HOCKEY. André Roy est catégorique. L’éventuelle abolition des bagarres dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) pourrait avoir des effets pervers sur la sécurité des joueurs.
Au cours des derniers jours, le gouvernement du Québec, par l’entremise de la ministre déléguée Isabelle Charest, a demandé à la LHJMQ d’imposer une réglementation encore plus sévère pour enrayer les combats. Plus précisément, la ministre a exigé que chaque joueur impliqué dans une bagarre soit passible d’une expulsion ainsi que d’un match de suspension supplémentaire. Appelé à réagir à cette nouvelle lors de son récent passage à Drummondville, André Roy n’a pas caché son désaccord.
«Je comprends ce que la ministre essaie d’apporter, mais il faut comprendre que le hockey, c’est un jeu d’émotions. C’est un jeu très intense. Peu importe le niveau, les gars ont les hormones dans le tapis. Ça se passe vite, c’est physique et ça frappe. Les bagarres, ça fait partie de la culture du hockey. C’est dans notre sang», a expliqué l’ancien homme fort de la Ligue nationale de hockey (LNH).
Selon André Roy, la disparition des batailles dans la LHJMQ pourrait avoir de fâcheuses conséquences pour les joueurs.
«Je pense que si on enraye les bagarres, on verrait des coups plus vicieux. Une bataille, ça peut éviter les gestes disgracieux comme des coups de bâton sur les poignets. Souvent, les gars vont réagir instinctivement, mais pas intelligemment. Après avoir reçu un coup ou une mise en échec, souvent, tu es fâché. Si tu n’as pas le droit de te battre, tu vas aller darder ton adversaire ou lui donner un double-échec dans le visage», a fait valoir celui qui a été impliqué dans 139 combats en 515 matchs en carrière dans la LNH.
Celui qui occupe un rôle d’animateur et de chroniqueur sur les ondes de RDS fait remarquer que le nombre de bagarres a déjà considérablement diminué dans la LNH et la LHJMQ au cours des 20 dernières années.
«J’aime bien où le hockey est rendu. Aujourd’hui, il faut que tu saches jouer au hockey. Tu n’amènes plus des tatas qui sont là seulement pour se bagarrer ou pour blesser. Aujourd’hui, quand une bagarre arrive, ça fait partie du jeu. Il y a déjà des règlements en place qui permettent d’éviter les débordements ou les foires.»
«Si on abolit complètement les bagarres avec des suspensions, ça va amener des coups dangereux. On peut le voir dans certaines ligues en Europe où il n’y a pas de bagarres. Les coups dangereux sont plus nombreux. Ce sont des incidents qu’on ne veut pas voir», a insisté l’homme de 47 ans, qui a accroché ses patins en 2009.
Vainqueur de la coupe Stanley avec le Lightning de Tampa Bay en 2004, André Roy a donné l’exemple de joueurs de la trempe de Josh Anderson, Tom Wilson ou encore Brady Tkachuk.
«J’aime ça voir les voir en action. Ce sont de bons joueurs de hockey qui sont physiques et qui sont capables de se battre quand c’est nécessaire. Le hockey a besoin de ce style de joueurs», a exprimé celui qui a également défendu les couleurs des Bruins de Boston, des Sénateurs d’Ottawa, des Penguins de Pittsburgh et des Flames de Calgary.
De précieux souvenirs
Invité par les Voltigeurs dans le cadre du match hommage au troisième logo de l’histoire de la concession, André Roy s’est remémoré de précieux souvenirs en franchissant les portes du Centre Marcel-Dionne. Celui qui a porté les couleurs des Voltigeurs lors de la saison 1994-1995 a été présenté à la foule en compagnie de plusieurs anciens membres de l’organisation, dont Denis Gauthier, Frédéric Faucher, Jasmin Gélinas, Jean-Philippe Glaude, Samuel St-Pierre, Mathieu Ste-Marie et Daniel Bissonnette.
«Ça faisait quelque temps que je n’avais pas vu un match de la LHJMQ sur place. L’aréna est pareil comme à l’époque où je jouais. C’est un endroit qui a du cachet et de l’histoire. Ça me rappelle tellement de beaux moments que j’ai vécu ici, que ce soit des buts ou des mises en échec. De revenir en ville et de rencontrer les fans, ça me ramène dans le temps», a-t-il lancé.
Après avoir fait ses débuts avec les Harfangs de Beauport, puis avoir aidé les Saguenéens de Chicoutimi à gagner la coupe du Président en 1994, André Roy s’est amené chez les Voltigeurs à l’âge de 19 ans. Le vétéran s’était alors vu confier la mission de veiller sur une recrue fort talentueuse du nom de Daniel Brière.
«Daniel m’avait beaucoup aidé. C’était facile de jouer avec lui», a raconté l’ex-attaquant, qui avait accumulé 18 buts, 31 points et 233 minutes de punition en seulement 34 matchs en saison régulière.
En séries éliminatoires, les Voltigeurs avaient été balayés par les Cataractes de Shawinigan dès la première ronde. La saison suivante, André Roy faisait ses débuts dans le hockey professionnel.
«Un fan m’a dit qu’il se rappelait d’une présence en séries où j’avais fait six mises en échec en ligne. Je m’en rappelle très bien! J’étais brûlé. En séries, j’essayais d’amener un élément plus physique. Je frappais beaucoup et la foule appréciait mon jeu physique», s’est souvenu André Roy, qui a été impressionné par le jeu du jeune Tyler Peddle lors du match contre le Phoenix de Sherbrooke.