rouge et Or de l’Université Laval constitue une véritable inspiration. Plus près de chez nous, il cite l’exemple d’Éric Verrier chez les Voltigeurs de la LHJMQ.
«S’il y a un seul message que notre entreprise veut faire passer à travers ce geste, c’est qu’on n’investit pas à Drummondville juste pour faire de l’argent. Avant de partir à la retraite, j’aimerais ça laisser quelque chose derrière moi. Je voulais m’associer à une cause. Le football, c’est le sport qui fait le plus graduer les jeunes à l’université. On en a besoin, surtout chez les jeunes hommes où la persévérance scolaire fait défaut», explique celui qui poursuivra son engagement envers la Tablée populaire.
À travers ce processus, Laurent L.-Proulx dit avoir ressenti une grande ouverture de la part du Cégep. Il a particulièrement été impressionné par l’entraîneur-chef Francis Lapointe, avec qui il discutera d’ailleurs sur une base régulière «sans toutefois piler dans ses plates-bandes».
«Je sens que Francis est là pour la cause. C’est un excellent coach qui peut faire progresser les kids tant individuellement que collectivement. Je suis convaincu qu’il va aider ce programme à devenir compétitif. Il est dans la même lignée que Luc Sylvain, qui a déjà connu du succès à la barre des Voltigeurs.»
«Au fond, Francis a un seul défaut : il est trop discret et trop humble. Dans la région, il n’y a pas assez de monde qui connait son pedigree. Les gens doivent savoir qu’on a un coach d’envergure à Drummondville.»
Un cercle vicieux à briser
Questionné au sujet de ses attentes envers le programme, Laurent L.-Proulx dit avoir bon espoir que l’équipe devienne compétitive en division 3 d’ici quelques saisons.
«J’aime ça gagner, mais je suis un gars qui gère ses attentes. Je ne veux pas mettre une pression supplémentaire sur personne. Bâtir un programme gagnant, ça se travaille à long terme. Il y a des étapes à franchir. À Drummondville, il y a un cercle vicieux : on a de la misère à gagner parce qu’on a de la misère à recruter et vice-versa. Il faut le casser et ça passe par le recrutement. C’est le nerf de la guerre.»
À ce sujet, Laurent L.-Proulx n’hésitera pas à s’impliquer activement dans les efforts des Voltigeurs afin d’attirer les meilleurs joueurs au sein du programme.
«Dans le total respect des règles du RSEQ, j’ai l’intention qu’on travaille très fort sur le recrutement et qu’on développe une filière locale. Je veux que le programme soit de plus en plus visible. Il faut qu’on montre ce que les Voltigeurs peuvent apporter aux jeunes footballeurs de Drummond. On a du talent dans la région, mais on a un job de terrain à faire pour être plus présent. On doit les convaincre un par un.»
Par ailleurs, le groupe Le Canadien investira également quelques milliers de dollars dans le programme des Vandoos. Champion des séries éliminatoires la saison dernière, le club drummondvillois a vu plusieurs de ses finissants être recrutés par des équipes de division 1 ou 2 ces dernières années.
«On ne peut pas blâmer un kid d’aller jouer en première division. C’est à nous de mieux travailler, de mieux identifier nos prospects et de mieux démontrer ce qu’on peut apporter aux jeunes. C’est sur cette tâche qu’on va se concentrer. On a besoin de créer un engouement autour du programme. Il faut y croire», insiste Laurent L.-Proulx.
Laissant entendre que les possibilités d’amélioration sont «infinies», l’homme d’affaires rappelle que le football est un sport où les miracles existent. «Ça se peut des équipes qui en arrachent et qui reviennent au top! Il y a beaucoup de films qui témoignent de ces histoires. Ça va nécessiter beaucoup de travail pour que l’équipe se retrouve de nouveau dans le haut du classement, mais j’y crois.»
«Je vais être patient, mais on va chercher l’effort parfait. Je pense que dès la saison prochaine, l’état d’esprit va changer. J’espère qu’on va en voir des répercussions sur le terrain. L’objectif à court terme, c’est qu’on ne soit plus jamais battus d’avance avant que le match commence.»
Amoureux de la culture du foot
Ayant lui-même pratiqué le football à l’époque où il faisait partie des Forces armées, Laurent L.-Proulx est devenu un fidèle partisan du Rouge et Or durant ses études en droit à l’Université Laval. Il se décrit non seulement comme un amateur de football, mais aussi un amoureux de la culture scolaire entourant ce sport.
«Je ne consomme pas beaucoup de NFL. J’adore le football de la NCAA. L’ambiance dans les estrades est extraordinaire. On est dans la tradition de football un peu plus pure, moins commerciale.»
«Le football, c’est le sport par excellence pour que les jeunes prennent leur place, poursuit l’ex-conseiller municipal de la Ville de Québec. Dans une équipe, il y a un effet de nivellement. Les plus extravertis, ceux qui s’affirment trop, vont se faire dire de revenir sur la terre. Et les plus introvertis, ceux qui s’affirment moins, vont être poussés à prendre leur place. Ça devient une famille assez bien balancée. Je trouve que ça fait progresser les humains. Ça diminue les égos, ça augmente la considération pour l’autre et ça développe l’esprit d’équipe.»
Celui qui dirige quelque 135 employés, dont de nombreux jeunes, est également interpellé par le côté militaire du football. «C’est un sport très discipliné. Je pense que dans notre société, les jeunes qui sont capables de faire preuve d’autodiscipline vont avoir un avantage concurrentiel sur les autres.»