PATINOIRE. Dans chaque quartier, ou presque, on peut retrouver dans une cour arrière une patinoire construite par un père de famille pour la saison froide. Mario Dumoulin et Eric Timmons sont deux de ces papas qui mettent beaucoup de temps simplement pour voir leurs enfants s’amuser à l’extérieur.
C’est la passion du hockey qui a poussé ces deux pères à construire une patinoire. «Le secret pour garder une belle glace, c’est la passion. La toile et l’expérience aident beaucoup aussi, mais il faut que ça soit une passion. Moi, je le fais parce que j’aime ça, je le fais pour mes gars. Ma récompense, c’est quand mes fils l’utilisent, quand le petit voisin vient patiner, quand les amis viennent jouer au hockey. Ça me rend extrêmement heureux», a dit Mario Dumoulin, dont les fils ont, aujourd’hui, 14 et 18 ans.
«Pour garder une belle glace, il faut deux choses principalement, la passion et la patience. La passion parce qu’on fait ça pour les jeunes. Avec le confinement et tout, les enfants sont beaucoup à la maison. Ça fait en sorte qu’on se trouve des moments pour patiner à l’extérieur. L’objectif est vraiment de faire bouger les jeunes, surtout en temps de pandémie», a renchéri Eric Timmons, père de deux garçons de 7 et 8 ans.
Mario Dumoulin construit sa patinoire chaque hiver depuis 15 ans. «Je suis un passionné de hockey. Mon père construisait une patinoire quand j’étais petit. Quand j’ai eu mes garçons, aussitôt que mon plus vieux a pu mettre des patins, j’ai commencé à construire une patinoire chez moi. C’est une passion, c’est vraiment le fun, je sors le soir, je l’arrose et j’essaie de faire ça sur la coche», a expliqué Mario Dumoulin, dont le père a longtemps conduit la zamboni au Centre Marcel-Dionne.
Un peu frileux à l’idée de s’embarquer dans un projet de la sorte, Eric Timmons s’est laissé convaincre par des parents qu’il côtoyait au hockey de ses fils. «Au début, j’étais réticent à faire ça. Je me disais que c’était beaucoup de travail. Avec les informations qu’on m’a données et un groupe Facebook consacré aux patinoires, c’est de cette façon-là que j’ai parti l’idée de construire la mienne», a raconté le père de 38 ans, qui en est à un deuxième hiver avec une patinoire dans sa cour. Il ne regrette pas son choix alors que ses fils utilisent la glace jusqu’à deux fois par jour.
Beaucoup de travail
Construire sa propre patinoire demande beaucoup de travail. La préparation de la glace commence tôt à l’automne. Il faut d’abord installer les bandes et la toile qui recouvre le fond dès le mois d’octobre. Puis, lorsque les températures sont assez froides, c’est le temps de remplir la surface d’eau. Les deux pères évaluent qu’il leur faut quelques jours pour tout mettre en place même avec de l’aide d’amis et de membres de la famille. Afin d’étirer les heures d’utilisation en soirée, les deux patinoires possèdent aussi un système d’éclairage.
Mario Dumoulin récupère l’eau de sa piscine pour remplir sa patinoire par souci d’économiser la précieuse ressource. Juste avant que le gel ne s’installe, il envoie environ 50% de l’eau de sa piscine vers sa patinoire à l’aide d’une pompe. «Vers le début d’octobre, je transfère l’eau pour qu’au minimum, il y ait trois pouces partout. Ensuite la pluie et la neige ajoutent une couche. La patinoire a entre six et huit pouces d’épaisseur quand elle est utilisée», a expliqué M. Dumoulin qui est entrepreneur en isolation mécanique.
Ensuite, entretenir la glace durant les mois d’hiver demande une autre part de travail. La glace doit être arrosée à toutes les deux à quatre utilisations pour en assurer la qualité. Pour ce faire, les deux pères remplissent de grands conteneurs qu’ils déversent d’un coup sur leur glace afin de former la couche la plus égale et lisse possible.
L’ennemi de la glace
Eric Timmons, lui, dit être devenu accro à Météo Média à force de vérifier, tous les jours, les meilleurs moments pour entretenir sa glace et y surveiller les intempéries de la nature. «Quand il fait de belles températures, l’entretien ne prend pas tant de temps. Lorsqu’il y a une accumulation de neige ou du verglas, le temps augmente de beaucoup, beaucoup. Le découragement arrive, mais c’est là qu’on se rappelle qu’on fait ça pour les enfants», a relativisé celui qui est actuaire chez UV Assurance.
Même son de cloche pour Mario Dumoulin. La température peut rapidement devenir le pire ennemi de la patinoire. «La température est la plus grande difficulté qu’on aura durant la saison. Mais encore, la toile fusionnée, qui est installée sous la glace, m’évite énormément de tracas. Ça fait quatre ans que j’utilise la toile et c’est la clé. Je n’ai plus à recommencer ma glace dès qu’il fait plus chaud», a rapporté M. Dumoulin.
Mais au final, tout le temps et tous les efforts mis à la confection et l’entretien de ces glaces ne comptent plus aux yeux de ces pères de famille. «Ce n’est pas la plus grande ou la plus extraordinaire, mais je suis très fier de ma patinoire. C’est de voir le sourire et les yeux pétillants qu’elle donne à mes garçons. L’année dernière, quand mes garçons me demandaient si des amis pouvaient venir à la maison pour patiner, c’était une fierté pour moi. En plus, c’est une bonne initiative pour renforcer les liens familiaux», a partagé Eric Timmons.
Ces patinoires ont le don de rassembler les gens observe Mario Dumoulin. «Il y a une ambiance pas comme les autres. C’est une ambiance de compétition et de plaisir. On a beaucoup, beaucoup de plaisir sur ce carré de glace là», a commenté l’homme de 46 ans. En temps normal, la famille reçoit souvent des amis pour jouer au hockey bottine ou encore au shuffle board sur la glace.
Malgré tous les efforts ou les difficultés que représente l’entretien d’une patinoire, les souvenirs qu’elle crée en vaudront toujours la peine pour ces familles.