VOYAGE. L’industrie du voyage doit conjuguer avec un lot de difficultés en raison de la crise du coronavirus. Depuis environ quatre mois, les ventes sont inexistantes, ce qui force les différentes agences à se réinventer.
Le président du Club Voyages Conseil, Pierre Couture, est inquiet quant à l’avenir de son entreprise. Depuis le début du mois de mars, son agence n’a enregistré aucune entrée d’argent. «On se bat pour rester en vie et garder nos emplois, soutient l’homme d’affaires drummondvillois. On est huit personnes qui travaillent sur 35. En ce moment, on a mis les effectifs le plus bas possible. On paie le moins de choses possible. Si la situation ne change pas dans les quatre prochains mois, on ne sera plus là.»
Le problème? Les vols internationaux sont suspendus et les frontières sont toujours fermées. «Le gouvernement fédéral devrait ouvrir la frontière, pas nécessairement celle avec les États-Unis, mais le restant du monde. En Asie, il y a beaucoup de pays qui sont ouverts. À partir du 1er juillet, l’Europe ouvre aussi. Ils ouvrent là-bas, mais ça reste fermé ici», mentionne M. Couture, tout en dénonçant «l’inaction» des dirigeants politiques.
Les agences de voyages tentent de trouver des solutions, de peine et de misère. «On essaie de rentrer certains employés qui vont recommencer à faire des téléphones, rappeler les clients pour qu’ils puissent réutiliser leurs crédits pour l’automne et l’hiver prochain. Il faut que le gouvernement ouvre les frontières. Tant que le gouvernement n’ouvre pas les frontières, les assurances ne veulent pas assurer. Le client ne veut pas partir.»
«C’est sûr qu’on va sortir de cette crise-là avec une nouvelle façon de travailler. On n’aura pas le choix. Par contre, il faut réussir à passer à travers la crise et elle commence à être longue», avoue-t-il.
Voyager différemment
Chez Voyage Louise Drouin, le directeur général Christian Guillet se trouve dans la même situation. Les employés baignent dans la même incertitude concernant l’ouverture des frontières. Cette agence, spécialisée dans les circuits de groupe, a décidé de passer à l’action en offrant une nouvelle mouture de voyages, afin de découvrir la Belle province.
L’agence drummondvilloise a développé un circuit aux Îles-de-la-Madeleine. Les dates ont été lancées la semaine dernière et les forfaits se sont vendus «comme des petits pains chauds», certifie M. Guillet.
«On a trois voyages organisés d’une semaine aux Îles-de-la-Madeleine en avion. Notre premier départ, du 6 au 12 août, a été lancé lundi [passé]. Ça s’est vendu en quelques heures dans l’avant-midi. On a deux autres dates, la première au mois d’août et la deuxième au mois de septembre», explique-t-il.
Voyage Louise Drouin a dû adapter son offre. «Normalement, on faisait des voyages en autobus aux Îles-de-la-Madeleine. Avec les nouvelles normes de la santé publique, on ne peut plus faire ces voyages-là. Les groupes sont composés de 21 personnes maximum, avec des vols d’Air Canada qui vont directement aux Îles-de-la-Madeleine.»
Le circuit entier a été repensé. «Dans les restaurants, il n’y aura plus de repas de groupe. Les gens vont manger par couple ou par famille. Les visites aussi vont se faire de cette manière.»
Cette nouvelle option donne un second souffle à l’agence de voyages et à ses clients. «On est content parce qu’on est habitué de gérer des cas d’annulation. On tombe dans quelque chose d’intéressant, mentionne-t-il. Nos voyageurs étaient très contents de pouvoir partir en voyage et prendre l’avion, même s’ils restent au Québec.»
Quoi qu’il en soit, M. Guillet affirme que la crise actuelle remet en perspective la notion du voyage. «Le voyage avant la COVID était très démocratique. On prenait l’avion comme l’autobus. Maintenant, on va pouvoir voir le voyage comme un privilège d’aller découvrir. Les destinations vont être plus conscientes du tourisme de masse, comme Venise, Prague, Barcelone. Il y a beaucoup de villes qui étaient inondées de touristes. Est-ce qu’il va avoir une prise de conscience? Je pense que oui», conclut-il.