CENTRE-VILLE. La Ville de Drummondville et la Société de développement économique de Drummondville (SDED) ont lancé, ce mercredi, un programme qui permet aux nouveaux locataires et propriétaires occupants d’obtenir une subvention équivalente à un an de loyer d’espaces commerciaux du centre-ville et du quartier Saint-Joseph.
L’objectif est de stimuler la location des locaux commerciaux vacants dans ces deux secteurs, autrefois prisés. Ainsi, une subvention qui couvre la totalité du loyer est offerte jusqu’à concurrence d’un prix de dix dollars le pied carré ou un maximum de 30 000 dollars. Cette subvention sera versée en trois parts égales sur une durée de trois ans. L’attribution des subventions se fera selon le principe du «premier arrivé, premier servi».
La Ville de Drummondville y contribue à la hauteur de 200 000 dollars et on espère l’implantation de cinq à dix nouvelles entreprises dans ces deux quartiers. Un commerce qui profitera du programme devra demeurer locataire de l’endroit pour un minimum de trois ans afin d’obtenir l’ensemble de la subvention. Le programme s’adresse explicitement aux nouveaux locataires d’espaces vacants des secteurs ciblés. Les entreprises existantes qui agrandissent leurs locaux ou se relocalisent depuis la MRC de Drummond sont exclues de cette initiative.
La SDED décrit le centre-ville comme le territoire situé entre les rues Saint-Georges et Saint-Jean, puis du boulevard Saint-Joseph à la rivière Saint-François. Le quartier Saint-Joseph comprend les bâtiments qui se situent entre le boulevard Saint-Joseph et la 7e avenue et entre les rues Saint-Frédéric et Saint-Damien.
En avril 2022, la SDED recensait 10,18 % d’inoccupation du nombre total de locaux sur l’ensemble du territoire de Drummondville. Au centre-ville, ce chiffre passe à 14,71 % et à 7,64 % dans le quartier Saint-Joseph. L’année précédente, le taux d’inoccupation était de 14,66 % au centre-ville et de 9,15 % dans le quartier Saint-Joseph.
Drummondville étudie ce projet depuis 2019. L’idée a pris naissance en Belgique, il y a plusieurs années, et s’est importée au Québec où des municipalités comme Saint-Hyacinthe, Montréal et Victoriaville ont adopté le concept.
«La pandémie a ralenti le processus. On le voyait se faire dans d’autres villes. C’est une façon de revitaliser le centre-ville qu’on a retravaillé à notre couleur. On a choisi les meilleures pratiques de ces programmes», a fait savoir la mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste.
«On prend le taureau par les cornes. D’autres villes ont aussi des programmes de subvention, mais nous voulons aller plus loin à Drummondville. Le programme d’incubation vise à prendre en charge l’entreprise et l’entrepreneur pour l’amener à avoir une pérennité et l’assurance que le commerce existera toujours dans quelques années», a dit Maryse Fredette, directrice du secteur commerce et services à la SDED. Cette prise en charge se traduit par l’intégration de l’entrepreneur aux autres programmes offerts par la SDED, tels que la cellule de mentorat et autres services-conseils.
Propriétaires impliqués
Pour lancer un tel programme, la SDED a sondé les propriétaires d’édifices de ces zones dans l’objectif de connaître leur point de vue et leurs besoins. D’ailleurs, plusieurs parmi eux étaient présents lors de la conférence de presse.
«Ils sont heureux de voir qu’on fait des actions concrètes et qu’on veuille leur donner des outils lorsqu’ils rencontreront des promoteurs. C’est intéressant pour eux de présenter ce programme et ils deviennent ainsi nos meilleurs représentants. C’était important pour la SDED d’être en étroite collaboration avec eux», a ajouté Mme Fredette.
Propriétaire de plusieurs locaux situés dans les zones visées par le programme, Dominic Scalzo se réjouit des actions que posent la SDED et la Ville pour la revitalisation des artères commerciales. «C’est un excellent programme. Ça va nous aider et nous faciliter la vie. Je commence déjà à ressentir un regain des activités avec les nouveaux arrivants. Dans le quartier Saint-Joseph, on sait que c’est plus difficile depuis plusieurs années, mais ces nouveaux arrivants apprécient beaucoup le coin», a-t-il indiqué.
«Le programme peut améliorer la situation. Ça peut aider les locataires à trouver des locaux. S’ils ont de la gratuité, ça aide pour démarrer», a dit Gaétan Prévost, un propriétaire disposant de plusieurs locaux au centre-ville.
Le programme a été salué par plusieurs propriétaires de locaux. D’ailleurs, plusieurs ont évoqué l’idée de rendre éventuellement des rues entièrement piétonnes.
«On dit que le monde amène le monde. C’est un programme qui peut nous inciter à être plus proactifs comme propriétaire pour aller chercher de nouvelles entreprises. Je crois que tout le monde peut y trouver son compte. On le voit dans d’autres centres-ville, comme à Trois-Rivières. Ce sont des rues piétonnes l’été qui amènent un peu plus d’activité», a déclaré Nancy Lalancette.
Selon les propriétaires rencontrés sur place, mercredi, le centre-ville a commencé à connaître des problèmes d’inoccupation lorsque le centre commercial a été construit et que le boulevard René-Lévesque est devenu une artère commerciale d’importance à Drummondville.
«Ça fait 25 ans que j’achète des bâtiments dans Saint-Joseph et au centre-ville dans l’attente de ce qui est en train de se produire arrive. Je suis l’homme le plus heureux de la situation, parce que j’ai mangé mes bas et du baloné pendant des années en attendant que ça se réalise», a témoigné Dominic Scalzo.
Attirer des bannières
Bien que la décision finale est entre les mains des promoteurs, la SDED espère pouvoir éventuellement attirer des grands joueurs du commerce de détail au centre-ville ou dans d’autres locaux vacants de la ville.
«Le développement économique va très bien au Québec. On voit beaucoup de commerces prendre de l’expansion. Il y en a beaucoup qu’on n’a pas encore à Drummondville. Le désir est d’amener des bannières ici, qu’elles soient grosses ou petites. L’important est d’avoir une offre commerciale variée. On souhaite attirer tout le monde; l’important est que les projets soient solides et qu’ils perdurent dans le temps», a ajouté Maryse Fredette.
Soulignons de surcroît que la Ville de Drummondville propose un programme d’aide à la rénovation de façade de bâtiments commerciaux ou mixtes du centre-ville et du quartier Saint-Joseph. Celui-ci offre une subvention pouvant aller jusqu’à 50 % du coût des travaux admissibles jusqu’à concurrence de 20 000 $ pour la façade et une aide financière maximale de 30 000 $ par bâtiment.