SANTÉ. À l’image des autres régions de la province, la Mauricie et le Centre-du-Québec affichent une augmentation de l’effectif infirmier, révèlent les plus récentes données de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ). Une hausse qui contraste avec la pénurie de personnel qui sévit dans le réseau de la santé.
La croissance enregistrée est supérieure à la moyenne provinciale. De fait, le Québec compte 82 381 infirmières actives avec un permis d’exercice régulier, représentant une augmentation de 2,93 % par rapport à l’année précédente. Toutefois, la Mauricie et le Centre-du-Québec se démarquent avec un taux de 7,30 %, pour un total de 4441. Différents facteurs peuvent expliquer cette progression, d’après Luc Mathieu, président de l’OIIQ.
«On peut l’interpréter de plusieurs façons, indique-t-il. Peut-être y a-t-il davantage de besoins ou plus de diplômés locaux qui choisissent de rester dans la région? Aussi, il y a peut-être des gens qui avaient arrêté de pratiquer et qui ont réintégré la profession. Quoiqu’il en soit, il s’agit d’une bonne nouvelle pour la région. Disons que ça envoie un signal positif. Maintenant, il faudra voir dans le futur si cette croissance va se maintenir.»
Sur les 82 381 infirmières, 4861 demeurent sur le territoire. De ce nombre, 605 ont choisi d’aller pratiquer dans une région.
Temps complet et spécialisation
Alors que 70,81 % des infirmières québécoises occupent des postes à temps complet régulier, la Mauricie et le Centre-du-Québec affichent un taux légèrement plus bas, soit de 65,30 %. Cette donnée pourrait refléter une prévalence de postes à temps partiel ou temporaires dans la région.
«Est-ce que les plus jeunes ont tendance à travailler davantage à temps partiel qu’à temps complet? Je ne le sais pas, car on n’a pas ces données», soulève M. Mathieu.
En termes de spécialisation, on recense 117 infirmières praticiennes spécialisées (IPS) dans la région, avec un taux de croissance de 5,41 %, en deçà de la moyenne provinciale de 9,89 %.
Par contre, avec 56,14 % des effectifs de la région titulaires d’un baccalauréat en sciences infirmières ou d’un diplôme de cycle supérieur, la Mauricie et le Centre-du-Québec montrent un taux de qualification supérieur à la moyenne provinciale (54,65 %).
«La hausse des IPS et des infirmières cliniciennes vient avec l’augmentation de la complexité des soins. Une majorité des étudiants en soins infirmiers au collégial poursuivent maintenant leurs études à l’université. On parle de 60 %. C’est une bonne nouvelle pour la population, mais aussi pour l’Ordre, car on insiste beaucoup auprès de nos membres afin qu’ils poursuivent leur développement professionnel», expose le président de l’OIIQ.
Par ailleurs, l’âge moyen de l’effectif en emploi est de 41,9 ans, un chiffre identique à la moyenne provinciale.
«On l’a vu dans toutes les régions au cours des dernières années, il y a eu un rajeunissement des membres», indique Luc Mathieu.
Parmi les 74 nouvelles recrues dans la région cette année, 29,73 % travaillent à temps complet, comparativement à une moyenne provinciale de 58,74 %.
Le défi de la rétention
Dans l’ensemble, le secteur infirmier demeure dynamique et attractif en Mauricie et au Centre-du-Québec. L’OIIQ reste optimiste quant à la capacité de la profession à attirer des candidats motivés et bien formés. Toutefois, comme le souligne M. Mathieu, attiser l’intérêt pour la profession n’est qu’un premier pas; il est essentiel de garantir des conditions de travail qui favorisent la rétention à long terme des nouvelles recrues, notamment par l’entremise du soutien clinique assuré par des infirmières d’expérience.
«Ça fait plus de 10 ans que l’effectif infirmier augmente partout en province. Mais en même temps, on vit des situations de pénurie dans le réseau de la santé. Comment ça se fait? On n’a pas toutes les réponses à ça. Il peut avoir des hypothèses, mais moi ce que je dis, c’est bien de se réjouir de l’attractivité des jeunes, mais ce n’est pas tout de les attirer, il faut les garder. On entend par soutien clinique des infirmières d’expérience qui ont de l’expertise et qui peuvent accompagner les jeunes, mais aussi des infirmières expertes dans des domaines de soins précis puisque les soins se sont beaucoup complexifiés. Il faut que le réseau investisse là-dedans si on veut redresser la barre», insiste-t-il en terminant.