MAGAZINE. Ayant grandi sur une ferme bovine et y ayant travaillé auprès de ses parents, Jonathan Lehouiller n’a surpris personne lorsqu’il a choisi d’exercer la médecine vétérinaire. Depuis cinq ans, il est à la tête de DMV GenetiQ, la seule entreprise canadienne qui peut exporter de la semence de taureaux en Europe.
Durant sa jeunesse, Jonathan Lehouiller s’est rapidement découvert une passion pour les animaux. Sur la ferme laitière, puis bovine, en Abitibi-Témiscamingue, il observait chaque fait et geste du vétérinaire lorsque celui-ci venait donner des soins sur place.
«J’ai toujours vécu sur une ferme. Mon but en rentrant en médecine vétérinaire était de travailler avec les bovins. Je me souviens lorsque j’avais 12 ans, je voulais absolument observer le vétérinaire. J’avais un intérêt fort. À cet âge-là, je voulais déjà faire ce métier», raconte le diplômé du doctorat en médecine vétérinaire de l’Université de Montréal en 2013.
Dès sa sortie des bancs d’école, le Dr Lehouiller constate que peu de vétérinaires québécois offrent de tester les taureaux reproducteurs à la ferme. Ainsi, il intègre, peu après, la Clinique vétérinaire Centre-du-Québec en 2015, dont il est maintenant co-propriétaire et où il a offert ces services.
Dès l’année suivante, il amorce la récolte de semences à la ferme alors qu’il est le seul, à ce moment, à posséder ce permis dans la province. Voyant la demande grandir et le désir des producteurs à vendre la semence de leurs meilleurs animaux, Jonathan Lehouiller prend la décision de lancer son entreprise.
C’est ainsi qu’à l’automne 2018, les travaux de construction du premier bâtiment de DMV GenetiQ à Saint-Germain-de-Grantham sont lancés. Il a accueilli ses premiers taureaux au printemps suivant, mais, rapidement, l’espace s’est mis à manquer. L’édifice a été agrandi et l’entreprise a fait l’acquisition d’autres locaux afin d’accueillir les taureaux.
Statut unique
Aujourd’hui, DMV GenetiQ s’est fait une place de choix dans le marché canadien. L’entreprise est la seule au Canada à pouvoir exporter de la semence dans l’Union européenne. Au total, elle compte des clients dans environ 25 pays, dont les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, et bien entendu le Canada.
DMV GenetiQ a aussi investi dans l’installation d’appareils qui permettent de sexer la semence, soit de séparer les spermatozoïdes mâles et femelles. À l’heure actuelle, les neuf appareils sont en fonction de 6 h le matin à minuit le soir cinq jours par semaine pour un rythme de 800 à 900 doses produites par jour et 500 000 par année. Bientôt, l’entreprise souhaite augmenter la cadence à 24 h sur 24 et sept jours sur sept.
En cinq ans, l’entreprise a fait beaucoup de progrès relate son cofondateur. Au départ, il effectuait des collectes sur des taureaux deux jours par semaine en compagnie de deux techniciennes animalières. Aujourd’hui, une trentaine de personnes travaille pour l’entreprise, dont sept à temps plein pour les soins et la collecte des taureaux et une quinzaine dans les laboratoires.
«Notre croissance des cinq dernières années ne m’a pas surpris, mais elle m’a rendu enthousiaste. J’ai toujours cru au projet. À le refaire, je ne changerais rien, mais je bâtirais toutes nos installations immédiatement. Cependant, je pense que ça fait partie du fait d’être une start-up de ne pas mettre autant d’argent au démarrage sans savoir ce que sera le marché», relativise le Dr Lehouiller.
DMV GenetiQ n’a pas fini sa croissance avance Jonathan Lehouiller. Ses clients prennent aussi de l’expansion et on souhaite répondre à leurs demandes grandissantes. D’ailleurs, les actionnaires, la Dre Roxane Rémillard et le Dr Lehouiller, ont vendu des parts de l’entreprise au plus important client, Blondin Sires, qui aide à la distribution de la semence à l’international.
«Les agriculteurs bovins nourrissent la planète. C’est une production économique immense. Au Canada, il y a environ trois millions de vaches à boucherie et un million de vaches laitières. D’ici 2050, il faudra que nous en produisions en tabarouette des bœufs, du lait, du porc et du poulet pour nourrir la population au rythme qu’elle augmente. Pour y arriver, il faudra sélectionner les meilleurs animaux pour améliorer la génétique lors de la reproduction», expose Jonathan Lehouiller.
Fait intéressant, les lettres «DMV» de DMV GenetiQ n’ont aucun lien avec Drummondville. Il s’agit plutôt de la dénomination utilisée pour identifier les doctorants en médecine vétérinaire.