Eskair Aménagement tente la semaine de quatre jours

Eskair Aménagement tente la semaine de quatre jours
Président d’Eskair Aménagement, Éric Bourgault fait le pari d’adopter la semaine de travail de quatre jours au sein de son entreprise. (Photo : Adrien Côté photographe)

TRAVAIL. L’entreprise drummondvilloise Eskair Aménagement commence l’année 2022 en adoptant la semaine de travail de quatre jours.

Plusieurs raisons ont poussé le président de cette entreprise spécialisée dans la fabrication de modules de jeu en bois et de classes extérieures, Éric Bourgault, à mettre en place cette initiative. La plus importante, selon lui, est la qualité de vie. En contexte de pénurie de main-d’œuvre, M. Bourgault a jugé que c’était la meilleure façon de s’assurer un plus grand engagement des employés.

«Je me suis demandé comment je pouvais changer la donne pour avoir des employés performants et heureux. J’aurais pu augmenter les salaires ou donner des bonus; à l’automne je prévoyais encore donner un bonus à Noël. Plus j’y pensais, plus je croyais que ça ne fonctionnerait pas. Ce n’est pas significatif selon moi. Comparativement, donner une journée de congé de plus, c’est comme donner la santé à quelqu’un; ça n’a pas de prix. Avec une journée de plus, ils pourront pratiquer des loisirs, se reposer, faire des commissions ou de la popote», a expliqué le président d’Eskair Aménagement.

L’entreprise drummondvilloise conçoit des classes extérieures pour les écoles. (Photo : Eskair Aménagement)

Cette décision a fait l’objet d’une réflexion approfondie lorsqu’on entend les paroles de M. Bourgault. Celui-ci a lu plusieurs études sur le sujet et en a discuté avec d’autres entrepreneurs, comme lui, afin de se faire la meilleure idée possible sur la question.

«En contexte de pénurie de main-d’œuvre, on veut être différent comme employeur et j’ai l’impression que tout le monde va donner des bonus à la performance. Lorsque j’ai lu sur le sujet, j’ai appris que les employés seront heureux dans leur travail nonobstant l’attribution d’un bonus. Ce qu’ils préfèrent, ce sont les conditions de travail. En épluchant la question du bonus, je suis tombé sur une étude, parue l’été dernier, qui a été faite en Suède. Celle-ci s’étirait sur quatre ans et présentait différents modèles de semaine de quatre jours. C’était super concluant. J’ai lu sur des modèles québécois et j’ai appris que c’était en émergence ici», a raconté Éric Bourgault.

Le chef d’entreprise de 47 ans ne ferme pas la porte à engager des employés supplémentaires pour compenser les manques, s’il devait y en avoir, du passage à la semaine de quatre jours. Il demeure confiant qu’il n’aura pas à emprunter cette voie. En réalité, les employés voient leur semaine passer de 40 heures à 36 heures avec le retrait d’une journée de travail.

Engagement

L’annonce du passage à la semaine de travail de quatre jours a donné des réactions variées des employés à la mi-décembre. Alors que certains s’en réjouissaient, d’autres avaient certains questionnements. Bien que le changement d’horaire soit considéré comme un projet pilote, Éric Bourgault croit qu’il sera difficile de revenir en arrière.

«Au début, il y avait des incertitudes. Lorsqu’on leur a expliqué comment ça allait fonctionner, ils ont plus embarqué dans le projet. Je m’attends à ce qu’ils soient plus engagés dans l’entreprise à cause du nouvel horaire. Je pense que tout le monde y gagne», a indiqué celui qui détient une formation de récréologue de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

Les employés d’Eskair Aménagement travaillent dorénavant quatre jours par semaine. (Photo : Adrien Côté photographe)

Éric Bourgault a donné l’exemple d’un employé grand amateur de vélo de montagne qui a choisi de prendre ce jour de congé supplémentaire le mercredi pour profiter des stations de vélo de montagne pratiquement désertes. Un autre employé féru de camping avec sa famille prévoit déjà profiter du jour supplémentaire pour étirer ses séjours.

Accordant lui-même beaucoup d’importance à la qualité de vie en dehors du travail, Éric Bourgault souhaite s’entourer de gens qui adoptent aussi cette pensée au sein de son entreprise.

Bien qu’il soit parmi les premiers entrepreneurs de la région à adopter cet horaire de travail, Éric Bourgault estime que cette tendance est appelée à gagner en popularité. Cependant, il admet avoir dû déconstruire certaines idées préconçues sur la façon d’organiser le travail avant d’adopter la semaine de quatre jours.

«Quand j’en parle dans mon entourage, les gens ont toutes sortes de réactions. Ça met en contradiction des pensées quant à la productivité. On doit défaire ces idées-là, mais je ne suis pas prêt à dire que ce modèle conviendra à toutes les compagnies. Je me mets des les souliers de grandes entreprises de la région et, si j’étais à leur place, j’envisagerais ce modèle de travail. Je crois que ça pourrait être très engageant pour eux», a-t-il proposé.

Alors que les semaines de quatre jours en sont à leurs premiers balbutiements chez Eskair Aménagement, Éric Bourgault espère que cette mesure lui survivra au sein de son entreprise.

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