ENVIRONNEMENT. En 2019, la châtaigne d’eau était l’une des pires colonies de plantes envahissantes sur la rivière Saint-François. Après trois étés de lutte intensive, elle a presque toute été éradiquée.
Cette vaste opération est menée par le Conseil de gouvernance de l’eau des bassins versants de la rivière Saint-François (COGESAF). C’est en 2019, après avoir détecté plusieurs colonies denses de châtaignes d’eau ainsi qu’une multitude d’individus éparpillés sur une vingtaine de kilomètres de la rivière Saint-François que l’organisme a initié la campagne d’arrachage, laquelle a été subventionnée par la Fondation de la faune du Québec.
En 2020, les équipes sont parvenues à retirer plus de quatre tonnes de cette plante exotique envahissante, soit 4058 kilogrammes. La quantité arrachée à l’été 2021 représente 1858 kilogrammes, une réduction de 55 % en une année. Au cours des trois dernières semaines, Nicolas Bousquet et ses acolytes ont récolté moins de 500 kilogrammes, une nette amélioration.
«L’envahissement en ce moment est vraiment moins pire. Il en reste une certaine quantité au foyer d’infestation situé dans le bassin de Saint-Bonaventure où on y retrouvait des tapis de haute densité, mais il n’en demeure pas moins que c’est très peu par rapport à ce qu’on a déjà vu. C’était presque impossible de pratiquer la pêche et maintenant, on peut sans problème», fait savoir M. Bousquet, biologiste et chargé de projets au COGESAF. «En général, pour la rivière, c’est éparpillé; quelques rosettes ici et là. Il y a même des kilomètres de rivière où il n’y a aucune rosette, c’est très encourageant!»
S’il est encore prématuré de dire que la situation est sous contrôle, M. Bousquet peut toutefois affirmer que c’est de bon augure.
«Je ne dirais pas que la situation est sous contrôle, car ça ne prend pas seulement deux ans de travail. Et si on arrête, ça ne prendra pas de temps que la situation sera pire qu’avant. On l’a déjà vu ailleurs. On s’en va dans le bon sens, mais il ne faut pas arrêter la lutte. Si on donne du jeu à la châtaigne d’eau, elle refera rapidement de denses tapis. Elle se reproduit de façon exponentielle.»
Pour la première fois cette année, Nicolas et son équipe ont utilisé des drones pour détecter les rosettes dans des endroits où elles sont difficiles d’accès en bateau ou à pied.
«C’est une méthode très utile, ç’a bien fonctionné.»
M. Bousquet a remarqué que de plus en plus de citoyens et plaisanciers participent à l’effort en arrachant certains plants.
L’équipe poursuivra la lutte l’été prochain, comme prévu au plan.
«Le financement se poursuit. Saint-Bonaventure et le lac Saint-Pierre demeurent les priorités. On verra par la suite ce qu’il nous est possible de faire selon les sous qu’on recevra», indique-t-il.
Le chargé de projet souligne que cette opération d’envergure réduit assurément les impacts sur la faune et la flore.
«C’est difficile par contre de dire dans quelle proportion, car on n’a pas évalué la qualité de la végétation indigène avant, mais ce qu’on est certain, c’est qu’elle est dense. Par exemple, les nénuphars ne sont plus submergés d’eau à cause de la châtaigne.»
La châtaigne d’eau a été détectée dans la rivière Saint-François pour la première fois en 2015, par un employé du ministère de la Faune. Celui-ci avait retiré avec un filet de pêche une rosette dérivante, à proximité du lac Saint-Pierre.