Des travailleurs essentiels gagnant moins de 2 000 $ par mois témoignent

Des travailleurs essentiels gagnant moins de 2 000 $ par mois témoignent
(Photo : Unsplash)

SALAIRE. Alors que de nombreuses personnes attendent de recevoir la Prestation canadienne d’urgence (PCU), des travailleurs qui oeuvrent dans une entreprise essentielle se disent offusqués, car ils gagnent en-deçà de 2 000 $ par mois. 

Hier, Justin Trudeau a annoncé la création de la PCU. Un chèque de 2 000 $ sera remis mensuellement, et ce pendant quatre mois, aux travailleurs ayant perdu leurs revenus à cause de la COVID-19. Des travailleurs, dont l’emploi fait partie de la liste des services essentiels, ont pris la balle au bond pour parler de leur situation.

«Ça fait deux ans que je suis éducatrice et j’ai étudié pendant trois ans pour décrocher mon diplôme. Je ne gagne pas 2 000 $ par mois. Donc le problème est que nos salaires ne sont pas assez élevés, lance Tanya Cassivi. Chaque année, on négocie pour changer cela et le gouvernement ne fait pas grand-chose».

Malgré la pandémie, cette dernière doit se rendre au travail. «On accueille les enfants de parents qui ont un travail essentiel. Je dois sortir de chez moi et prendre des risques, vu la situation», fait-elle savoir. Selon l’éducatrice de Drummondville, plusieurs de ses collègues, en particulier celles qui ont des enfants, sont stressés d’aller au travail. Elles ont peur de contaminer les membres de leur famille.

Tanya Cassivi espère grandement que la mesure financière annoncée par le gouvernement du Canada constituera un argument de taille lors de la prochaine négociation salariale avec son employeur.

Par ailleurs, un article publié dans Le Soleil rapporte que «des syndicats de préposés aux bénéficiaires ont reçu des appels de leurs membres qui ont calculé qu’ils seraient mieux rémunérés s’ils restaient à la maison». Le problème surviendrait surtout dans les résidences privées, alors que les préposés aux bénéficiaires sont payés 13 $ ou 14 $ l’heure.

Une préposée aux bénéficiaires, œuvrant à Drummondville, a une opinion tout autre sur le sujet. Elle ne s’indigne pas de voir que certains auront droit à un chèque de 2 000 $, et ce, même si elle doit continuer à se présenter au boulot. Celle-ci a préféré garder l’anonymat, par crainte de se faire «jeter des tomates par la tête».

«On a fait le choix de travailler en santé. Personne ne nous oblige à y rester. Quand on travaille dans ce domaine, on le sait qu’il peut y avoir des risques… Certains plus grands que d’autres. Est ce qu’on peut laisser l’argent à ceux qui n’en auront pas pour un certain temps? Est-ce qu’on peut laisser le gouvernement gérer la crise ? Est-ce qu’on peut être reconnaissant d’avoir un travail, une paie et la chance de sortir de la maison ?», s’exprime-t-elle, en ajoutant que «sa façon de voir les choses déplaira certainement à plusieurs».

«Tant mieux pour ceux qui pourront nourrir leur famille avec ces 2 000 $», ajoute-t-elle.

François Legault à la rescousse?

Vendredi, lors de sa conférence de presse quotidienne, François Legault s’est adressé à ceux qui gagnent moins de 2000 $ par mois et qui doivent continuer de se présenter au travail.

«Je peux comprendre que ça peut paraître injuste. J’ai demandé au ministre des Finances de trouver une manière de vous compenser. Donnez-moi un peu de temps. Mais je le dis à ceux qui continuent de travailler et qui font moins de 2000 $, on va vous compenser. On va annoncer une mesure dès qu’on sera capable de la mettre en place», a-t-il souligné, sourire aux lèvres.

La veille, le premier ministre du Québec a également rappelé que la PCU annoncée par Justin Trudeau est «une mesure temporaire».

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