Plus de 75 voix en 90 minutes… avec André-Philippe Gagnon

Caroline Lepage
Plus de 75 voix en 90 minutes… avec André-Philippe Gagnon
Malgré une longue absence au Québec, l’humoriste et imitateur constate que les gens sont au rendez-vous en grand nombre. (Photo : Gracieuseté)

MAGAZINE. André-Philippe Gagnon rebondira à Drummondville dans son spectacle où il partage son univers musical en imitant plus de 75 voix issues des chansons qui ont marqué sa vie et celle de Monsieur tout le monde.

Celui que l’on surnomme «l’homme aux mille voix» ressent un plaisir contagieux sur scène avec son spectacle Monsieur tout le monde, surtout après l’interminable pause imposée par la pandémie, où il a dû se contenter d’offrir des prestations en ligne.

«Les cordes vocales ont été reposées suffisamment. Je me réchauffe un peu chez moi. Je fais quelques tounes dans l’auto quand je m’en viens à la salle, mais côté cordes vocales, ça se passe bien. Elles sont bien en forme!», partage André-Philippe Gagnon.

L’artiste se plaît à aller dans «ses hautes et ses graves» pour imiter Barry White, Tire le Coyote ou Hubert Lenoir, qu’il a ajouté à sa liste d’imitations.

«Il faut faire des affaires l’fun! Je veux continuer de m’amuser. Il faut que ça paraisse dans ma face et je pense que les gens le sentent bien», s’exclame-t-il.

(Photo gracieuseté)

Ce plaisir, c’est la résilience d’André-Philippe Gagnon. Ce thème parle aussi à cet humoriste considéré comme l’un des imitateurs s’étant le plus illustré à l’extérieur du Québec.

Quand il s’est fait connaître dans les années 1980, en empruntant à la perfection la voix des 18 artistes du succès We are the world, le Québec comptait à peine une dizaine d’humoristes. Cette prestation spectaculaire lui a valu d’être le premier québécois invité au Tonight Show de Johnny Carson. Le lendemain de son passage, il a vendu 20 000 billets de spectacle en 3 h 30.

S’il a eu la chance de présenter la première partie de deux tournées mondiales de Céline Dion et ses spectacles pendant une dizaine d’années à Las Vegas, il a quand même dû préparer son retour au Québec, où les humoristes avaient fait boule de neige.

«Juste avant la pandémie, il y avait une soixantaine d’humoristes qui sont sortis de l’école de l’humour. Ils étaient sur la route. Ça fait une bonne offre pour la demande», met-il en contexte.

L’artiste international a dû trouver le bon ton pour revenir au bercail et les bons producteurs pour coordonner à la fois ses projets au Québec et à l’étranger.

«Quelques décennies plus tard, je reviens avec une nouvelle proposition et les gens sont toujours au rendez-vous», dit-il reconnaissant.

Monsieur tout le monde

L’automne dernier, il a lancé son spectacle Monsieur tout le monde qui s’intéresse à l’habitude naturelle qu’ont les gens d’associer chaque moment fort ou personne marquante de leur vie à une chanson.

«Comme je dis aux gens, vos playlistes sont sur vos portables, vos ordinateurs à la maison. Moi, elle est dans ma tête et elle part quand elle veut. Je pense à quelque chose et elle envoie la «toune qui fite»», illustre l’artiste de renom.

C’est à partir de ses souvenirs qu’André-Philippe Gagnon réussit à imiter plus de 75 voix dans son spectacle où il partage son univers musical avec le public pendant environ 90 minutes.

«Quand je pense aux gens qui travaillent dans le domaine de la santé ou bien qui bravent les bombes en Ukraine, c’est Heroes de David Bowie qui me vient en tête. Ensuite, quand je m’ennuie de ceux que j’aime, c’est Mécaniques générales de Patrice Michaud», donne-t-il en exemple.

Et sa playliste, comme il dit, remonte à l’époque de l’émission Jeunesse d’aujourd’hui où il était à la mode de créer des chansons francophones à partir des succès anglophones. Il en fait la démonstration sur scène avec le fameux Sweet Caroline de Neil Diamond devenu Oui Caroline de Pierre Lalonde.

En montant sur les planches, l’artiste adopte un ton qui lui donne l’impression de jaser avec le public. «Je me suis impliqué beaucoup plus dans l’écriture de ce spectacle, contrairement aux autres», spécifie-t-il.

André-Philippe Gagnon s’amuse chaque soir où il monte sur scène. (Photo gracieuseté)

Enchaînements drôles et touchants

Rigolo, l’humoriste s’amuse à reproduire, en entrevue avec L’Express Magazine, les bruits de textos que s’échangent deux amoureux dès leurs premières fréquentations, en interprétant le succès Love is in the air.

André-Philippe Gagnon parle aussi de son numéro québécois à la We are the world, alors qu’il enchaîne 14 voix de chanteurs différents avec Le blues du showman qui est une adaptation du classique Le blues du businessman de Claude Dubois.

Or, son hommage aux mères, sœurs ou amoureuses de ce monde serait encore plus exigeant vocalement, accordant plus de temps aux succès Si je savais parler aux femmes de Jean-Pierre Ferland ou You are so beautiful de Joe Cocker.

Dans tous les cas, le sexagénaire s’efforce d’être précis dans ses imitations. «C’est bien important qu’on reconnaisse tout de suite qui je fais», insiste ce vétéran qui est attendu le 26 novembre prochain à Drummondville.

«Je suis bien content de cette proposition de spectacle et je suis content de venir la présenter à Drummondville. Ça fait partie des premières villes où j’ai commencé à présenter des spectacles», communique-t-il.

Si sa carrière a fait bien du chemin depuis, il a pu constater lors d’un récent passage à la Maison des arts qu’elle s’était refait une beauté. «On entrait par-derrière et ça sentait un peu la piscine quand on arrivait», évoque avec le sourire celui qui poursuit sa tournée québécoise jusqu’au printemps 2023.

Dès cet été, André-Philippe Gagnon envisage d’adapter son spectacle pour le présenter dans les festivals de la province. «Peut-être que je vais faire le Festival de la poutine à Drummondville. On ne sait jamais. Ce serait l’fun!», lance ce maître incontesté de l’imitation.

Partager cet article