MAGAZINE. Le jeu de rôle sur table Donjons et Dragons (D&D) célèbre cette année ses 50 ans d’existence. Une joueuse originaire de Drummondville a invité L’Express Magazine à en apprendre plus sur sa connexion avec le célèbre jeu à l’univers fantastique.
Geneviève Béliveau a découvert le jeu de rôle lors de son adolescence.
«La première partie que j’ai jouée c’était quand j’avais 16 ans et elle a duré quatre à cinq ans. C’est un ami d’enfance qui me l’a fait découvrir en m’invitant à venir y jouer avec ses amis. J’ai adoré ça! Depuis, j’ai continué et j’ai joué à plein de jeux similaires à D&D», débute-t-elle.
Dans D&D, chaque joueur crée un personnage pour le représenter dans le jeu. Le groupe décide quels seront les objectifs à atteindre durant l’aventure. Avec l’aide du maître du donjon (ou le game master), les joueurs créent ainsi leur propre histoire saupoudrée de nombreuses péripéties.
Actuellement, Geneviève Béliveau poursuit une aventure avec un petit groupe de joueurs depuis trois ans. Chaque partie est différente de la précédente et certains participants, dont elle, se prêtent même à l’exercice du role playing [NDLR : une pratique qui consiste à adopter la personnalité du personnage que le joueur se crée pour la campagne].
«Si certains vont préférer l’aspect statistique du jeu, d’autres joueurs vont vraiment personnifier leur personnage et vont intégrer sa personnalité à la manière qu’ils vont jouer. Par exemple, si quelqu’un joue un vieil homme un peu sourd, il va demander aux autres de répéter plusieurs fois une information», illustre la Drummondvilloise.
Comme l’explique le maitre du donjon du groupe, Maxime Michaud, une campagne de D&D peut aller d’une seule partie à plusieurs années. «Tous dépendent des gens assis autour de la table, de leur volonté de continuer la partie et de la qualité de l’imagination du game master. Il faut normalement autour de cinq joueurs pour avoir une bonne dynamique», souligne-t-il.
Créativité et communauté
À 39 ans, Geneviève Béliveau adore toujours l’aspect créatif qu’elle retrouve lors de chaque séance de jeu. «Pour moi, Donjons et Dragons c’est l’occasion de vivre plein d’aventures en incarnant une autre personne», explique-t-elle.
Eliane est le personnage fictif dont la joueuse reprend les traits de personnalité durant ses parties. «Elle est facile à jouer parce qu’elle me ressemble un peu. Elle est têtue et ne veut pas trop se casser la tête. Eliane est à la fois une projection et une partie de moi», décrit-elle.
Pour la joueuse trentenaire, l’autre aspect du jeu de rôle sur table qu’elle admire est le rassemblement de plusieurs gens de différents horizons. Elle adore retrouver à chaque deux semaines son groupe de personnes composé de son mari et de bonnes connaissances.
«Il y a du monde venant de plein de professions et de statuts sociaux qui jouent à D&D. On joue et évolue ensemble et c’est d’autant plus plaisant de voir comment nos personnages évoluent au fil du temps», constate celle qui travaille dans le milieu communautaire au quotidien.
«C’est aussi un peu comme une pièce de théâtre où les joueurs sont les acteurs de l’histoire et le game master est le metteur en scène guidant les joueurs au fil de leur aventure», enchaine-t-elle.
Démocratisation
Geneviève Béliveau estime qu’il existe des communautés de D&D dans toutes les villes du Québec, même ici à Drummondville. Tout comme ses collègues de jeu, elle remarque que son passe-temps connait une recrudescence dans l’imaginaire collectif, que ce soit grâce à la série Stranger Things ou d’autres émissions comme Critical Role.
Maxime Michaud croit que les clichés et préjugés sur les joueurs de D&D ne sont plus d’actualité aujourd’hui. Un avis que partage la joueuse Marilou Caron. «Je pense que c’est faux de croire qu’on est tous des ermites vivant chez nos parents. On est tous des geeks qui restent très impliqués dans la société», affirme-t-elle.
De son côté, la joueuse Mélina Jones rétorque en faisant allusion à la stigmatisation que peuvent avoir des gens lorsqu’elle leur mentionne jouer à D&D. «C’est pourtant un jeu de société comme un autre. Si tu fais une soirée de jeu de société, ça passe très bien, mais du moment que tu dis Donjons et Dragons, tu te fais regarder bizarrement», s’indigne-t-elle.
«Je trouve ça dommage. Je pense que c’est à cause du fait que les gens ne connaissent pas très bien le jeu. D&D permet de travailler la créativité, l’imagination et la visualisation dans l’espace 3D. Même si parfois je ne comprends rien à ce que je fais, ça ne m’empêche pas d’avoir du plaisir», témoigne celle qui y joue avec son mari et sa fille.
Geneviève Béliveau croit que D&D est aussi un loisir qui se transmet de génération en génération. Même si la majorité de ses aventures ne se sont jamais réellement terminées, la joueuse continuera de retrouver son groupe actuel tant que le plaisir sera au rendez-vous.