VOYAGE. La pandémie de la COVID-19 a particulièrement ébranlé l’industrie des voyages. Près d’un an après le début de la crise, les agences de voyages ont vu leurs revenus chuter drastiquement et ont dû s’adapter pour survivre. Malgré tout, on sent une pointe d’optimisme en vue de l’après COVID-19.
Chez Voyage Louise Drouin, le directeur général Christian Guillet anticipe un certain enthousiasme de sa clientèle pour les voyages, une fois que la pandémie sera terminée. «Dans notre clientèle, on s’attend un engouement parce que les gens vont avoir été arrêtés pendant un an et demi pratiquement. Ils vont vouloir voir du monde, jaser avec du monde et s’approcher des gens. C’est pour ça qu’on s’attend, fin 2021 ou au début de 2022 à un engouement de la clientèle. On est très positif malgré les difficultés qu’on doit traverser», a commenté M. Guillet.
Le directeur général s’attend aussi à ce que les gens voyagent moins, mais qu’ils seront mieux préparés lorsqu’ils voudront visiter un nouveau pays. «Ça va être moins le “fast food” du voyage. Les gens vont peut-être prendre le temps de choisir une destination, choisir un voyage, de regarder qu’est-ce qu’ils font au lieu que ça soit tout le temps expéditif. C’est sûr qu’avant la pandémie, l’industrie du voyage était à pleine capacité, comme l’industrie de l’aviation de passagers. Je crois qu’il va y avoir un ralentissement, mais les gens vont voyager différemment», a prédit Christian Guillet.
Ce dernier s’attend aussi à ce que les croisiéristes, les compagnies aériennes et les chaines hôtelières doivent procéder à des réorganisations pour s’adapter au nouveau contexte qu’aura imposé la pandémie. L’agence planifie déjà en vue de l’année 2023. Reconnue pour ses voyages de groupes organisés, l’entreprise se concentre sur des voyages qui se feront en plus petits groupes et dont l’encadrement pourrait être plus personnalisé en vue de la reprise de ses activités.
L’année 2020 n’a pas été de tout repos pour les agences de voyages. Du côté de Voyage Louise Drouin, Christian Guillet estime que l’entreprise a connu une baisse de 80% de ses activités durant l’année. L’entreprise, qui avait pris possession de ses nouveaux locaux, sur le boulevard Saint-Joseph, en janvier 2020, a dû réduire son nombre d’employés de 23 à sept salariés. «Après un an, on commence à être habitué avec la COVID. Nous nous sommes relevé les manches dès que ça a été possible de revoyager. Nous avons toujours respecté les conditions sanitaires et les ordres du gouvernement. On s’est vraiment concentré sur les voyages au Québec et au Canada», a expliqué Christian Guillet.
Virage technologique
Le Club Voyages Conseil de Drummondville a profité du ralentissement occasionné par la pandémie pour mettre à jour ses systèmes informatiques et passer à un mode sans papier. Une tâche qui aurait pu prendre plusieurs années, en temps normaux, a pu être réalisée en quelques mois.
«Ça nous a permis de faire beaucoup de ménage, ce qu’on n’avait jamais le temps de faire. On a pu travailler sur nos sites web et faire des mises à jour. Quand la machine va repartir, on va être rendu au sans papier. Tout sera numérisé et concentré dans nos serveurs informatiques. Je voulais le faire et je m’étais dit que je prendrais quatre ou cinq ans pour faire le virage. Là, il est fait», a annoncé fièrement Pierre Couture, président de l’agence. Il considère que cette réforme technologique permettra à son équipe d’être plus efficace à l’avenir.
Repartir en force
Pierre Couture s’attend, lui aussi, que les voyageurs soient au rendez-vous lorsque la pandémie sera chose du passé. «Quand ça va repartir, ça va repartir fort. Ce qu’on entend de nos clients, quand ils nous appellent, c’est que 90% d’entre eux ont hâte de faire des voyages. Aussitôt que les gens vont avoir un sentiment de sécurité, ils se remettront à voyager», a commenté M. Couture.
On s’attend aussi à ce que les façons de voyager évoluent lors de la relance. Il pourrait s’agir de la fin des voyages de groupes de 50 personnes et plus. «Il y a des choses qui ne reviendront pas tout de suite. Il faudra travailler différemment. Maintenant, on pense faire plus des choses autour de 10 personnes et des voyages privés. Les gens vont probablement décider de faire des voyages moins rapides et mieux contrôlés», a prédit Pierre Couture.
Le travail des agences pourrait alors être plus recherché par les voyageurs. «D’après moi, les agences de voyages vont être plus sollicitées. On a vu des situations de remboursement plus difficile sur le web déjà. Le rôle de l’agent de voyage est de conseiller, de préparer la personne. Tout ce qui est nomenclature, l’avant, le pendant, l’après, souvent, le conseiller en voyage, c’est son job de faire ça. Avec ce qu’on vit, les clients pourraient en demander plus aux agents qu’avant parce qu’il y a tellement d’informations à transmettre en ce moment», a renchéri M. Couture.
Cependant, Pierre Couture ne croit pas que l’ensemble des changements aux façons de voyager qui sont arrivés avec la pandémie resteront de façon permanente. «Je ne crois pas à ça quand on dit qu’on ne voyagera plus jamais. L’humain est comme la mémoire : une faculté qui oublie. Quand il y a eu les attentats du World Trade Centre, les gens ont voyagé encore plus par après. Je pense qu’il va y avoir des ajustements, il y a des choses qui vont changer au niveau de la protection, de la sécurité, de l’hygiène contre les virus. Voyager en avion avec un masque, je crois qu’on est pris avec ça pour un moment. Que le monde va arrêter de voyager, ça, je n’y crois pas. Quand tout sera replacé, ça va revenir comme c’était», a proposé Pierre Couture.
Malgré toutes les embuches qui ont apparu ces derniers mois, autant Christian Guillet que Pierre Couture demeurent optimistes quant à l’avenir de l’industrie du voyage. Ils sont confiants que l’envie de découvrir le monde reviendra en force une fois la pandémie terminée.