DRUMMONDVILLE. Voulant offrir une nouvelle option de logements à la clientèle âgée vivant sous le seuil de la pauvreté ou ayant des problèmes en santé mentale, l’organisme l’Ensoleilvent donnera sous peu le coup d’envoi à son projet de construction de logements sociaux dans le quartier Saint-Charles, à Drummondville.
Selon Jacinthe Dorr, directrice générale de cet organisme qui a permis récemment l’installation sur son terrain d’abris offerts par l’humoriste Mike Ward, les premiers locataires devraient être en mesure d’emménager sur la rue Victorin l’automne prochain, s’il n’y a pas de retard du côté de l’entrepreneur.
«Ça fait cinq ans qu’on travaille sur ce projet. Aussitôt qu’il aura un redoux, je crois que l’entrepreneur (Gestion Fauvel) pourra amorcer la construction.
Précisément 23 unités de logement seront offertes à la clientèle. La plupart seront des 3 ½, mais une poignée de 4 ½ sera disponible et un 5 ½. Le coût de la location sera modulé en fonction des revenus des requérants.
L’immeuble sera construit au coût de 8,4 millions de dollars. Le gouvernement du Québec le supporte à la hauteur de 4,3 millions de dollars. Des partenaires, tels que la Ville de Drummondville, la Société d’habitation du Québec et la Société Canadienne d’hypothèques et de logement y vont aussi de leurs contributions sans compter la part de l’Ensoleilvent. Le quartier Saint-Charles a été choisi notamment parce qu’il offre plusieurs services de proximité, comme une épicerie, une pharmacie et le transport en commun.
«L’immeuble sera en forme de «L» pour qu’on ait une cour commune. L’objectif est d’éviter la stigmatisation des personnes. Dans les quartiers où il a eu plusieurs constructions de HLM, on a entendu des commentaires désobligeants de la communauté environnante. On ne veut pas ça. La communauté de Saint-Charles ne verra pas nécessairement d’attroupements. Il y aura un potager, des activités de groupe, des repas; bref, des activités qui permettront le maintien de la qualité de vie», assure la directrice générale, en précisant qu’il y aura un intervenant sur place.
À ce jour, l’Ensoleilvent soutient avoir entre les mains une liste de 26 personnes qui souhaitent se prévaloir d’un de ses nouveaux logements sociaux. Des analyses sont en cours, en fonction de critères précis, pour déterminer les personnes qui pourront y élire domicile. La clientèle qui sera ciblée sera âgée et l’Office d’habitation de Drummond assurera une partie de la gestion.
«Le projet va éviter pour ces gens d’aller en CHSLD. En ce moment, le nerf de la guerre, c’est le logement. Les coûts ne sont plus vivables pour les personnes sous le seuil de la pauvreté. On s’attend à un effet de bascule imminent, car les personnes à faible revenu peinent à se trouver un logement. Loger les gens dignement, dans des conditions saines, on a vraiment de la difficulté à Drummondville. Ça devient de plus en plus difficile pour des organismes comme le nôtre de trouver des endroits. Il s’agit aussi d’une clientèle qu’on doit éviter de relocaliser trop souvent», a poursuivi Mme Dorr.
Les gens qui vivront dans cet immeuble, lequel sera baptisé Les Îlots de solidarité, partageront donc des activités pour contrer les effets de l’isolement. Un véritable milieu de vie y sera créé.
«Le plus grand moteur d’échec chez l’humain est la solitude. En mettant les gens ensemble, ça évite que des gens restent dans leur coin et que leur état de santé ne se dégrade. On va aussi choisir des gens qui voudront s’impliquer dans l’immeuble», a ajouté la directrice.
La construction de ces nouvelles unités de logement viendra assurément aider l’Ensoleilvent dans ses opérations d’accueil de la clientèle itinérante et vivant sous le seuil de la pauvreté.
«La crise du logement va nous péter dans le visage. C’est d’une évidence, ça va prendre plus de logements sociaux. Il y a la pandémie, la hausse des coûts de l’épicerie et des loyers. Il y a une guerre de la surenchère. On a quelques ententes avec des propriétaires qui nous donnent des coups de main, on tricote fort, mais c’est difficile. On s’inquiète aussi de voir apparaître une nouvelle clientèle en itinérance avec un profil différent. Il y a beaucoup de problèmes de santé mentale», a conclu Jacinthe Dorr, qui gère l’organisme depuis janvier 2006.