Des maires s’opposent fermement au redécoupage des circonscriptions fédérales

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Par Cynthia Martel
Des maires s’opposent fermement au redécoupage des circonscriptions fédérales
(Photo : Ghyslain Bergeron)

POLITIQUE. Saint-Guillaume, Saint-Eugène-de-Grantham, Saint-Pie-de-Guire et Sainte-Brigitte-des-Saults pourraient éventuellement faire partie de la circonscription fédérale de Bécancour-Nicolet-Saurel. Le député bloquiste de Drummond, Martin Champoux, appuyé de la majorité des maires de la MRC s’opposent unanimement à cette proposition de redécoupage électoral.

Tous les dix ans, le Directeur général des élections confie à des commissions indépendantes le mandat de redessiner la carte électorale fédérale du Québec et des provinces selon leur évolution démographique. C’est le cas en 2022.

Dans une lettre ouverte cosignée par les maires de 17 des 18 municipalités de la MRC de Drummond de même que par le député du Bloc québécois, Martin Champoux, les élus signifient clairement leur opposition à cette proposition de la Commission de délimitation des circonscriptions électorales pour le Québec avec des arguments justifiés tout en partageant leurs préoccupations.

«La circonscription fédérale et la MRC de Drummond n’ont pas seulement en commun le territoire qu’elles occupent, elles forment un tout que nous ne sommes pas prêts à morceler pour le bénéfice d’un redécoupage électoral qui n’apporte aucun avantage aux citoyennes et citoyens, ni aux municipalités concernées. Drummond est une région fière, ambitieuse et tissée serrée. Nous reconnaissons depuis toujours le mérite du travail en équipe et nous savons que chaque maillon de la chaîne est important», est-il écrit.

Les signataires trouvent déplorable d’obliger les citoyens des quatre municipalités visées à devoir se déplacer dans une région différente pour faire appel à de nouvelles ressources et, par le fait même, rebâtir des liens.

«À titre d’exemple, une famille de Sainte-Brigitte-des-Saults, qui se tourne tout naturellement vers les services fédéraux à Drummondville, devrait plutôt se diriger à Sorel, à une heure de route, pour obtenir les mêmes services et conserver un lien avec son député fédéral.»

«Ajoutons à cela que nos quatre municipalités se joindraient à une circonscription comptant déjà trois MRC, [une quarantaine de municipalités] et deux territoires autochtones. Leurs voix et leurs préoccupations politiques n’auraient certainement pas la même portée qu’à l’heure actuelle», poursuit-on, toujours dans la lettre ouverte.

À ce sujet, Martin Champoux indique que son collègue de la MRC de Bécancour-Nicolet-Saurel, Louis Plamondon, lui a affirmé être sensible à ce possible chamboulement et prêt à accueillir à bras ouverts les municipalités, mais que bien malgré lui, le service ne sera probablement pas aussi personnalisé.

«Louis est extrêmement présent sur le terrain, très proche des citoyens, mais il a déjà une immense circonscription, c’est impossible d’avoir le même service dans ce temps-là», souligne-t-il à L’Express.

L’une des particularités de Drummond, indique-t-on dans la lettre, est justement la cohésion qui règne au sein de sa MRC, de même qu’entre les municipalités et les différentes entités offrant des services aux citoyens, tel que le député fédéral. La disposition du territoire facilite la concertation, laquelle mène à des actions communes en plus de favoriser l’uniformisation des services et l’optimisation des ressources.

«On se fait souvent dire en tant que député par les petites municipalités qu’elles se sentent oubliées, à la remorque des plus grosses. Dans Drummond, on les considère avec le même regard, la même importance que les municipalités à plus forte densité. Personne n’est exclu, ce qui fait en sorte que les municipalités moins peuplées peuvent profiter de la force du groupe», explique M. Champoux.

Considérant l’ensemble de ces enjeux, le député de Drummond ira défendre, le 13 octobre, devant les audiences de la Commission, la MRC de Drummond.

«La Commission est très ouverte à entendre les arguments et c’est correct, car ces gens-là ne sont pas sur le terrain, ils ne connaissent donc pas la portée des impacts que pourrait engendrer le redécoupage», fait savoir le député de Drummond.

Soulignons que les plus récentes données démographiques constituent le point de départ pour le redécoupage. Les ajustements qui ont été récemment proposés servent à équilibrer la répartition des sièges à la Chambre des communes en fonction du poids démographique régional. Cela se fait en réassignant des secteurs ou des municipalités entières d’une circonscription plus populeuse à une autre qui l’est moins, ou encore en éliminant ou créant de nouvelles circonscriptions.

«Dans l’est, la circonscription de la Haute-Gaspésie – La Métis – Matane – Matapédia pourrait disparaître en raison de la population de moins en moins nombreuse. Ce que je plaide là-dedans, c’est qu’on ne devrait pas uniquement se baser sur la démographie, la densité de population, parce que dans une circonscription, ce sont les gens qu’on représente, mais aussi les entreprises, les ressources, bref, un territoire. On devrait davantage prendre ça en considération dans les calculs. C’est une question de respecter la valeur et le mérite d’un territoire», conclut Martin Champoux.

Si la proposition est entérinée, il s’agira de la deuxième fois en 11 ans que Sainte-Brigitte-des-Saults, Saint-Guillaume et Saint-Pie-de-Guire soient retirées de la MRC de Drummond. Depuis le redécoupage électoral au provincial, en 2011, ces municipalités avec Saint-Bonaventure appartiennent à la circonscription de Nicolet-Bécancour.

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