Des photos d’une fillette étendue sur le lit avec du papier adhésif

CAROLINE LEPAGE
Des photos d’une fillette étendue sur le lit avec du papier adhésif
Le Palais de justice de Drummondville. (Photo : Photo d'archives)

JUSTICE. Une mère a évité la prison même si elle reconnaît avoir apposé du papier adhésif sur sa fillette de deux ans et pris des photos sur lesquelles figurait la mention «The terrible two».

La mère, dont il faut taire le nom pour ne pas divulguer l’identité de l’enfant, a plaidé coupable le 8 avril dernier d’avoir séquestré, emprisonné ou saisi de force une enfant mineure. Lors de cette comparution, les procureurs au dossier ont relaté les faits reprochés qui seraient survenus entre le 17 mars et le 15 septembre 2020 à Drummondville.

«Sur une des photos, elle a pu constater que la jeune fille était couchée sur le lit sur le dos. Il y avait du ruban adhésif gris qui était par-dessus l’enfant donc elle a envoyé ces photos à une amie qui a été inquiète de ça», a expliqué l’avocate de la Couronne, Me Magali Bernier.

À partir de ce moment, la DPJ a été alertée et a retiré la garde des deux enfants de la mère, qui admet actuellement son incapacité parentale. Celle-ci n’avait toujours pas de contacts avec eux lors de l’audience au palais de justice de Drummondville.

Mauvaise blague

Le procureur de l’accusée, Me François Lafrenière, a précisé que la fillette n’était pas enrubannée comme une momie avec du papier adhésif. L’enfant était plutôt photographiée avec des lanières de ruban gris sur elle.

La mention «The terrible two», qui apparaissait sur les photos, devait faire référence au film d’horreur américain, sorti en 2018, au sein duquel deux fillettes meurent dans des conditions d’épouvantes.

Me Lafrenière admet que la photo était provocante, mais c’était une façon que la mère a prise pour lancer un appel à l’aide, un peu à la blague. «Une farce platte!», a renchéri la juge Ménard.

Pour la procureure de la Couronne, les photos visaient clairement à démontrer que la mère n’avait plus la patience de s’occuper de ses enfants. «L’enfant n’est pas restée comme ça pendant une longueur de temps. Ça a été fait momentanément, à une reprise», a ajouté Me Bernier.

Selon elle, il y a une distinction à faire entre cet événement et la mort tragique de «la fillette de Granby», dont la belle-mère a été accusée au terme d’un procès médiatisé l’hiver dernier.

Sans banaliser le crime de la Drummondvilloise, les procureurs ont dit avoir considéré le rapport de sa psychiatre ainsi que son passé de maltraitance et de violence conjugale. Ils ont fait valoir que la mère collaborait à ses suivis médicaux et autres, qu’elle prenait sa médication et qu’elle travaillait.

«Vous comprenez que vous avez des enjeux personnels, des défis. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas s’améliorer. C’est possible! (…) J’entends votre détresse, mais d’un autre côté, il y a ces enfants-là qui sont vulnérables», a exprimé la juge à la mère en pleurs.

Peine moins sévère

Les avocats ont fait la suggestion commune d’imposer à l’accusée une probation d’un an et 240 heures de travaux communautaires durant les 10 prochains mois.

«Normalement les peines sont assez dissuasives. On dénonce ce comportement-là. Comme juge, et aussi avec le travail des procureurs, j’ai le devoir d’individualiser une peine. L’individualisation, c’est de prendre la personne qui est devant moi, avec son histoire, ses forces et ses faiblesses», a dit la juge Ménard, qui a accepté la peine suggérée, après avoir fait état de ses préoccupations comme magistrate.

«Moi, c’est la protection des enfants, votre réhabilitation, la dénonciation du geste qui a été commis, parce qu’on ne peut laisser passer ça, et évidemment, la récidive pour ne plus vous revoir», a-t-elle conclu.

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